La spécialité : l’incrustation de nacre, mais les artisans souffrent d’un manque d’échanges et ...de la crise !
«Ce n’est pas facile de travailler à Antsiranana», assure Tony, un des artisans diégolais spécialisé dans l’incrustation de nacre, «nous ne sommes pas très nombreux et le marché est difficile». Tony fait partie de la poignée d’artisans diégolais qui tentent de résister à la crise et au manque de stimulation créative dont souffre la ville. «Beaucoup de maîtres artisans ont quitté la ville, il y a quelques années», explique Tony qui avait suivi le mouvement, «ils se sont installlés à Nosy Be ou ailleurs pour être plus près des touristes, mais certains sont à présent revenus. Nous tentons de nous réunir pour nous entraider. Mais le Diégolais manque de motivation dans l’apprentissage et aussi de moyens. Alors, il laisse vite tomber quand cela ne marche pas», tranche Tony.
Ce constat, Tony n’est pas le seul à le faire. La ville de Diego Suarez qui bénéficie d’une étonnante facilité d’accès aux matières premières de l’artisanat, tel le coquillage, les bois précieux, les pierres précieuses ou semi précieuses produit pourtant ...très peu d’artisanat local. La plupart des objets sont fabriqués dans la capitale et acheminés ensuite vers Diego. «C’est difficile d’avoir une régularité dans la production», témoigne-t-on à la boutique, l’Arbre du Voyageur. «En outre, les artisans locaux vous donnent souvent un travail inachevé. Ils ne prennent pas la peine ou n’ont pas les moyens de faire de jolies finitions. Résultat: leurs objets sont invendables», témoigne un autre gérant de boutique.
Cette situation s’est évidemment aggravée depuis la crise politique, mais les racines du ‘mal’ sont plus anciennes. Selon Nirina Rakotobe de l’association Madacraft, elles sont en partie liées au manque d’indépendance accordé par la capitale aux régions malgaches et en particulier à Diego. «Il n’y pas de partenariat avec les banques locales, pas de centrales d’achat pour les outils en ville», s’insurge-t-elle, «il n’y a pas non plus de possibilité pour les artisans d’exporter sans passer par la capitale, alors que nous sommes une ville portuaire. C’est un comble, non?», interroge encore la jeune femme.
A l’image des autres secteurs, l’artisanat diégolais souffre en somme d’une forme d’hypercentralisation du pouvoir ‘à la française’.
Mais soyons honnête: dans les autres régions de Madagascar, la profession n’est pas davantage protégée, ni structurée. Etre artisan à Madagascar reste un métier aléatoire qui dépend autant de la conjoncture économique que de la rigueur personnelle. Et la capitale ne saurait être la cause de tous les maux...
Balade dans les boutiques d’artisanat à Diego
Dans la seule ville de Diego, une bonne dizaine de boutiques propose un artisanat malgache, venu des différentes régions du pays, mais souvent fabriqués dans la capitale, Antananarivo qui possède les ateliers les plus pointus du pays.
La plupart des boutiques d’artisanat sont placées sur le tracé de la rue principale qui va de la rue Colbert vers la rue Lafayette et le marché central, soit l’artère principale de la ville. Heureusement pour le client, chaque boutique a tenté de se spécialiser, tout en proposant généralement la production malgache classique, faite de nappes brodées, de sacs en rabane et d’objets en bois ou en coquillage.
Si l’on démarre en haut de la ville, qui est également la ville où résident la plupart des Antsiranais, on notera d’emblée une grande boutique très fournie, celle de Tony. Cette boutique rassemble une vaste collection de sacs en rabanne, de djembés, de ceintures, de pierres semi précieuses, tout cela à des prix raisonnables. Un peu plus loin, à droite en allant vers la place de la mairie, la petite boutique Pousse Pousse vient de s’ouvrir. Elle propose quelques appliques en terre, un choix réfléchi d’objets, ainsi que des T Shirts, «porteurs de message» comme l’explique son propriétaire. Ainsi, «Je suis malgache et ne le regrette pas»!
En arrivant sur la place de la mairie, plusieurs boutiques d’artisanat se succèdent sur la droite de la place. La première, appelée les Ateliers de l’artisanat est reconnaissable entre toutes par son sol en sable. La production malgache y cotoie des objets venus d’Indonésie qui donne au lieu un cachet particulier. Dans les rayons ‘objets malgaches’, la boutique se singularise par un vaste choix d’objets de tables, comme les sets en vetiver, des ronds de serviettes en coco ou des coupelles en canelle qui sentent encore ...la canelle. Cette grande boutique propose également de nombreux objets faits en marquetterie: des jeux, des coffres, des boites, des stylos...
