L'accès à l'eau n'est qu'un problème parmi tant d'autres, mais il n'est pas insurmontable - Photo: iAko Randrianarivelo
Pendant longtemps, les idées véhiculées sur le sud de Madagascar étaient des plus sombres, sa population et son administration réduites à l’image d’assistés. La mauvaise gouvernance est à la source du problème de développement de plusieurs régions de Madagascar et l'inéquité peut toucher d'autres ou changer de côté si aucune barrière n'est installée
Le développement des quatre régions de la province de Toliara, les Jeunes Cadres de la Faritany de Toliara (JCFATO) y croient Ils ont organisé le 11 décembre une série de conférences sur le développement de cette province.Les problèmes rencontrés au niveau des régions Atsimo andrefana, Androy, Anosy et Menabe, et leurs potentialités en matière économique ont été revus et détaillés. Mais le plus important est que, les natifs de ces régions sont déterminés à s’impliquer pour apporter le changement.
Les décideurs, les dirigeants politiques sont ceux qui ont failli à leur mission
Au dernier rapport de Doing Business de la Banque Mondiale, Madagascar se classe 161ème sur 190 pays. Le rapport concerne le climat des affaires de centaines de pays et fournit des mesures objectives de la réglementation des entreprises et de son application effective. Au niveau des risques, la Compagnie Française d’Assurances pour le Commerce Extérieur classe Madagascar au niveau D. Cette compagnie de par son analyse indique l’influence potentielle d’un pays sur l’engagement financier d’une entreprise. Figurer au niveau D est loin d’être une bonne performance puisqu’il est au plus bas de l’échelle, le pays n’est pas fiable en matière entrepreneuriale. D’après l’économiste Herinjatovo Aimé Ramiarison, il n’y a que le secteur abrité (les sociétés qui ont le monopole) qui trouve son compte dans de tels environnements. Les décideurs politiques ont leur rôle dans leur promotion ou leur anéantissement. A l’évaluation des politiques et des institutions nationales 2017 (Banque Mondiale), le pays a eu une assez bonne note, mais cela n’impacte pas directement sur l’économie et le vécu de la population. Sur l’ensemble, Madagascar a obtenu la note 3,3 sur 6, la gestion et institutions du secteur public sont faiblement notées à 2,8.
Autant de chiffres qui ne viennent que montrer et prouver objectivement l'inefficacité des dirigeants en matière de gouvernance. Une sortie de la misère et un développement équitable ne sont possibles qu'avec une amélioration de cette gouvernance.
La pauvreté trouve en premier lieu son origine dans la mauvaise gouvernance explique Herinjatovo Ramiarison. « Il faut interpeller les dirigeants, les observer (surveiller)et ne pas les laisser faire ce que bon leur semblent » lance-t-il. Le président du JCFATO va encore plus loin « ce n’est pas le gouvernement qui va chercher des solutions aux problèmes du sud… les sources de ces problèmes sont connues et les solutions existent, mais l’Etat a failli à son rôle » dit-il.
Un engagement pour le changement : « l’exécutif ne sera plus le seul maître à bord »
Les jeunes cadres de la province de Toliara entendent changer la donne. Puisque le dina prouve son efficacité dans de nombreuses situations, l’application d’un dina (par une sanction suivant des engagements non tenus) aux détenteurs du pouvoir des régions concernées a été envisagée par les participants aux conférences de ce 11 décembre. L’objectif est de mettre fin aux laisser-aller, aux abus et à la priorisation des intérêts personnels au détriment des intérêts de la population. A Paris, en 2016, 21 engagements concernant le sud de Madagascar ont été présentés à la conférence des bailleurs et des investisseurs pour Madagascar et ont été pris en compte par le gouvernement. Les jeunes cadres de Toliara défendent et continuent leur plaidoyer pour que ces résolutions et celles du 11 décembre soient respectées, en s’appuyant sur la continuité de l’Etat. D’après un de ces intellectuels du sud, l’alternance au pouvoir et les changements au niveau de l’exécutif ne doivent pas constituer une excuse pour se défaire des engagements. Les jeunes cadres ont présenté leur plan dont le contenu a été amélioré à la suite des conférences. Ils vont par ailleurs impliquer davantage les députés dans ce plaidoyer et suivi des engagements. « Seul l’exécutif a eu son mot à dire, maintenant il faut s’impliquer dans l’élaboration de tous les documents stratégiques touchant le développement » a indiqué un représentant du JCFATO. Ces documents stratégiques sont entre autres le Plan National de Développement et son Plan de Mise en œuvre.
■ V.M