De père d’ascendance vietnamienne et de mère malagasy et vietnamienne, Truong Huu kha Judiane, dite Rijade, est une artiste originaire de Nosy Be dont le talent commence à dépasser les frontières. Rencontre
LTdS : Peux tu nous parlez un peu de toi et de ton parcours ?
Rijade : Je chante depuis toute petite : mes oncles sont musiciens ; avec mes cousins on chantait souvent à la maison accompagnés par nos oncles. J'ai écrit et interprété ma première chanson en 2008. J'écris et je compose moi-même. Je joue un peu de piano. J'ai créé mon groupe en 2010. J'ai sorti trois albums : le premier s’intitule « pardonne-moi », le deuxième, « les filles de Nosy be » et le troisième « Fitiavagna secret ». Le prochain est prévu pour la fin de l'année 2015.
LTdS : Tu as déjà des clips en circulation ?
Rijade : Une vingtaine de clips sont déjà disponibles et en circulation, et je prépare actuellement les prochains avec mes collaborateurs.
LTdS : As-tu tes propres musiciens ou tu travailles avec des professionnels d'une façon ponctuelle ?
Rijade : J'ai des musiciens, j'ai deux sortes de prestations à proposer: avec mes musiciens ou alors avec un dj. Il y aussi deux garçons qui chantent avec moi, toujours présents à tous les concerts, c'est Basta Lion et Ludo. Jusqu'ici c'est mon cousin qui me fait mes instrumentaux, prise et mixage de son, et mes clips aussi. On s'est surtout amusé pour faire tous mes clips mais rien de professionnel encore.
LTdS : Tu comptes faire une carrière plus internationale ou tu vises particulièrement Madagascar et l’Océan Indien pour le moment ?
Rijade : Je n’en ferai pas mon métier. Pour moi, la musique c'est plutôt une passion, et je verrai bien où ma passion m'emmènera.
LTdS : Quels ont été tes meilleurs souvenirs en tant que chanteuse et quels ont été les pires moments de ta carrière d'artiste ?
Rijade : Mes meilleurs souvenirs ce sont toutes les fois où je suis sur scène et que le public se met à chanter avec moi. Je trouve cela très beau qu'ils chantent ce que j'ai écrit, et ma tournée à Majunga m’est restée inoubliable. Nous avons été accueillis avec vraiment beaucoup d'amour, et le public a été très chaleureux. Les pires moments c'est quand on a affaire à des organisateurs qui manquent de professionnalisme. Les sons sont massacrés et parfois c’est tout l’ensemble du spectacle ou de la tournée qui devient plus compliqué que prévu.
LTdS : Comment tes proches réagissent au fait que tu sois une personne très connue ?
Rijade : Ma mère a toujours été derrière moi, elle m'encourage dans ma passion ; toute ma famille a l'air fière de ce que je fais et mes amis réagissent plutôt bien. D’ailleurs, c’est même un peu pour ça que j’ai le courage de continuer (rires).
LTdS : Que penses-tu de la qualité des productions musicales de la jeunesse malagasy aujourd'hui ?
Rijade : Pour la qualité musicale des autres jeunes, je ne sais pas trop quoi dire, mis à part le fait que les jeunes Malagasy ont du talents, mais la qualité de nos produits (j’en fais partie aussi, de cette jeunesse) pourraient être meilleure si nous prenions plus de temps pour nous consacrer au fond et à la forme, et si nous disposions de plus de soutiens de la part du ministère de la culture et des personnes ou organisations ayant les moyens .
LTdS : Et si tu ne fais pas de la musique en permanence, à quoi passes-tu les autres moments de ta journée ?
Rijade : A Madagascar j'étais dans l'hôtellerie, je gérais notre hôtel avec mon compagnon. ça ne fait pas longtemps que je réside en France, donc pour le moment je m'installe comme il faut, et après je chercherai quelque chose dans le secteur de la communication. En résumé, je travaille et m'occupe de ma famille.
LTdS : As tu beaucoup de contacts et de propositions de collaboration avec les artistes malagasy, de Diego ou d'ailleurs ?
Rijade : Mon père a organisé beaucoup d'évènements avec plusieurs artistes Malagasy, donc on peut dire que j'ai grandi en les côtoyant : Jaojoby, Thominot Hazolahy, Wawa, Olombelo Ricky, Fandrama, Vaney's... Et aussi beaucoup de jeunes, surtout issus des régions nord et est de Madagascar. Avec JiorShy par exemple, pour n’en citer qu’un.
LTdS : A un jeune malgache qui rêve de devenir chanteur ou de travailler dans le secteur artistique, quelles sont les trois choses les plus importantes que tu lui dirais ?
Rijade : Mes trois premiers conseils seraient qu’il faut déjà aimer ce que l’on fait parce que quand on aime on réussit plus facilement. Si ce jeune est encore étudiant, je l'encouragerai surtout à aller au bout de ses études avant quoi que ce soit. Et mon troisième conseil, c'est faire des chansons pas trop compliquées pour toucher le plus de public possible, pour que les tout petits puissent les chanter facilement, par ce que ce que les enfants chantent s'éparpille à une vitesse…
LTdS : Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Rijade : Ce que je voudrais communiquer ce sont nos prochaines dates : au Donia de Nosy Be en mai, ensuite Tananarive et à La Réunion début juin.
■ Propos recueillis par Luis K.