Juste en face, une petite boutique appelée Perle d’O propose de jolis bijoux de créateur, où des pierres semi précieuses sont serties avec goût et un vrai sens de la finition. Une collection exclusive de sacs en rabane tissés ou crochetés devraient également plaire à ceux qui aiment le bel objet stylé. Sur le même trottoir, un peu plus loin, l’Arbre du Voyageur offre un choix d’objets malgaches de qualité, auxquels l’artisan diégolais Tony apporte sa contribution particulière. A ce choix, s’ajoute la créativité de l’initiateur du lieu, qui propose entre autre, des masques en cuir de zébu, faits de ses mains.
En revenant vers la place de la mairie, où se tient souvent un marché présentant une production artisanale qui n’a pas toujours les moyens de s’offrir une boutique, on se dirige naturellement vers la rue Colbert, soit la rue principale de l’ancienne ville coloniale. C’est là que se succèdent tavernes, boutiques et hôtels. La boutique d’artisanat Azur qui se situe sur le trottoir de gauche, en descendant offre un choix de produits recherchés. Sa spécialité est le sac: qu’il soit en crochet, en jutte ou en rabane mélangé à de la soie ou à du coton, ce qui donne une souplesse ou une préciosité au sac classique, ils sont choisis avec soin et goût. Mais Azur vend également de jolies sandales en crocodile, à un prix abordable (70 000 Ar, soit 25 Euros). A quelques pas de là, il y a le Village, la boutique de maquettes de bateaux. Le Village, présent dans plusieurs villes de Madagascar réalise un travail d’exception dans la reproduction de célèbres voiliers, comme la boudeuse. Juste à côté, il y a la galerie Marthe Ravaozanany qui propose des nappes malgaches, des sacs et des sandales en cuir, essentiellement. Quelques pas plus bas, Bleu nuit et Bamboo offrent ensemble un choix plus fashion de vêtements pour filles et de bijoux tendance.
De l’autre côté de la rue Colbert, il y a principalement la boutique Ino Vaovao. Cette dernière a la spécificité de proposer à la fois de l’artisanat traditionnel, mais également des vêtements, des paréos, des alcools, comme les célèbres rhums arrangés et une vitrine de pierres précieuses ou semi précieuses. Ce vaste espace e de quoi répondre aux désirs d’une clientèle variée.
Plus bas, une nouvelle boutique de luxe s’est ouverte, proposant essentiellement de la vanille de la marque Floribis et des sacs ou chaussures en crocodile de la marque Reptel. Mais les prix font un bond comparativement puisque la sandale en crocodile est vendue à 300 000 Ar, soit 120 euros, environ.
Un peu hors des sentiers battus, il y a enfin la boutique Suarez’Art, qui se situe près du port, en face d l’hôtel de la Poste. Sa propriétaire aime le vêtement et offre, aux côtés des objets d’artisanat traditionnels tels les jeux en palissandre ou les nappes brodées, des vêtements souples et amples, en coton beige ou blanc. Jolis et agréables à porter.
Pour ceux qui voudraient faire des achats de pierres précieuses ou semi précieuses, il y a aux côtés des bijoutiers, essentiellement trois établissements: l’Arche en Pierre, située en bas de la rue Colbert, où le lapidaire Thierry Wins et Stéphane Picq proposent des saphirs, des grenats démantoïdes et une variété importante de pierres fines. Sur le même trottoir, en face de l’Alliance Française, il y a la Société tropicale minière, qui offre également un choix de pierres, choisie avec professionnalisme. Enfin, il y a la vitrine soignée d’Izidiny, dans la boutique Ino Vaovoa.
Enfin particularité malgache, très présente à Diego: les boutiques de T shirt. Si ce n’est plus de l’artisanat, ces boutiques proposent une variété de T shirts, de polos, de petites robes imprimées qui sont propres au pays. Les marques Carambole, le Maki et Baobab se disputent les trottoirs de Diego. Les prix se valent et oscillent aux alentours de 25 000 Ar, le T shirt, soit 10 Euros, environ.
Finengo M