Razafindrakoto Idah Holiarisoa, qui signe « Idah », commence à se faire un nom dans le milieu artistique avec ses vingt-trois printemps et son coup de crayon qualifié de « plein d’originalité » par ses pairs. Hispanisante, une francophile résidant à Antananarivo, Idah est une adepte de la bande dessinée et de l’illustration. Son style de dessin « croquis sur le vif » sert parfaitement ses sujets de prédilection : l’expression des personnalités, le développement personnel, la sensibilisation environnementale et l’éducation de masse.
LTdD : Pourquoi le dessin ?
Idah : J’ai grandi bercée par les arts visuels depuis l’enfance. J’ai été influencée par les dessins animés et les magazines de jeunesse et autres illustrations dans les livres, et ça m’a façonné. Du coup, j’ai décidé de percer dans le milieu qui me semblait être plus facile à maîtriser. Sinon, je fais aussi de la danse et du théâtre, mais moins que le dessin. Je pense que pour bien s’épanouir dans un art donné, il est nécessaire d’avoir une idée de comparaison en pratiquant plusieurs formes d’art. J’aime tout ce que je fais mais je pense que le dessin est ma vraie passion.
LTdD : Vous pratiquez ce que l’on appelle communément « croquis sur le vif ». Qu’est-ce que c’est ? Et est-ce c’est votre unique style ?
Idah : Croquis sur le vif, c’est à dire des dessins rapides qui exploitent les traits simples, avec moins de détails. Pluridisciplinaires dans le milieu du dessin, mon style varie de la caricature au portrait. En réalité, je suis un peu « touche à tout ». Comme style personnel, le fait de mettre en avant l’insertion de l’imagination dans le réel. J’exploite tout ce qui est fictif : les utopies, les fées avec des ailes, les monstres… toutes les créatures surnaturelles ainsi que les faits qui dépassent l’entendement humain. Le thème que je travaille le plus se repose sur la sensibilisation environnementale. Je l’appelle pour le moment mon « Imaginarium ».
LTdD : Pourquoi ?
Idah : J’ai remarqué tellement de dégradation et de pollution que je voulais finalement m’exprimer à travers mes dessins afin d’interpeller l’attention de mon entourage pour qu’ils s’intéressent plus à la beauté de la nature et à l’importance que l’on pourrait lui donner.
LTdD : Ton pire souvenir dans ce milieu ?
Idah : Le début : C’est dur de communiquer, de faire savoir que j’existe, et à ma première exposition du 6 au 20 Mai, à l’Ivon-toeran’ny Kolontsaina Malagasy (Centre culturel Malagasy), à Antsahavola, Antananarivo, je n’ai peut-être pas insisté sur la communication justement, du coup il y avait très peu de public, et c’était frustrant.
LTdD : Ton meilleur souvenir ?
Idah : Avoir eu l’opportunité d’exposer l’ensemble de mes œuvres majeures à ce jour, mon « Imaginarium », à Saint-Leu, La Réunion, en juillet 2016. C’était à l’occasion du festival « Embarquement immédiat ».
LTdD : Parlez-nous de la résidence « Ho avy an-tsary ».
Idah : Lors de cette résidence, j’ai bénéficié d’une multitude d’échanges, ce qui a vraiment aidé mon développement personnel sur le plan relationnel et sur les techniques de dessin. Cela m’a permis de réaliser qu’il était possible de repousser les limites, de vivre du dessin, et d’en faire une profession. Mes voyages m’ont permis d’appréhender la réalité autrement, et d’apprécier un peu plus les valeurs de mon propre pays. Ce que ça m’a le plus apporté, c’est de l’espoir, par rapport au futur, aux insertions professionnelles et sociales, aux opportunités. Ce sentiment me donne envie de partager afin que les miens prennent conscience aussi qu’il est possible d’aller de l’avant malgré les difficultés, que nous ne sommes pas en reste face au reste du monde quant aux capacités et à la créativité.
LTdD : Des conseils à adresser aux plus jeunes ?
Idah : Rêvez, et que vos rêves deviennent des traits et des lignes. Pratiquez votre art aussi souvent que possible, et n’ayez pas peur d’être imparfaits, tout en vous promettant de vous améliorer
■ Luis K.