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« les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux », qu’il n’y a de rapports colonisateurs-colonisés que lorsque l’autre partie se considère encore comme colonisée
« les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux », qu’il n’y a de rapports colonisateurs-colonisés que lorsque l’autre partie se considère encore comme colonisée

La francophonie et la francophobie, la malgachéité, la malgachitude et le Malgache, autant de termes qui trouvent leurs sens lors de la conférence suivie de débat organisée par l’université d’Antsiranana dans l’après-midi du 15 mars à l’Alliance française d’Antsiranana

Le Français et la culture française ont influencé et continuent d’influencer la société malagasy, qu’ils se soient imposés d’eux-mêmes ou choisis. C’est dans cet ordre d’idée et sur les rapports qu’entretiennent les Malagasy avec la francophonie et au sein de celle-ci que se sont portés les présentations des intervenants à la conférence. « De la Francophonie à la Francophobie… un essai sur le paradoxe malgache au sein de la francophonie » par Josie Volaravo Dominique, enseignante à la Faculté de Droit, sciences Economiques-Sciences de gestion et Science Politique UNA et « l’impact de la présence française dans le parler, les us et coutumes du terroir d’Antsiranana » par l’anthropologue Robert Jaovelo-Dzao. Du point de vue de Josie Volaravo Dominique, doctorante en études politiques, la méconnaissance et le manque d’assumation de l’histoire commune (malagasy et française) sont les facteurs de méfiance envers la France et la culture française. Ces deux facteurs sont aggravés par les mauvaises décisions politiques, telle que la malgachisation de l’enseignement en 1973, qui ont voulu rompre trop rapidement avec cette influence française sans les dispositions d’accompagnement adéquates. C’est entre deux idées contradictoires que le Professeur Jaovelo-Dzao a ouvert le débat sur ces thèmes sur la francophonie. D’un côté « nombre de ressortissants nationaux, dont l’ancien Président Didier Ratsiraka, clament que les Malgaches ont été colonisés jusqu’au bout des ongles et qu’ils ont perdu leur identité ou leur malgachéité », d’un autre côté « d’aucuns affirment que fort heureusement Madagascar a passé par l’étape de la colonisation française, sinon, on ne serait jamais évolué ni civilisé : on serait encore resté aujourd’hui à l’état sauvage et l’on serait inculte ». Les différentes prises de parole s’orientaient vers une inquiétude commune qui est celle de l’avenir de la culture malagasy et de la survivance ou pas de la langue malagasy.  Josie Dominique a soutenu que l’histoire doit être vulgarisée pour être assumée, qu’elle ne doit pas rester entre « sachants » pour qu’il y ait (un réel) devoir de mémoire. La malgachéité sera toujours présente puisque la culture et l’enseignement sont toujours très marqués par la langue malagasy. D’ailleurs, des chercheurs et des linguistes élaborent des systèmes pour que l’enseignement se fasse en Malagasy et dans tous les niveaux. Pour ce qui est de cette idée que beaucoup se fait sur l’expansion de la culture française comme une forme de néocolonialisme, Josie Dominique a répondu, en empruntant une citation d’Etienne de La Boétie « les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux », qu’il n’y a de rapports colonisateurs-colonisés que lorsque l’autre partie se considère encore comme colonisée. Le Professeur Jaovelo-Dzao a résumé « la francophonie est une forme d’influence. La France est un grand pays, elle a influencé l’Europe, pourquoi pas le monde ?» D’après lui, il est désormais question d’ouverture vers le monde, le Français étant la cinquième langue la plus parlée dans le monde.
■ V.M

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