L'électricité à Diego Suarez est une des plus chère de Madagascar : pourquoi ?
C'est dans ce contexte que la Jirama a annoncé une hausse importante des tarifs qui passe mal auprès des consommateurs locaux.
Si le tarif en eau de la JIRAMA n’a jamais posé de réels problèmes aux Antsiranais, ils ont réclamé depuis des années que l’on égalise les tarifs de l’électricité dans tout Madagascar. En effet, à Antsiranana, l’électricité est beaucoup plus chère qu’à Toamasina ou à Antananarivo. Ces villes avec l’ex-province de Fianarantsoa bénéficient d’un réseau interconnecté à des centrales hydroélectriques et thermiques à fuel oil.
Pour Antsiranana, ce sont les dépenses en carburant, gasoil et fuel oil pour alimenter le moteur du groupe thermique, qui alourdissent les charges de la JIRAMA et qui justifient un tel tarif. Pour le tarif 14 par exemple, le prix unitaire de la consommation 1ère tranche est de 141 ariary. A la deuxième tranche, elle est de 737 ariary (620 ariary à Antananarivo). Puis une redevance fixe de 778 ariary. La Commune perçoit ensuite des surtaxes fonds de travaux de 4% et d’assainissement de 2% du montant de la facture. On peut donc imaginer ce qui se passe pour ceux (surtout les entreprises) qui ont un tarif 16 ou un tarif semi-industriel.
En heures de pointe, soit entre 17 et 21 heures, les besoins en électricité sont aux alentours de 14 MW et pourtant la centrale thermique de Diego ne peut fournir que 7,5 MW (soit presque la moitié des besoins de la ville) d’où les fameux délestages atteignant surtout les quartiers plus éloignés de la ville.
Des projets étaient en cours pour améliorer la situation (installation dune centrale hydroélectrique ou utilisation exclusive de fuel oil), mais selon un responsable au sein de la JIRAMA, il a été freiné par la crise politique et économique.
Vers une hausse prochaine des tarifs de la Jirama ?
L’office de régulation de l’électricité (ORE) chargé du contrôle des tarifs est favorable à la proposition de la JIRAMA pour une hausse de 8% du tarif de l’électricité. Cette révision est nécessaire selon cet office. Pour que la JIRAMA puisse survivre, il faut prendre en considération le taux de change (parité euro-dollar), le prix du carburant, l’indice des prix à la consommation.
Néanmoins, l’Etat n’a pas encore validé cette mesure et les consommateurs espèrent en silence qu’elle ne sera pas appliquée. En tout cas pas pour l’instant car entreprises et particuliers sont en pleine difficulté financière et peu importe la raison qui pousse l’Etat à la refuser : sociale ou politique.
Certains entrepreneurs à Antsiranana s’inquiètent quand même : « Quand viendra enfin le moment où les entreprises pourraient respirer un peu, quand nos affaires tourneraient mieux. La hausse ne sera plus de 8% car comme toute société la JIRAMA essayera de rattraper son retard et sa perte » explique un directeur d’entreprise qui se spécialise dans la vente de matériels électroniques. Il se souvient entre autre des hausses entre 2005 et 2007, en deux ans la hausse a atteint les 155%. Une hausse ne fera que pénaliser davantage les PME locales, les industries parviennent tant bien que mal à maintenir le cap, certaines se dotent elles-mêmes de centrales thermiques.
V.M