Imprimer
Catégorie : Culture
Publication :
 Défilé haut en couleur au Grand Hôtel de Diego Suarez
Défilé haut en couleur au Grand Hôtel de Diego Suarez

Quinze ans passés dans le stylisme et vingt ans dans le monde de la mode à Madagascar, Raman âgé de quarante ans est devenu un styliste influent, reconnu dans le monde de la haute couture.

«  Pour une mode portable », «  pour un échange des régions à Madagascar », Raman, de son vrai nom Mandresy Razafindrakoto, impose aujourd’hui son style dans le monde de la haute couture. Un style que celui-ci imagine « participatif » à l’évolution de la société malgache. Nous l’avons rencontré lors de son dernier défilé haut en couleur « Beautiful people » qui s’est déroulé le vendredi 1er novembre au Grand Hôtel de Diego.

Tribune de Diego : Quel est ton parcours ?
Raman : Dans ma jeunesse, j’ai commencé en France vers 22-23 ans par être mannequin. J’ai tellement aimé ça que j’ai créé une association de mannequins. Ensuite, tout s’est enchainé, cours de couture, et prix du jeune créateur en 1999 qui m’a lancé. Un concours organisé par l’Ambassade de France m’a récompensé d’une bourse décernée par la chambre syndicale de la couture. Puis, je suis revenu à Madagascar. Je travaille maintenant dans différents villes de part le monde comme à Milan ou Bangkok.

Tribune de Diego : Qu’est ce qui t’a amené au monde de la création ?
Raman : Ma mère. Elle aimait les patchworks, c’est certainement ce qui m’a plu (rire). Elle confectionnait des couvres lit, des tissus avec des assemblages de couleurs. Je crois qu’elle m’a donné le goût de la création.

Tribune de Diego : Peux tu nous décrire tes différentes étapes de création?
Raman : Il y a plusieurs étapes : Tout d’abord, il me faut de « l’inspiration », une couleur, une matière peuvent surgir d’une musique (Texas, par exemple), d’une silhouette. C’est du feeling ! Ensuite, c’est le temps du « dessin » où il faut mettre à plat ce qui est encore qu’une abstraction. Puis, nous faisons le choix précis des couleurs et des matières qui composeront les créations. Enfin, arrive le moment de « la coupe ». Pour cela, je me sers d’un mannequin afin de couper autour de celui-ci. Pour les bustiers, par exemple. Parfois, il m’arrive aussi de faire des coupes à plat. La dernière étape, « l’assemblage » se réalise grâce à huit personnes vraiment compétentes qui m’aident en permanence. Il faut savoir que j’ai commencé au départ avec deux personnes seulement. En France par exemple, le créateur JP Gaultier utilise jusqu’à 25/28 personnes. Je suis un créateur plutôt qu’un technicien d’assemblage. Ce côté technique ne me passionne pas. Chacun son métier.

Tribune de Diego : Tes inspirations de créateur ?
Raman : Je pense surtout à Alexandre Vauthier. J’adore le choix de ses couleurs, son style, ses silhouettes. Quant à moi, je suis pour une mode portable, pour un prêt à porter de luxe. En général, je fabrique des prototypes qui restent dans le temps et seront reproduits à « l’infini ». Il faut se dire que la haute couture n’est jolie que sur le podium. Il me semble qu’il est préférable qu’une femme ou un homme se rendent à un mariage avec un style qui leur va bien…

Tribune de Diego : Souhaites tu ainsi une haute couture plus populaire ?
Raman : Je souhaite élargir le marché de la mode dans un sens commercial. Les malgaches sont très tournés vers les exemples européens, ainsi que la mode asiatique. Rendre la mode malgache populaire, oui ça me plait cette idée !

Tribune de Diego : Pourquoi «  Beautiful people », le titre de ta dernière création ?
Raman : Ca parle de bien être, d’une ouverture d’esprit malgré la crise. Au fond, les gens veulent être beaux. Mon ambition dans ce projet est de montrer qu’il n’y a pas que la pauvreté à Madagascar. Il vise aussi à sortir la mode de Tana et d’aller à la rencontre des provinces, d’entendre les gens des provinces. Nous sommes allés ou irons à Fort Dauphin, Diego Suarez, Mahajanga, Tamatave et Saint marie. Il faut créer un échange. A chaque fois j’amène mon équipe technique et mes mannequins soit vingt personnes environ (huit mannequins ainsi que la chanteuse Bodo suivent la tournée). A chaque fois, je choisis quatre ou six mannequins différents pour représenter chacune des régions traversées. Il se produit entre les mannequins de Tana et ceux des autres régions, un échange d’expérience même si cet échange n’est pas si évident. Ils sont amenés à composer ensemble.

Tribune de Diégo : Peux tu nous en dire un peu plus sur ta tournée ?
Raman : Nous passerons par toutes les villes de Madagascar que je viens de citer, puis Paris en février 2014. Je ne vais pas à Paris dans l’idée d’y être repéré mais plutôt pour rencontrer la diaspora malgache. C’est l’occasion de leur présenter mes différentes créations. Je ne cherche pas à être Dior (éclat de rire). Simplement exister ; avoir ma petite part de marché. Toutefois, reconnaissons que Paris reste le berceau de la mode.

■CB