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Catégorie : Economie
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Au port d’Antsiranana, une guerre ouverte entre le syndicat maritime et les associations pour les emplois de manutention
Au port d’Antsiranana, une guerre ouverte entre le syndicat maritime et les associations pour les emplois de manutention

Le syndicat des marins professionnels d’Antsiranana porte l’affaire devant le tribunal accusant l’ancien directeur de cabinet de la Région de trafic d’influence et d’entrave au libre exercice du droit syndical. La Région DIANA se retrouve au milieu de cette mésentente

Une guerre ouverte entre le syndicat maritime et les associations

Les syndicalistes se sentent lésés par les dispositions mises en place dans le passé pour permettre à des travailleurs dénommés « marins complémentaires » d’entrer dans le port. « Le problème se posait déjà au tout début, c’est-à-dire lorsque ces personnes qui ne font pas partie du syndicat commençaient à avoir accès au port. Les dirigeants de cette région nous ont convaincus de faire des concessions et nous avons accepté la rotation. Maintenant, les choses vont trop loin et nous demandons l’application des textes » avance le représentant du syndicat des marins, Raymond Miarina, qui déplore que cette main d’œuvre accapare la plupart des métiers qui devraient être réservés aux membres du syndicat maritime, dont les dockers.

Le syndicat accuse l’ancien directeur de cabinet de la Région de soutenir une association de main d’œuvre « qui rassemble des criminels et délinquants récidivistes ». Pour le syndicat des marins, ces personnes n’ont rien à faire dans le port et les administrateurs du port doivent appliquer purement et simplement la loi. Aucun texte ne prévoit en effet le droit des « marins complémentaires » à travailler à bord des navires à quai. Pour le syndicat des marins, les vols perpétrés dans le port et à bord des navires salissent le métier que ses membres sont jusqu’ici seuls légalement autorisés à pratiquer. Durant la réunion qui s’est tenue à la salle de réunion de la région le 6 juillet, le directeur de cabinet, Boba Antoine a martelé à l’endroit des marins complémentaires que les emplois qu’ils obtiennent dans le port ne sont pas un droit, mais une faveur qui leur a été accordée dans le cadre contre la lutte contre le chomage. Les marins complémentaires qui réalisent les tâches d’entretien au port d’Antsiranana (nettoyage, ramassage d’ordures…) ont accès à ces emplois depuis la moitié des années 1990. La question de la légalité et de la réglementation des accès remonte maintenant à la surface car les actes minant la réputation du port d’Antsiranana dans l’Océan Indien sont de plus en plus fréquents et les travailleurs élèvent la voix sur leur conséquence dans la rotation des services. A part le syndicat des marins, quatre associations et groupements ont de la main d’œuvre dans le port. Une rotation est ainsi mise en place pour éviter les discordes, or le syndicat (dont les membres sont formés et « disciplinés ») estime qu’il ne devrait pas avoir le même traitement que ces associations.

L’intervention de la Région gêne

La réunion dirigée par Boba Antoine en présence du directeur régional de l’Agence Portuaire, Maritime et Fluviale et le président de la délégation spéciale de la commune urbaine d’Antsiranana était destinée à trouver un terrain d’entente, pour que tout le monde puisse travailler dans l’harmonie. La Région se retrouve au centre de la mêlée en arrangeant la mésentente qui a surgi au mois d’avril. Elle a tenté de réformer l’organisation et la structure pouvant coordonner les travaux maritimes et de main d’œuvre au sein du port. Une réunion des membres de la COMATA (Coordination de la Main d'Œuvre Maritime d’Antsiranana) le 30 avril s’est tenue au palais du Faritany, sur recommandation de la Région afin de renouveler les membres du bureau. Un arrêté régional N°98/2015-MID/REG/DIANA a été pis pour contrôler les tâches incombant aux diverses associations (KOMATA, COMATA, syndicat maritime et autres). Dans l’article 2 de cet arrêté, il est indiqué que le directeur de cabinet de la Région est chargé de ce contrôle et qu’il coordonne les tours dans l’attente de la mise en place de la structure. Or aucun texte ne dispose l’intervention de la Région (collectivité décentralisée) dans les activités du port. Azenort Gérard, directeur régional de l’APMF martèle d’ailleurs que l’agence dont il est le représentant dans la DIANA est la seule l’autorité chargée d’assurer la régulation du sous-secteur portuaire, maritime et fluvial.
Par cette réunion organisée le 6 juillet, la Région justifie sa deuxième intervention par le défi numéro 5 du Schéma Régional de l’Aménagement du Territoire « favoriser l’épanouissement et la solidarité sociaux », et la Région interprète : « pour pouvoir s’épanouir, chaque individu apte doit avoir un travail pouvant le faire subvenir à ses besoins ». Dans sa lettre d’invitation pour la réunion, la Région indique que la structure annoncée au mois d’avril n’a pas été mise en place « faute d’entente inclusive » et à cause de « démarches tardives ». L’intervention de la Région dans le règlement de cette affaire se poursuit donc, la prochaine étape est la mise en place du comité technique chargé de contrôler l’exécution du cahier de charges imposé aux groupements qui sont cinq à l’heure actuelle : le syndicat maritime, GOMA, KOMATA, COMATA et les autres sensibilités. Malgré invitation du directeur de cabinet au syndicat des marins professionnels à retirer sa plainte au tribunal, son représentant persiste et la suite sera connue d’ici peu. L’application pure et simple des textes interdira l’accès de la main d’œuvre issue des associations à bord de navires. Azenort Gérard précise que les décisions prises lors de la réunion seront transmises à la commission des usagers du port qui peut les accepter ou les refuser. « Dans le cas où la mise en place de la structure discutée échoue, la mise en place d’une agence intérimaire gérée par l’APMF serait la solution » indique-t-il. Le président de la délégation spéciale de la commune urbaine d’Antsiranana et les chefs de centre fiscal ainsi que du service des impôts, les représentants des forces de l’ordre ont assisté à la réunion.
■ V.M