« Au début, les spectateurs ne savaient pas regarder le théâtre, il y avait parfois des troubles. Après deux ou trois éditions, les gens restent très sages et admirent les spectacles avec beaucoup d’attention. On a participé à une forme d’éducation aux arts de la rue. »
Dans quelques jours, la ville de Diego accueillera à nouveau le Festival Zegny’Zo ! L’événement culturel, très attendu chaque année, a su inscrire son nom dans la liste des étapes incontournables pour tous les amoureux des arts de la rue
Le festival arrive déjà en 2016 à sa dixième édition : une occasion de revenir aux sources de cette belle aventure, aux côtés de celles et ceux qui le portent à bout de bras depuis tant d’années. L’occasion aussi d’interroger l’avenir de ce festival, qui a su toujours trouver l’énergie pour se transformer, et tenir, en dépit du contexte difficile avec lequel il fallait souvent composer…
Des salles de spectacles aux rues de Diego Suarez
Au départ, une bande de copains et de copines qui fréquentent le club de théâtre du lycée français, sous la direction de Nanou Payet. En 2002, celle-ci laisse la place à Hélène Dupont qui va insuffler au groupe une nouvelle direction : délaisser un peu les salles de spectacles classiques pour aller à la rencontre du public malgache, dans les rues, les quartiers, et bientôt les villages de la région…
Pour Hélène, il s’agit surtout « d’ un prétexte pour réaliser une véritable plongée dans la culture traditionnelle malgache, par le biais des contes notamment ». Au même moment, le Conseil Départemental du Finistère installe à Diego Suarez une antenne culturelle qui épouse cette nouvelle orientation. Ils soutiennent d’abord la création des spectacles, puis les costumes et les déplacements pour aller les présenter en brousse. Tout le monde garde en mémoire la première sortie à Ankorikihely, sur la route de Ramena.
On est en 2004 et la fine équipe ne s’attend pas à cette sacré sur prise : en plus du plaisir de jouer ensemble, ils rencontrent une très bonne écoute lors des représentations. Les ateliers-créations en français laissent peu à peu la place aux improvisations. L’appétit des spectateurs donnent alors naissance à une idée un peu folle, qui va se matérialiser quelques années plus tard, en 2007 : organiser un festival des arts de la rue, chose inédite, dans cette ville aux origines coloniales militaires, où les arts n’ont pas su occuper, jusqu’alors, beaucoup de place. Les distractions manquent à Diego Suarez et certains partenaires ne tardent donc pas à encourager fortement une telle initiative (Alliance française, Mairie, Conseil Départemental du Finistère, etc.).
Joies et découragements
La première édition arrive rapidement, et au sortir de l’expérience, malgré les moments de joie, c’est le découragement qui domine l’équipe. Difficultés d’organisation, de logistique, public indiscipliné, manque de moyens financiers… Tout le monde s’est donné à fond, et le résultat, c’est surtout beaucoup de fatigue et des dettes qui commencent à s’accumuler. Les uns et les autres finissent par se convaincre de tenter quand même une seconde édition. D’année en année, la chose prend, et les troupes invitées, les activités, les formations et résidences s’enchaînent avec de plus en plus de qualité, de diversité dans la programmation.
Pour Hélène Dupont, qui coordonne le festival les premiers années, et Éric Dama, qui l’assiste à l’époque et qui dirige actuellement la compagnie Zolobe, le festival est d’abord « une expérience humaine inoubliable, incomparable. De grands moments d’émotion, comme le mariage de Monique et Jeannot. » Le buzz a pris. Les gens voulaient participer coûte que coûte. La mairie complètement envahie, une manifestation géante d’enfants qui hurlaient « Monique, Monique ! » La voiture Teuf-Teuf en panne se fait littéralement porter par la foule… « C’est aussi des rencontres avec des artistes hyper généreux qui soutiennent encore le festival. » Parmi les artistes, il y a ceux qui marquent le festival : Les Grandes Personnes bien sûr (Cie Les Quidams), Les Voix de la Marionnette, et bien d’autres…
Dynamiques culturelles
« La culture, c’est quand même un vecteur d’éducation, d’ouverture d’esprit, d’enrichissement personnel… ». L’impact du festival sur la vie culturelle de Diego Suarez est très important, auprès de tous les jeunes et des associations amies, et en particulier pour celles qui reçoivent le soutien du Conseil Départemental du Finistère. Le Zegny’Zo ! devient LA plateforme, l’occasion annuelle de se produire. Il offre une motivation supplémentaire, permet de mettre en place des formations. Le festival change aussi les rapports entre les gens. Il ouvre des portes. « Au début, les spectateurs ne savaient pas regarder le théâtre, il y avait parfois des troubles. Après deux ou trois éditions, les gens restent très sages et admirent les spectacles avec beaucoup d’attention. On a participé à une forme d’éducation aux arts de la rue. » se félicite Éric.
