La société Tantalum Rare Earth Malagasy s.a.r.l.u (TREM), spécialiste en exploitation minières, a donné ce 12 juin des explications sur l’exploitation des terres rares qu’elle va entreprendre dans le massif d’Ampasibitika près d’Ambanja
Les études d’impacts sur l’environnement (communautés humaines et biodiversité) des essais en unité pilote seront présentées en réunions publiques. Afin d’identifier et évaluer les autres impacts possibles et afin de préconiser les mesures d’évitement (ou envisager d’atténuer ces impacts), une consultation des communautés et autorités locales se tiendra jeudi 2 juillet à Ankotsopo. Une deuxième consultation aura lieu à Ambanja le 3 juillet. Ce sont les autorités administratives territoriales et techniques de la DIANA, d’Ambanja, et des communes au sein desquelles TREM a obtenu le permis de recherche qui valideront ensuite le permis d’exploitation en fonction des résultats de ces études d’impact.
Les terres rares sont des éléments chimiques correspondant à la série des lanthanides sur la table de Mendeleïev, le tableau périodique des éléments. Ce sont des métaux très employés dans l’industrie électronique notamment. Elles sont appelées terres rares car lors de leur première découverte par Lacroix en 1922, elles étaient encore… rares. Dans ces temps les matériels utilisés n’étaient pas très performants. Mais selon le Docteur Rakotomanana Dominique, géologue auprès de la société TREM, ces terres rares ne sont pas aussi rares que leur nom le laisse croire. Des études réalisées depuis 1990 avec la coopération d’OMNIS (Office des Mines Nationales et des Industries Stratégiques), le massif d’Ampasibitika dans le district d’Ambanja est un site potentiel pour l’exploitation des terres rares. Ce géologue nous fournit plus d’explications à travers ces quelques réponses.
LTDD : En quoi les terres rares sont nécessaires ?
Dr Rakotomanana : Elles sont employées le plus souvent dans les télécommunications. Mais on les utilise aussi dans les lasers chirurgicaux à infrarouge. Et sont aussi recherchées pour leur capacité d’aimants permanents.
LTDD : Quels sont les atouts et apports de cette exploitation pour la région et pour Madagascar ?
Dr Rakotomanana : Comme toute autre activité minière, la mise en exploitation des terres rares ne peut qu'être bénéfique aux abords immédiats de la mine et ce, en raison des effets d’entraînement économique par la stimulation des autres secteurs d'activités qui devront contribuer à la vie de la mine. En plus, il y aura forcément une augmentation du flux monétaire. Des emplois directs seront créés et des emplois indirects seront générés par les activités connexes et périphériques. Ces retombées positives vont profiter d'abord aux environs immédiats de la mine et auront effets de vague qui, au final, concerneront l'ensemble du pays.
LTDD : Est-ce une opportunité pour le développement du pays ?
Dr Rakotomanana : Si le projet minier voit le jour, ce ne sera pas une opportunité mais un outil à utiliser pour revitaliser l'économie des environs immédiats de la mine d'abord et surtout, de la région par la suite et enfin du pays.
LTDD : Y a-t il beaucoup de sociétés qui exploitent actuellement les terres rares à Madagascar?
Dr Rakotomanana : Jusqu'à maintenant, personne n'exploite les terres rares en tant que telles à Madagascar. QMM (Qit Madagascar Minerals) extrait de la monazite associée à l'ilménite. On ne sait pas exactement s'ils exploitent la monazite en sous-produit ou s'ils la jettent.
LTDD : A part ces terres rares, quelles sont les ressources minières exploitables à Madagascar?
Dr Rakotomanana : A ma connaissance, les substances suivantes font partie des ressources minières traditionnelles de Madagascar : graphite et chromite. Il fut un temps, le mica en faisait partie. Les pierres gemmes précieuses (saphir, rubis, émeraude) et semi-précieuses (tourmaline, cornaline, ...) continuent d'être exploitées à Madagascar. De même en ce qui concerne les pierres industrielles et d'ornementation. Le métal noble qui est l'or faisait et continue à faire le bonheur de certains et le désespoir d'autres. L'ilménite et le nickel latéritique viennent récemment d'être mis en exploitation. Ce sont les ressources en cours d'exploitation. Est-ce qu'il y en aura encore d'autres à l'avenir ? Ceci dépend de plusieurs facteurs incitatifs aux investissements surtout internationaux. Il n'y aura pas de nouvelles perspectives si on n'encourage pas l'exploration.
■ Raitra