Le prix au kilo était fixé à 10 000 Ariary, mais l’on apprend qu’il est maintenant en baisse allant jusqu’à 5 000 Ariary
De 2012 à 2013, le volume de vanille malgache exporté a baissé. La stratégie des importateurs, la concurrence avec la vanille de biosynthèse et la baisse de la qualité sont les raisons avancées. Des concertations au niveau régional et national ont eu lieu pour rehausser la qualité.
Ouverture de campagne à Ambanja
La campagne de commercialisation de vanille verte est ouverte à Ambanja depuis le 20 mai 2014. La discussion du prix entre les producteurs et les collecteurs a duré près de quatre heures. Le prix au kilo était fixé à 10 000 Ariary, mais l’on apprend qu’il est maintenant en baisse allant jusqu’à 5 000 Ariary. Le 5 mai, les plates-formes régionales lors de l'atelier national sur la professionnalisation de la filière vanille ont fixé un prix plancher. Le kilo de vanille verte ne doit pas descendre à moins de 5 000 Ariary. Le volume de la production d’Ambanja est encore difficile à établir puisque les producteurs ne mettent pas en vente au même moment leurs produits. Pour la région SAVA, l’ouverture de campagne 2014-2015 est fixée au 17 juin ; pour la vanille préparée, elle ne débutera que 90 jours après cette date d’ouverture de la campagne de vanille verte. Ce délai est nécessaire pour la qualité de la vanille à exporter. La Plate-forme Régionale de Concertation pour le Pilotage de la filière vanille de la SAVA avance que la majorité des gousses vertes des zones littorales sont déjà récoltées par les producteurs.
Qualité en baisse
L’on parle de vanille de basse qualité lorsque le taux de vanilline n’atteint pas celui exigé par le marché international, soit près de 2%. Pour expliquer cette baisse du taux de vanilline, les exportateurs avancent les cueillettes survenues trop tôt : pour éviter que les gousses ne soient volées sur pied, les planteurs préfèrent les cueillir immatures. Des voleurs sont appréhendés, mais ces arrestations ne mettent pas définitivement fin au vol. Cette pratique entraîne également une utilisation abusive du « sous vide ». Le sous vide est un très bon moyen de conservation de la vanille. Le problème c’est que de nombreux opérateurs l’utilisent avant que la vanille ne soit stabilisée à un stade où son humidité est encore trop élevée. C’est intéressant pour l’opérateur car la vanille pèse plus lourd, par contre après ouverture, elle va « tourner » rapidement et développer de mauvais arômes. Il n’y a aucun moyen de reprendre le processus de maturation qui a été stoppé par la mise sous vide. Les produits emballés trop tôt selon cette méthode deviennent favorables à la multiplication microbienne et présentent des moisissures. Les produits présentant des risques pour la santé des consommateurs ne sont bons que pour la destruction. La récolte par grappe, la vieillesse des lianes, le changement climatique, la fréquence des fécondations… ont été également soulevés lors de l’atelier national pour la professionnalisation de la filière vanille le 5 mai à Antalaha.
Pour obtenir une vanille de qualité, la préparation passe par au moins quatre phases : l’échaudage, l’étuvage, le séchage au soleil et le séchage à l’ombre. Les gousses ne sont cueillies que lorsqu’elles sont matures. Le taux de vanilline est ainsi d’au moins 1,8% et le taux d’humidité moins de 38%.
L’exportation recule
De 2012 à 2013, le volume de vanille malgache exporté a baissé. La stratégie des importateurs, la concurrence avec la vanille de biosynthèse et la baisse de la qualité sont les raisons avancée
La demande au niveau mondial s’élève à 2 500 tonnes. En 2011, la production exportée de Madagascar était de 1 800 tonnes, elle est descendue à 1 200 tonnes en 2012 et de 900 à 1 000 en 2013. Les producteurs annoncent une bonne récolte et une hausse du volume exporté cette année, mais tout ne dépend pas que de la volonté des planteurs et des exportateurs. En effet, la demande de ces dernières années a diminué dû à l’influence des arômes synthétiques. De plus, l’année dernière, les exportateurs ont avancé que la stratégie des importateurs était d’attendre une meilleure production (en s’enquérant de la qualité de la floraison) avant de faire leurs achats. Ces importateurs qui n’hésitent pas à retourner les produits lorsque le taux de vanilline exigé n’est pas atteint.
L’atelier national pour la professionnalisation de la filière vanille
Pour pallier aux lacunes du point de vue de textes réglementaires, les plates-formes régionales opérant dans le secteur ainsi que les services techniques déconcentrés, les collectivités décentralisées mettent en place les mesures pour la normalisation des procédés de production, de la commercialisation et de la collecte des gousses de vanille (vertes et préparées). Le 5 mai, était organisé à Antalaha un atelier national pour la professionnalisation de la filière vanille. Les plates-formes et associations des régions productrices de vanille étaient représentées.
Selon un arrêté interministériel de décembre 2013, un observatoire de floraison et de maturité des vanilles est mis en place dans chaque région productrice. Il est constitué des représentants de la Région, de la direction régionale du développement rural, de la direction régionale du commerce, du poste de contrôle de conditionnement, des organismes d’appui, de la Plate-forme Régionale de Concertation pour le Pilotage de la filière vanille, PRCP. Trois commissions ont été constituées chargées de se concerter sur la sécurité, la qualité et la commercialisation de vanille.
Il a été décidé que l’utilisation du sous vide est interdite durant la phase de préparation. Patrick Ravoaranarison, directeur du bureau des normes soutient : « il ne s'agit pas d'une norme, mais d'une obligation ». Le sous vide ne sert qu’à la conservation, c’est-à-dire à quatre à cinq mois de la préparation des gousses. Ce sont les plates-formes régionales et les services de conditionnement (ministère du commerce) qui s’assurent de l’application stricte de cette mesure.
Cette année, les andrimasom-pokonolona des communes rurales productrices de vanille ont bénéficié de formation d’auto-défense villageoise, fruit de la collaboration de la PRCP et de l’Organisme Mixte de Conception de la région SAVA). Les communautés formées assurent la sécurisation des plantations.
■ V.M