Demain sera l’ouverture officielle du festival Libertalia et le 510è anniversaire de la découverte de la baie de Diego.
Des spectacles et un carnaval, des combats de moraingy et des compétitions sportives sont au programme, mais malheureusement peu de gens savent vraiment ce que c’est que le Libertalia alors que c’est ici, à Antsiranana que l’histoire se serait déroulée.
Les passionnés d’histoire des pirates de Madagascar sont surtout des Européens. Tandis que le capitaine Charles Johnson, dans son livre « General history of the Pyrates » relate la « légende » du Libertalia, le représentant du FMI Pierre Van Den Boogaerde, lui, soutient l’idée que le Libertalia ait pu réellement exister et ce n’est pas qu’une légende.
Du XVIe au XVIIIe siècle, Madagascar a été abandonné successivement par les Portugais, les Anglais et les Français. Ces derniers ont été chassés de l’île par les Antanosy de Fort-Dauphin en 1672, et ce malgré la proclamation de la souveraineté française sur l’île et leur succès commercial (avec le Commis de la Compagnie des Indes orientales, Etienne de Flacourt). Les baies de Diego et d’Antongil, l’île Sainte Marie devinrent alors les repaires des pirates, un lieu bien abrité et stratégique puisque les navires qui transitaient non loin d’eux revenaient des Indes et étaient remplis de richesses.
Selon, Julien Durup dans « A short seafaring Adventures and Conflicts in the Indian Ocean, 1405-1811 », le prêtre italien Caraccioli et le Français Misson seraient à l’origine du Libertalia. Aux alentours de 1695, ils auraient embarqué ensemble à bord du « Bijou » depuis les Comores pour Madagascar. En découvrant la baie de Diego, ils auraient eu l’idée de créer un lieu où chacun pourrait vivre librement, sans distinction de couleur ou de noblesse. Les pirates vécurent dans l’égalité et dans le confort matériel puisqu’ils s’entraidaient pour l’attaque des bateaux marchands. Ceux qui arrivèrent en ce lieu furent bien accueillis et bien traités, comme ce fut le cas de Thomas Tew. C’était donc un véritable état démocratique fondé sur un principe : chaque individu est l’égal de son prochain. Leur serment était : « Pour Dieu et la Liberté, tous frères et tous égaux ». La république du Libertalia aurait pris fin vers 1730, les libértaliens n’ont pas pu résister à l’attaque de milliers de guerriers autochtones. En fait, ils n’ont pas pensé que l’attaque proviendrait de la terre car les canons étaient orientés vers la mer.
Que le Libertalia ait effectivement existé ou qu’il ne soit qu’une légende racontée par un très bon écrivain qu’est Charles Johnson(en 1724), il est intéressant de constater que l’idée de république et d’égalité entre les individus ait été découverte un siècle avant la Révolution française. Les flibustiers seraient donc les précurseurs des principaux changements politiques du XVIIIe et du XIXe siècle.
Pour Antsiranana, nous espérons que cette deuxième édition du festival Libertalia ne sera pas que 5 jours de fête, qu’elle incitera les jeunes à connaître un peu plus l’histoire de leur ville. De plus, la commune veut y apporter un peu plus d’innovation tournant autour des valeurs de la société antsiranaise : histoire, éducation, environnement, culture.
V.M