Lors de notre visite, deux des cinq moteurs étaient à l'arrêt : le premier pour une opération de maintenance normale (celle des 24 000 heures), l'autre en raison d'une panne de turbo compresseur. Pour assurer la continuité du service, l'équipe d'ENELEC était en train de démonter la pièce sur le moteur en maintenance longue pour remplacer celui défectueux en attendant de recevoir une nouvelle pièce envoyée de Tana.
La JIRAMA sous traite une grande partie de la production d'électricité pour Diego Suarez à la société ENELEC, le premier opérateur privé dans la production d'énergie au fuel lourd à Madagascar. En cette période de délestages, le directeur du site nous a obligeamment accueilli pour nous donner quelques lumières sur les raisons de ces pénuries
A Madagascar, la JIRAMA (JIro sy RAno MAlagasy, la compagnie d'eau et d'électricité de Madagascar) entretient des partenariats avec des sociétés privées telles que Henri Fraise Fils & Cie., ou la Société ENELEC qui fournissent dans plusieurs villes de Madagascar tout ou partie de l'électricité consommée. C'est le cas à Tamatave, Mahajanga ou encore Diego Suarez, les principales villes secondaires de la Grande Île qui ont subit ces dernières années d'importantes pénuries d'électricité en raison d'une croissance et d'un développement rapide de leurs populations accompagnés de l'installation de nouveaux opérateurs économiques. Depuis 1999, tout opérateur privé peut produire de l'électricité et peut mettre en vente son produit sur le marché, dans le cadre de la libéralisation du secteur et ce, sous la supervision de l'Office de Régulation de l'Electricité qui se charge de la détermination des prix plafond de l'électricité, du contrôle des normes et qualité des services ainsi que de la supervision de la concurrence.
ENELEC, en tant que prestataire « loue » son usine à la JIRAMA, c'est-à-dire qu'elle s'engage à mettre à disposition une usine opérationnelle pour fournir l'électricité que la JIRAMA se charge de redistribuer pour répondre aux besoins quotidiens de la ville de Diego Suarez et de quelques communes alentours. L'approvisionnement en carburant (fioul et gazoil) ainsi que le traitement des déchets sont à la charge de la JIRAMA. Le calcul de la puissance fournie par la société ENELEC prend en compte les nécessaires opérations de maintenance régulières qui obligent celle-ci à régulièrement mettre à l'arrêt un de ses moteurs. Si ce mode de fonctionnement a donné toute satisfaction pendant les premières années, la demande de la JIRAMA a sans cesse augmenté provoquant les différents « blackouts » qu'a subi la ville ces derniers temps. Des dispositions ont alors été prises récemment par ENELEC pour que toute coupure générale suite à une surcharge du réseau n'excède pas plus de 15 minutes. A cet effet un groupe de secours de 70 kva a été installé au sein de la centrale donnant à cette dernière une autonomie de redémarrage sans attendre le rétablissement partiel du courant par la JIRAMA.
Une production toutefois insuffisante
Le développement de la ville, avec l'installation de nouveaux opérateurs économiques, en est la principale raison. Mais les pertes importantes sur le réseau de distribution vétuste, ainsi que l'ancienneté des moteurs de la JIRAMA sont également des facteurs non négligeables. Depuis quelques semaines, la situation a atteint un seuil critique qui oblige ENELEC et la JIRAMA à faire tourner en permanence tous leurs moteurs.
Et le moindre arrêt, à cause d'un incident ou dans le cadre d'une opération planifiée de maintenance (en coordination avec la JIRAMA), entraîne une insuffisance dans la production d'énergie qui contraint la JIRAMA à procéder aux délestages tournants ou à demander aux plus gros opérateurs disposant d'une capacité autonome à sortir du réseau.
Depuis plusieurs années, la JIRAMA a entamé des négociations avec les plus importants opérateurs économiques et grands consommateurs d'électricité de la ville afin qu'ils puissent réduire leurs consommations pendant les heures de pointe (entre 17h et 21h environ), voire sortir du réseau.
C'est le cas par exemple de la STAR, de PFOI, du Grand Hôtel… qui disposent de leurs propres groupes électrogènes.
La maintenance préventive, une nécessité
Au cours de notre visite, samedi, un des moteurs était en arrêt pour « la révision des 24 000 heures » (soit après près de trois ans de fonctionnement). Cette intervention importante nécessite une dizaine de jours d'arrêt. Or, un autre groupe était à l'arrêt depuis quelques heures suite à la rupture de son turbo compresseur. En attendant la livraison d'une pièce de rechange expédiée depuis Tana, les techniciens de maintenance s'affairaient en urgence à démonter la pièce sur le groupe en maintenance pour la remonter en urgence sur celui en incident, et parvenir ainsi à redémarrer celui-ci dans les meilleurs délais.
Une seule solution : l'augmentation de la capacité
A long terme, la seule solution envisagable est l'augmentation de la capacité de production. Continuer sur ce pied est en effet impossible en raison de l'usure rapide qu'il entraîne pour les materiels en place, et du fort impact négatif que la situation a sur l'activité économique de la ville -sans parler du bien être de ses habitants.
La société « Énergie Électrique » ou ENELEC est le premier opérateur privé dans la production d'énergie au fuel lourd à Madagascar en partenariat avec la JIRAMA. Aujourd'hui, avec une capacité de 40 mégawatts, elle est présente à Antsiranana (7,5 mégawatts), Mahajanga (13 mégawatts) et Toamasina (22 mégawatts). Elle peut mettre en place rapidement des centrales thermiques sur mesure et répondant à la demande du client. Globalement, ces centrales thermiques sont opérationnelles dans un délai de 5 à 6 mois.
L'usine de Diego Suarez, entrée en service au mois d'août 2007, a été officiellement inaugurée le 20 octobre 2007 par Marc Ravalomanana. Elle fonctionne depuis 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et 365 jours sur 365. Elle emploie une équipe de 17 personnes composée d'ingénieurs indiens, de techniciens et agents de maintenance malgaches. Parmis ces derniers, Apollinaire nous explique qu'après avoir passé un BAC technique à Fianarantsoa, c'est au Lycée Technique de Diego Suarez -précisement à l'Institut Supérieur de Technologie- qu'il a fait deux années de spécialisation en Eléctro-technique qui lui ont permis d'être intégré au personnel d'ENELEC. Il nous dit apprécier son travail, et les conditions dans lesquelles il l'exerce.
Le réseau de distribution d'électricité à Diego Suarez
ENELEC Antsiranana : 5 moteurs - 7695 mégawatts
L'usine ENELEC Antsiranana est équipée de cinq groupes 9L20 de marque Wärtsilä d'une puissance maximum unitaire de 1539 kilowatts heure pour un total maximum théorique de 7965 kilowatts. Les moteurs sont couplés à des génératrices de marque Leroy Somer. Chaque moteur consomme environ 6,5 tonnes de carburant par jour -fuel ou gasoil-, et au moins 10 litres d'huile.
Wärtsilä 9L20 - 50 Hz/750 rpm | ||
Puissance électrique | 1539 kW | |
Taux de rendement thermique | 8604 kJ/kWh | |
Rendement électrique | 41.8 % | |
Longueur | 6820 mm | |
Largeur | 1950 mm | |
Hauteur | 2620 mm | |
Poids | 24 tonnes |
- Taux de chaleur et de rendement électrique aux bornes du générateur, y compris les moteurs-pompes.
Conditions ISO 3046 et tolérance LHV. : 5%.
- Facteur de puissance : 0.8.