Elie Cynthia ou Razafimanfimby Aurélie Cynthia pour l’état civil est une chanteuse de rythme tropical
Elie Cynthia ou Razafimandimby Aurélie Cynthia pour l’état civil est une chanteuse à ne plus présenter pour les amateurs des musiques « mafana », ces rythmes chauds du Nord de Madagascar. Rencontre
LTdS : Pourriez vous nous retracer en quelques mots votre carrière ?
Elie Cynthia : Aimant chanter depuis mon enfance, j’ai produit mon premier clip en solo en 2004. A cette époque là, je chantais encore avec le groupe Jerry Marcoss, en tant que choriste. En mai 2005, j’ai commencé à voler de mes propres ailes, et la même année est sorti l’album « Coup de foudre », suivi de « Mbola ho avy » en 2007.
LTdS : Comment votre père, ancien proviseur du lycée Technique de Diégo et actuellement enseignant à l’Université de la même ville voyait sa fille embrasser une carrière d’artiste ?
Elie Cynthia : Mon père n’appréciait pas. Il disait que j’étais en train de gâcher mon potentiel intellectuel. Néanmoins, il ne m’a jamais empêché de chanter d’une façon directe.
LTdS : Et votre mère ?
Elie Cynthia : Ma mère voulait que je sois médecin tout simplement. Nous sommes une famille de mélomanes, mais aucun membre de cette famille avant moi n’a jamais été chanteur professionnel.
LTdS : Et maintenant que vous avez une fille de douze ans, comment comptez vous orienter son éducation ?
Elie Cynthia : Je lui explique avec des manières simples et claires ce qu’exige une carrière comme la mienne, je la guiderai, mais elle choisira par elle même ce qu’elle voudrait devenir plus tard. Au niveau scolaire, elle est à la fois littéraire et scientifique, j’ai la chance d’avoir une petite polyvalente. En tout cas, je ne l’amène pas dans mes cabarets et autres soirées. Elle grandira normalement, sans les stigmates d’une fille de star. Les études avant tout, ainsi que la liberté sous condition … (rires)
LTdS : Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?
Elie Cynthia : C’était quand j’ai fait un spectacle à Ambohimanarina, un petit village vers Andapa, le village natal de mon père. La plupart du public était de ma famille, des amis ou des connaissances se partageant la vie simple d’une campagne tranquille. De l’émotion à fleur de peau. C’était en 2009.
LTdS : Et votre pire souvenir ?
Elie Cynthia : C’était à Farahalana, un petit village vers Antalaha, cette fois ci... mon soliste a fait un coma éthylique, alors qu’il était le pilier de l’arrangement musical de notre spectacle, parce qu’il est à la fois choriste. Tandis que je montais sur scène, en essayant de faire diversion, à discuter avec mon public, les autres essayaient de le remettre sur pieds avec du café, des claques et j’en passe. Finalement, il réussit à jouer ses partitions tant bien que mal. Le stress de ma vie… Je l’ai « remercié » après le show, et cela servit de leçon aux autres éventuellement tentés de nous faire le même coup tordu. Ce jour là, l’équipe a mieux compris le sens du concept de conscience professionnelle.
LTdS : Parlez nous des « Tsimihety Girls »
Elie Cynthia : C’est une coopération sans ombrage, mis à part le fait qu’ayant nos carrières individuelles à gérer, il nous est parfois difficile de coordonner nos rencontres et productions… Ce n’est pas un groupe fermé, mais jusque là nous sommes six filles : Dah’Mama, Vaiavy Chila, Norah, Lianah, Rivera et moi-même.
LTdS : Selon vous, quelle est la difficulté majeure de vivre une vie d’artiste ?
Elie Cynthia : Mise à part la gestion de la notoriété et la gestion de carrière, le plus dur c’est de gérer la stabilité économique, vu l’existence des « saisons mortes » en terme de contrats. Les contrats vont et viennent de façon aléatoire qui ne dépend pas toujours de notre qualité de travail, mais plutôt de beaucoup d’autres facteurs comme le climat, la politique ou l’accessibilité.
LTdS : Que pensez-vous des matraquages d’oeuvres à la télé ou à la radio ?
Elie Cynthia : Chacun fait comme il veut, mais personnellement je suis contre si l’œuvre est de mauvaise qualité. Certains favoris des « gros bonnets » passent en dépit de la qualité mitigée de leurs œuvres et cela rabaisse la valeur de notre culture Malagasy. Il ne suffit pas d’être riche pour être artiste. Maintenant, il ya très peu d’art : il y a plutôt du Business, du voyeurisme et du populisme, et c’est dommage. Il ne devrait pas y avoir de favoritisme dans le professionnalisme.
■ Recueilli par Luis .K