10 ans !
Hélène Dupont enchaîne, presque surprise : « Jamais, je n’aurais pensé que ça tiendrait 10 ans. Vraiment surprenant. Avec les événements politiques, la crise, l’insécurité ». Les organisateurs ne sont pas peu fiers de recevoir cette année pour la première fois au Zegny’Zo ! une vraie troupe de Hira Gasy. Un autre moment intense pourrait marquer ce festival, si le fils de Monique et Jeannot se décide à venir finalement. En effet, Jaozo est à La Réunion, a fini ses études, et refuse de revenir à Diego Suarez : trop d’insécurité, c’est la crise, il n’y a plus de vols directs et la route est complètement défoncée. Avec les menaces cycloniques qui s’ajoutent, ce n’est pas évident qu’il arrive, et ça reste l’une des inconnus de cette édition…
Un festival franco-malgache
À l’image de la ville qui l’a vu naître, le festival est un pur produit du métissage, tout comme la Compagnie Zolobe qui le porte. « On a travaillé main dans la main. On avait envie d’ouverture, d’échanges dès le début. C’était un prétexte à la rencontre, utiliser une forme pour parler culture et traditions ». Quand on aborde les difficultés à travailler sereinement ensemble, la réponse tombe cinglante : « Évidemment, il y a eu beaucoup de tensions, comme dans toute aventure humaine. Mais on a toujours réussi à en parler quand ça devenait trop lourd ». Le thème retenu pour cette année : « Mifety » (c’est la fête !), et elle sera réussie, cela semble évident. Ensuite, il faudra penser aux éditions futures, mais c’est encore bien trop tôt pour en parler...
■ Ampinga Fahafana
Le programme du festival Zegny Zo ! 2016
Mardi 10 mai | |
15H30 - Place de l'Indépendance | PARADE avec la Fanfare Byin Mayé, Club Rollers Diego, Marionnettes Du Ritz à La Terrasse du Voyageur via la Rue Philibert Tsiranana |
Mercredi 11 mai | |
9H-11H - La Caravelle Nofy | Ateliers de formation, ouvert à tous : manipulation de Grandes Marionnettes |
9H30 -10H30 - Kolotsaina Troupe de Choc & Collège français Sadi Carnot | Spectacles Jeune Public pour les écoles |
15H30 - Kolotsaina troupe de Choc | PARADE avec tous les Vahiny et les groupes locaux Via rue point 6 -rue Ste Marie-rue Philibert Tsiranana - Ritz - rue Philibert Tsiranana – Place Foch - rue Colbert -Alliance |
18H30 - Alliance Française | Ouverture officielle Randria Ernest Zanany |
Jeudi 12 mai | |
9H-11H - La Caravelle Nofy | Ateliers de formation, ouvert à tous : manipulation de Grandes Marionnettes |
9H30 -10H30 - Kolotsaina Troupe de Choc & Collège français Sadi Carnot | Spectacles Jeune Public pour les écoles |
15H30 - Kolotsaina troupe de Choc | Déambulation Hôtel de Ville – Alliance Française Randria Ernest Zanany, ClubRollers |
AMBIANCE DANS LES QUARTIERS | |
16H - La Terrasse du Voyageur | Spectacles de conte et slam "Adieu" de Tartare et "Porte du diable" de Didier Balsaux (Voix de la Marionnette) |
16H - Quartier Morafeno | Bloco Malagasy avec ses marionnettes |
16H - Quartier SCAMA | DS Velively, Grand Pat et Aléas des possibles |
18H30 - Kolotsaina Troupe de Choc | SOIREE TRADITIONNELLE Hira gasy Saondrafina zanany – Vakodrazana |
En même temps, salle de répétition Clément Peretjatko | Spectacle d’ombre (15 min) des Voix de la Marionnette |
Vendredi 13 mai | |
9H-11H - La Caravelle Nofy | Ateliers de formation, ouvert à tous : manipulation de Grandes Marionnettes |
9H - La Terrasse du Voyageur | "Le Matin du Festival" : Rencontres-débats |
16H - Kolotsaina troupe de Choc | PARADE de clôture avec tous les vahiny et les groupes locaux Via Rue Philibert Tsiranana - Rue Suffren - Bd Laborde – Ritz |
18H30 - Hôtel de Ville | Ciné quartier par l'Alliance Française |
Samedi 14 mai | |
Toute la journée Hôtel de Ville (sur scène et dans les jardins) | JOURNEE FESTIVE Bloco Malagasy, Randria Ernest Zanany, Cie Tahala, Tartare & Niko Garo, Saondrafina zanany, Trio Marionnettistes, Vakodrazana, Aléa des possibles, …et nombreux spectacles d'artistes locaux |