Nofisoa Onjafarae Pascale, dit Onja est une jeune chanteuse de musique tropicale originaire du Sud de la Grande île
Cette jeune femme a rendu plus d’un heureux, par sa voix sauvage et grave pleine d’un groove empreint d’authenticité. Rencontre avec Onja Nofisoa Pascal qui nous vient d’Ambovombe, dans le sud profond de Madagascar
LTdS : Voudriez vous nous parler un peu plus de vous ?
Onja : Je suis la cadette d’une fratrie de dix enfants, dont six garçons et quatre filles. Je chante depuis 1995, d’abord avec Tinondia, le groupe de mon grand frère et ensuite en solo avec mon propre groupe depuis quelques années.
LTdS : Combien d’albums avez-vous réalisé ?
Onja : Quand j’étais avec Tinondia, nous avons eu le temps d’enregistrer deux albums. Ensuite, depuis la création de mon propre groupe en 2005, j’ai pu en sortir deux autres. Le troisième album est en préparation.
LTdS : Quel(s) rôle(s) assumez vous dans votre groupe en plus de le diriger ?
Onja : Je suis auteure-compositeure, les arrangements étant faits par mes frères, et je suis aussi la chorégraphe du groupe, étant moi-même danseuse depuis plus de vingt ans.
LTdS : Comment parvenez vous a à la fois chanter et danser sur scène ?
Onja : Je m’entraîne autant que possible pour que ce soit moins difficile. Je m’entraîne parfois jusqu’à sept, voire dix heures par jour. En moyenne, trois fois par semaine. Cette rigueur et régularité est le seul moyen pour moi d’atteindre un certain niveau, l’améliorer, mais surtout l’entretenir.
LTdS : Quelle est pour vous la plus grande difficulté quand on est une artiste célèbre ?
Onja : Ce qui est difficile avec la célébrité c’est de mener une vie sociale normale. C’est peut être la rançon de la gloire mais je trouve assez éprouvant psychologiquement le fait de devoir parfois se cacher et passer en « mode furtif » pour avoir un minimum d’intimité.
LTdS : Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?
Onja : C’était au Japon, en 2009, pendant le Festival Min-On, quand il y avait tout ce public en liesse qui appréciait nos chansons sans en comprendre un seul mot. Nous étions juste en symbiose, malgré la barrière de langue, parce que l’essence artistique et son effet dépasse les mots et le simple fait de les comprendre.
LTdS : Et votre pire souvenir ?
Onja : La pluie (rires). Je m’explique : une fois, je partageais la scène avec le groupe de mon ami Jerry Marcoss, et pendant le concert, il pleuvait énormément, mais les gens continuaient à rester et à danser. Seulement, nous stressions tous intensément pour le matériel qui commençait à prendre l’eau, tout en craignant de nous faire électrocuter pendant le concert avec tous ces fils qui traînaient sur la scène humide.
LTdS : Comment vous définissez vous votre caractère ?
Onja : Gentille mais stricte. Je ne tolère pas les fautes professionnelles surtout pour ceux qui ratent les répétitions et font des erreurs en conséquence sur scène. Mon art est la meilleure chose que je peux offrir à mon public, je me dois de le rendre aussi professionnel que possible.
LTdS : Il y a deux tendances perceptibles dans votre musique : le rythme traditionnel du sud profond et un autre rythme, beaucoup plus universel. Comment expliquez vous cela ?
Onja : Cette ambivalence de genre résulte du fait des besoins du marché. Je sais que je dois vendre et je sais ce que les consommateurs attendent de moi, alors, j’essaie de le leur donner. En parallèle, je sais aussi que j’ai mes propres valeurs et perceptions de l’art, de la chanson et de la danse que je ressens et que je veux partager : mes racines, mon essence, ma provenance et mes sentiments les plus profonds. Alors, j’essaie de combiner les deux. Pour le marché extérieur, je peux faire valoir cette particularité très malagasy et pour le marché local, j’offre cette joie de vivre issue des rythmes « mafana ».
LTdS : Que voudriez-vous transmettre comme message aux plus jeunes qui voudraient se lancer dans le chant ou la danse ?
Onja : Je dirais juste : soyez honnête avec vous-même, et vous le serrez avec le public. Entraînez vous autant qu’il faut, et vous verrez que le vocal, le souffle, l’endurance et la dextérité s’acquièrent petit à petit, mais sûrement.
■ V.M