Les nouvelles technologies de l’information et de la communication gagnent de plus en plus de place éclipsant souvent les autres outils d’acquisition et de développement de connaissance comme les livres. Nous avons remarqué tout de même que des parents et enseignants résistent et poussent les enfants et les jeunes à lire.
A 3 ans, Julio sait allumer l’ordinateur de son père, rechercher le disque et le dossier où se trouve ses dessins animés. Il fait son choix et double clique sur le fichier et s’installe confortablement pour regarder. Sa mère tout en riant nous dit que dans son enfance, une telle chose était impossible à imaginer. Elle se désole tout de même que son fils n’ait pas la même rapidité pour choisir et feuilleter un livre. Le Pr Barthélemy Vaohita, président de l’Alliance française d’Antsiranana trouve que notre société est en phase de transition et de mutation : dans le passage de la lecture d’un livre que l’on feuillette à l’acquisition de savoirs via les technologies.
Pourtant, l’accès au livre n’a jamais été aussi facile comparé à il y a vingt ans. Nombreux sont les établissements scolaires qui ont des bibliothèques, sans parler des lieux ouverts au public comme la bibliothèque municipale, le hall d’informations, l’Alliance française, etc. En plus, parmi les friperies, l’on retrouve des livres à moindre prix. Soit des centaines de milliers de livres à la disposition de la population antsiranaise.
Encourager la lecture
Malgré l’avancée des nouvelles technologies et la vitesse à laquelle les enfants s’habituent à leurs utilisations, nombreux sont les parents à Antsiranana qui encouragent leurs enfants à la lecture sans parler des écoles et des enseignants qui trouvent inimaginables un enseignement et une éducation sans livres qu’ils soient de distraction ou pédagogiques. « J’ai beaucoup appris en lisant, je retiens les mots, je mémorise mieux les récits et les histoires… les écrivains ont cette capacité incroyable de nous faire vivre les évènements comme si nous y sommes » explique un père de famille qui dépose sa fille à la bibliothèque de l’Alliance française et qui veut l’habituer à la lecture. Dans le même objectif, des établissements scolaires emmènent leurs élèves en visite à la médiathèque pour créer une curiosité face aux livres et les encourager à lire. Lors de la première visite, les responsables expliquent aux enfants ce que c’est qu’une bibliothèque, puis l’objet de la visite varie selon le niveau de classe. Pour les tous petits, c’est-à-dire ceux de la classe maternelle, des histoires leur sont racontées soit par la lecture soit par les mimes. Pour les élèves de CM, ils apprennent comment est constitué un livre, les appellations des diverses parties d’un livre, comment les classer et les ranger sur les étagères. A partir de ces visites de classes et selon la motivation des parents, une adhésion collective des élèves est possible, chaque élève paye 4 000 ariary si le tarif de l’adhésion unique est de 6 000 ariary. Convaincues de l’importance de la lecture dans l’éducation des jeunes et des enfants, des associations apportent leurs appuis pour l’adhésion collective des collégiens d‘établissements publics.
Avant de travailler à l’Alliance française d’Antsiranana, Sylvia Raveloharison, responsable de la médiathèque était professeur de Français au lycée technique. Elle souligne qu’il y a une différence notoire entre les élèves qui aiment lire et ceux qui ne lisent pas, que ce soit au niveau de la culture que de la pratique de la langue. « Les enfants qui lisent utilisent des expressions pertinentes » ajoute-t-t-elle. Fille du grand écrivain Raveloharison Bernard et ayant donc pris goût à la lecture dès sa plus tendre enfance, Sylvia Raveloharison avance que la lecture débute par la curiosité puis « l’habitude crée la passion ». Pendant ces dix dernières années passées à la médiathèque de l’Alliance française, elle a à maintes reprises eues l’occasion de confirmer cette contribution de la lecture à la réussite scolaire. Le Pr Barthélemy Vaohita qui est lui aussi passionné de livres soutient que « la lecture enrichit l’écriture ».
Une « culturethèque » à l’Alliance française au mois de juin
De janvier à décembre 2013, plus de 580 écoliers et collégiens ont leurs cartes d’accès à la médiathèque de l’AF d’Antsiranana. C’est le mercredi que le maximum de visite est enregistré, soit une centaine. Viennent ensuite l’après-midi de vendredi et la matinée de samedi. Durant ces journées, les rayons de la section Jeunesse sont presque vides. Les livres de l’Alliance française sont obtenus grâce à des dons et à son budget d’acquisition. 300 livres qui arriveront au mois de mars enrichiront les rayons de la bibliothèque. Le directeur de l’Alliance française d’Antsiranana avance par ailleurs l’ouverture d’un espace multimédia en juin. Six ordinateurs seront connectés à Internet, l’accès sera gratuit pour les membres qui bénéficieront de cours d’initiation à informatique, pourront effectuer des recherches documentaires voire même avoir accès à une plateforme numérique « culturethèque » où une dizaine de milliers de livres sont consultables, des films, ainsi qu’une partie des journaux français.
■V.M