La comptabilité n’est pas seulement la technique des comptes ou le système d’organisation des données financières d’une entreprise. La comptabilité joue un rôle important dans le développement économique
Dans la préface à son document sur la « création et le développement d’un organisme comptable professionnel », le comité du développement des organisations comptables professionnelles de l’IFAC (Fédération Internationale des Comptables), indique que la comptabilité permet de « répondre aux obligations redditionnelles et de transparence financière » conduisant ainsi à l’instauration de la bonne gouvernance et donc la « création d’un environnement propice pour les affaires, l’investissement et au développement du marché financier ». « Les experts comptables sont des créateurs de confiance » déclare Abdoullah Lala, expert comptable et gérant du cabinet Crowe Horwath fiduciaire des Mascareignes. C’est ainsi que la mise en place d’organismes regroupant les professionnels de ce domaine est devenue impérative car ceux-ci sont chargés de l’établissement des normes professionnelles donc de la protection de l’intérêt public. Ces normes évoluent et chaque pays adhérant aux organismes comptables internationaux doivent s’y conformer. Depuis 2005, Madagascar fait partie de l’IFAC (International Federation of Accountants). Il doit donc respecter des engagements déontologiques. C’est dans cet objectif que l’ordre des experts comptables et financiers (OECFM) ainsi que le conseil supérieur de la comptabilité (CSC) de Madagascar tissent des liens étroits avec les organismes étrangers. Le CSC et l’académie des sciences et techniques comptables et financières de France sont partenaires. Le CSC malgache participe (comme ce fut le cas en 2011) au congrès annuel de l’ordre des experts comptables français et à l’assemblée générale de la fédération des centres de gestion agréés.
Le partenariat entre les ordres des experts comptables et français a été signé en 2010 et renouvelé en 2012. En tant qu’ancien président de l’ordre des experts comptables de la Réunion et membre du Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts Comptables, Abdoullah Lala affirme qu’il faut entretenir cette relation. La Réunion y joue un rôle (en tant qu’intermédiaire et promoteur de cette relation). De part ce partenariat, l’engagement, du côté français est l’envoi d’experts pour former les stagiaires de Madagascar. Depuis 2010, Abdoullah Lala forme sur les questions de déontologie. Toujours dans le cadre de cette collaboration et de manière régulière, un ou deux experts comptables français se rendent chaque année à Madagascar.
Formation à Antsiranana de futurs experts comptables
La Grande île compte actuellement 240 experts comptables dont l’essentiel est concentré dans la Capitale. L’Institut Supérieur de Technologie d’Antsiranana est parmi les dispositifs de formation d’experts comptables. Abdoullah Lala intervient auprès de cet institut et de l’INSCAE (Institut national des sciences comptables et de l'administration d'entreprises) pour le renforcement des connaissances des étudiants. Ce sont les étudiants de 3ème année, parcours contrôle-comptabilité et ceux en préparation du diplôme Master 2 (management d’entreprise) qui suivent les cours. « L’IST fait appel à des professionnels pour étoffer le corps professionnel et pour que les étudiants soient aptes à travailler tout de suite » explique M. Ederaly, directeur du génie management, commerce et service. Il soutient par ailleurs que l’intervention de l’expert réunionnais permet aux étudiants de suivre l’évolution de la comptabilité dans le monde. La collaboration avec le cabinet d’expertise et de commissariat aux comptes Crowe Horwath, fiduciaire des Mascareignes, dont Abdoullah Lala est le gérant a débuté en 2013. Pour son attachement à Madagascar (il est né à Toamasina et y a effectué ses études primaires et secondaires), l’expert a commencé à enseigner à l’INSCAE en 2011. Il souligne qu’il est important de transmettre ses connaissances puisqu’il s’agit d’une formation formatrice pour l’enseignant « cela me permet de mieux maîtriser la matière ». Abdoullah Lala, avec ses 25 ans dans l’enseignement affirme qu’en expertise comptable, le parcours n’est jamais terminé. Son intervention à l’IST-D est d’une certaine manière, l’extension de la collaboration avec l’INSCAE. « la région de Diego Suarez est connue pour son dynamisme économique. Elle compte beaucoup sur l’IST-D pour former les professionnels » indique-t-il. Le Dr Jeannot, directeur général de l’IST-D quant à lui précise que l’intervention d’Abdoullah Lala n’est ni obligatoire ni incontournable, « elle est nécessaire pour la qualité de l’enseignement. Plus il y a des enseignants renommés plus l’institut est côté. Et puis, il est difficile de trouver quelqu’un de la même compétence avec les mêmes conditions ».
■ V.M