En deux ans seulement, les Antsiranais se sont habitués aux vêtements et accessoires de seconde main. Dans tout Madagascar, le phénomène n’est pas récent, mais à Antsiranana, la population a toujours eu un goût pour la qualité et le luxe, même si le produit coûte cher.
Les problèmes économiques du pays de ces deux dernières années ont touché la majorité de la population et ont contribué au succès du commerce de friperie, cela a atteint Diego Suarez.
C’est dans les années 90 que Madagascar a commencé à importer des vêtements de l’Europe, de la France surtout. Les fournisseurs et les acheteurs refusent de parler de vêtements usés, certes ils ne sont pas neufs, mais ne sont pas vieux non plus. Certains se portent encore pendant deux ou trois ans.
En ce moment, le commerce de friperie s’est développé et on peut trouver de tout chez les vendeurs : des jouets, des sacs, de la lingerie, des couvertures, des chaussures… Ce qui facilite la vie des ménages malgaches car ils se vendent au moindre prix et sont encore à la mode « en plus, le prix est négociable » nous dit un vendeur. Ce dernier attire d’ailleurs l’attention des passants sur des tissus à 200 et 500 Ariary.
On peut trouver des vendeurs de friperie dans tout Diego. Le samedi, les acheteurs envahissent les rues reliant le quartier du Bazarikely à Tanambao IV, surtout du côté du bar Rostock.
A Diego, il y a une dizaine de grossistes de friperie. Une balle de 45 kg (soit environ 300 pièces) coûte entre 200 000 et 500 000 Ariary. Tout dépend de ce que contient la balle, une balle de robes d’été ou de t shirt coûte plus cher car ces types de vêtements sont les plus recherchés au marché. Certains grossistes accordent du crédit. Le revendeur paie la moitié du prix de la balle, il part avec la marchandise et l’écoule sur le marché. Il paye le reste soit dès qu’il a assez d’argent soit au moment où il achète une autre balle. Quand nous avons demandé à un vendeur si son commerce est rentable, il répond qu’il lui est difficile de vendre le tiers de la balle « les acheteurs choisissent les meilleurs, alors le reste est de mauvaise qualité. Pour que nous puissions renouveler nos produits, nous devons les vendre, même au moindre prix. Et donc pour que le commerce soit rentable, il faut bien calculer.»
La plupart de ces commerçants paient une taxe à la Commune et évoluent dans le secteur informel, ce qui fait qu’il est difficile de comptabiliser ce qu’apporte ce type de commerce pour l’économie locale.
Nombreux sont les victimes de la friperie à Diego, il s’agit surtout des couturiers qui n’ont plus de clients qu’à Noël et à la rentrée (car on ne peut pas trouver de blouses ni d’uniformes à la friperie). « Nous comprenons les gens en fait.. » nous explique une couturière « à la friperie, ils n’ont pas à débourser deux fois de l’argent comme c’est le cas chez nous, il faut acheter du tissu, puis il faut payer le couturier. Heureusement, il y a encore des personnes qui apprécient notre travail, les bureaucrates et les militaires par exemple avec leurs épouses. »
Pour s’habiller et surtout en dehors des périodes de fête, la majorité de la population antsaranaise a recours à la friperie, il s’agit surtout d’un intérêt pratique car il y a une large différence entre le prix du neuf et de la seconde main.
■V.M.
Commentaires
Si je suis le seul scandalisé, tant-pis!
S’abonner au flux RSS pour les commentaires de cet article.