Les salines d’Antsahampano sont la plus grosse installation industrielle et mécanisée de production de sel du pays qui emploie jusqu’à 360 personnes en période de récolte. Visite guidée.
La Compagnie Salinière de Madagascar a été fondée en 1895. Elle exploite la saline d’Antsahampano située dans le «Cul de sac Gallois», une des baies qui constituent la baie de Diego Suarez dont la faible profondeur et l’absence de courants présentent des condition idéales. C’est la plus grosse installation industrielle d’exploitation du sel marin du pays qui compte trois autres salines dans le sud mais dont l’exploitation reste artisanale ou en cours de mécanisation.
C’est une superficie de 460 à 470 ha qui est exploitée actuellement (avec zone d’extension) : plusieurs centaines de bassins SP1, une vingtaine de bassins SP2, 22 bassins salants ou cristallisoirs.
La capacité de production, de 70 000 tonnes par an en 2006, devrait être portée à 80 000 tonnes à la fin de 2010.
La Compagnie emploie à l’heure actuelle 130 salariés permanents, chiffre qui devrait augmenter prochainement avec la mise en production de la zone d’extension. En période de récolte, 200 intérimaires sont recrutés pendant trois mois, offrant une activité de complément non négligeable aux habitants de la région.
70 à 75% de la production est destinée au marché local (sel industriel et sel alimentaire). La demande intérieure connait une forte croissance en parallèle de l’accroissement de la population du pays, et la demande à l’exportation reste forte. C’est pour répondre à cette demande qu’il a été décidé d’investir massivement pour étendre la superficie exploitée, mais la dévaluation de l’Ariary a considérablement renchérit le cout de cet investissement (matériaux importés), plaçant la compagnie dans une situation difficile, à la merci des conditions météos qui pourraient entraver le bon déroulement de la récolte.
Contraintes environnementales
Les salines sont tributaires des conditions météos : trop de pluie au moment de la récolte empêche le ramassage. Mais la plus grosse crainte rete les cyclones dont la violence peut entrainer la rupture des digues comme cela s’est produit dans le courant des années 90’. C’est pour se prémunir contre ce risque qu’une campagne de plantation de mangrove est organisée depuis plusieurs années, afin de stabiliser les digues et de les renforcer. Le rechauffement climatique et la montée des eaux qu’il risque de provoquer est aussi une raison d’augmenter ces opérations de reboisement.
Développement du tourisme économique et de nouvelles productions
Dimitri Charalambakis, le directeur du site nous confie :
«Dans l’avenir, nous envisageons de développer le tourisme industriel en partenariat avec l’ORTDS par la mise en place d’une infrastructure d’accueil touristique, par l’organisation de visites guidées. Ce
partenariat avec l’ORTDS et la Région pourrait s’inscrire dans le cadre plus général du désenclavement de Babaomby (baie du courrier, Windsor Castle, cap d’Ambre)»
De l’Océan au sel de cuisine : le procédé des Salines de Madagascar
1 - Le Vaser
À Marée haute, les vannes sont ouvertes et l’eau de mer de la baie entre dans le Vaser ou elle se décante progressivement.
2 - SP1
L’eau est ensuite transférée à l’aide de puissantes pompes (1500m3/heure) vers une première série de bassins appelés «Surfaces Préparatoires 1» (SP1) où elle séjourne pendant 2 mois.
Le carbonate de calcium se dépose au fond des bassins au fur et à mesure de l’évaporation de l’eau sous l’action du soleil. Il est possible d’en extraire du calcium.
3 - SP2
Au bout de deux mois, l’eau est transférée dans une 2éme série de surfaces préparatoires (SP2) où elle est laissée environ deux semaines. L’évaporation entraine le dépot du sulfate de calcium (CaSO4) qu’elle contient. Le CaSO4 est un des trois composants essentiels du ciment mais il n’est pas exploité à l’heure actuelle faute d’une cimenterie à proximité.
4 - Les cristallisoirs
L’eau, qu’on appelle saumure à ce stade, est transférée dans les bassins qu’on nomme «cristallisoirs» ou «tables salantes». Le sel est laissé en place pendant les 3 ou 4 années avant la première mise en production afin de créer une croute de sel épaisse suffisamment solide pour supporter le poids des engins qui feront la récolte.
5 - La récolte
Au bout de trois mois le sel est cristallisé et prêt à être récolté. Il ne faut pas attendre car si l’évaporation continue, la teneur en NaCl devient trop importante et le sel prend un gout amer qui le rend impropre à la consommation. Une machine spéciale racle la couche de sel sur une profondeur de 10 à 20 cm et le déverse dans la remorque de tracteurs qui acheminent le sel vers la zone de stockage et de transformation.
6 - Séchage et transformation
Pendant la récolte une partie du sel ramassé est envoyée directement dans le bâtiment de séchage et de transformation. C’est là que le sel est lavé pour le débarrasser de ses impuretés, puis séché dans des fours, puis réduit en poudre de différentes épaisseur : depuis le gros sel destiné à l’industrie au sel fin de cuisine.
7 - Le sotckage : la «Camelle»
Le sel qui ne peut être traité immédiatement lors de la récolte est envoyé à la camelle pour être stocké. La camelle est un convoyeur à ruban dont l’extremité peut pivoter et quipermet de remonter le sel en un énorme tas. Cette réserve est traitée tout au long de l’année une fois la récolte terminée.
8 - Conditionnement
Un fois le préparé, il est mis en sacs ou sachets qui sont ensuites rassemblés sur des palettes pour être expédiés.
9 - Expédition
Les Salines disposent d’un port qui accueille des barges dans lesquelles sont chargés les sacs et les palettes du produit finis. Puis un remorqueur s’amarre aux barges pour les conduire au port de Diego. Le sel est ensuite chargé directement sur les bateaux de pêche qui l’utilisent, ou sur des camions ou en containers pour alimenter le marché local ou être exporté.
Pour plus de renseignements :
www.salines-diego.com