Imprimer
Catégorie : Economie
Publication :

La recherche, l’université, l’emploi, l’économie sont des domaines qui normalement et automatiquement sont liés. Cependant, les diplômés malagasy ne savent pas toujours où se situer car la chaîne est depuis longtemps rompue

Christian Ntsay, directeur du Bureau de Pays de l’OIT pour Madagascar, Comores, Maurice et Seychelles résume ce qui doit être : « Madagascar a grandement besoin d’inverser les origines et les sources de sa croissance ; la création de la valeur ajoutée par le levier de l’innovation en faveur des micros et petites entreprises, des PME/PMI ainsi que des grandes entreprises constitue la voie la plus sûre et la plus rapide pour que les richesses de ce pays puissent profiter au plus grand nombre. » Christian Ntsay affirme « en définitive, la crise de l’emploi se caractérise par la faible quantité des emplois décents créés et par la qualité médiocre des emplois existants. Heureusement, des pistes de solution existent ; le focus sur la recherche au bénéfice de l’innovation figure parmi les initiatives à impact réel et durable pour faire face au défi de la crise de l’emploi ». En effet, le chômage et le sous-emploi touchent 9 actifs sur 10 à Madagascar. Le pays vit une crise chronique de l’emploi depuis plus de 40 ans. Cette crise de l’emploi est aujourd’hui multi-générationnelle. 6 % des emplois sont des emplois protégés à Madagascar, c’est-à-dire, 94 % des travailleurs ne bénéficient aujourd’hui ni de pension de retraite ni de couverture maladie ni de prestations sociales. « Les pertes d’opportunités économiques et les coûts sociaux engendrés par cette crise de l’emploi sont incommensurables pour Madagascar ; la pauvreté stagnante au plus haut degré pour le cas de Madagascar résulte sans aucun doute de cette crise de l’emploi. Puisque l’emploi crée de la richesse et puisque la richesse crée des emplois. Donc sans emploi, sans richesse » relate toujours Christian Ntsay. Les acteurs économiques constatant la faiblesse du pays face à la concurrence internationale formulent souvent le reproche à l’endroit des universités et des services de l’enseignement de ne former que des jeunes qui veulent être employés et non des diplômés qui envisageront de créer des entreprises.
Pour inciter et encourager le rapprochement du monde de la recherche et le monde des entreprises et du travail, le salon au service de l’économie et de l’emploi est organisé et en est maintenant à sa troisième édition. Le salon s’institutionnalise grâce à la motivation des enseignants-chercheurs et des chercheurs-enseignants avec l’implication accrue des opérateurs économiques. Il est en effet organisé par l’université d’Antananarivo, le groupement des entreprises (GEM), fivondronanan’ny mpandraharaha malagasy (FIVMPAMA ou groupement du patronat malagasy), avec l’appui de l’Organisation Internationale du Travail. Cette plateforme d’échanges et de collaboration entre le monde économique et celui de la recherche crée, directement ou indirectement, immédiatement ou dans le futur, des opportunités d’emploi.
Par l’intermédiaire de ce salon, les jeunes seront incités à s’investir dans la recherche. « Les chercheurs auront à leur portée un cadre leur permettant de diffuser et de valoriser les résultats de leur recherche ». Le transfert de technologie est aussi favorisé puisquele secteur économique et les acteurs-clés connaîtront les acquis et innovations techniques issus de la recherche à l’université d’Antananarivo et au sein des centres de recherche. Le salon promeut le marketing des produits de recherche et le réseautage entre les chercheurs, le secteur économique et toutes les parties prenantes est facilité.
Les deux jours du salon du 20 et 21 octobre ont été marqués par des expositions et une série de conférences. Les thèmes étaient variés : valorisation économique de la faune sauvage malgache, le numérique dans l’éducation : quelle employabilité ? Le rôle de la propriété industrielle en matière de promotion de l’innovation, la valorisation des inventions et des résultats de recherche.
■ V.M