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Catégorie : Editoriaux
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Manifestation des jeunes de Diego Suarez à l'annonce de la fermeture prochaine du Lycée Français Sadi Carnot, en 2011
Manifestation des jeunes de Diego Suarez à l'annonce de la fermeture prochaine du Lycée Français Sadi Carnot, en 2011

Alors qu'il y a quelques semaines lors de son passage à Diego Suarez, l'Ambassadeur de France réaffirmait qu' « aucune décision n'était arrêtée » et que « rien ne se ferait sans concertation », les enseignants du Lycée français ont eu la mauvaise surprise lundi 15 octobre, d'être informés de la fermeture définitive du lycée à la fin de l'année scolaire

On se souvient que l'Agence pour l'Enseignement Français à l'Etranger (AEFE) décidait brusquement en janvier 2011 de fermer le lycée français de Fianarantsoa et de déconventionner les écoles primaires françaises d'Antalaha et de Manakara, et projetait de fermer la section lycée de Diego-Suarez. Un pas supplémentaire semble avoir été franchi puisqu'il est cette fois annoncé la fermeture définitive des classes de secondes, premières, et terminales du lycée français de Diego Suarez.

L’établissement propose actuellement l’enseignement de la Préscolarisation à la Terminale. La section lycée accueille actuellement près de 80 élèves. Le lycée s’est fait remarquer l’an dernier avec un taux de 100% de réussite aux épreuves du baccalauréat. Les frais de scolarité vont de 796 à 1771 euros. Le système des bourses permet au lycée d’accueillir de nombreux étudiants locaux, parmi les plus brillants.
Les restrictions budgétaires sont la cause première de la volonté de restructuration de l’AEFE, qui doit concilier les attentes légitimes des ressortissants français résidents à Madagascar en demande d’un enseignement de qualité pour leurs enfants, avec les économies partout recherchées au sein de l’Etat français pour faire face à la crise actuelle.
Le principal argument avancé pour cette fermeture est en effet financier : quel président de conseil régional voudrait financer l’entretien d’un lycée pour seulement 80 élèves ? Et alors que les années lycées sont l’âge où les jeunes découvrent la société, ne vaut il mieux pas pour eux un internat dispensant un enseignement de qualité dans un vaste établissement regroupant des moyens conséquents, plutôt que s’évertuer à maintenir à grand frais de petites structures dont la taille ne permettra jamais d’offrir le choix dans les orientations nécessaire à un plein épanouissement des potentiels des jeunes ?
A ces arguments financiers s’opposent d’autres arguments également financiers : la fermeture des lycées et le transfert de leurs élèves au Lycée Français d’Antananarivo entraineront des dépenses supplémentaires pour l’internat, à la charge de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE) ou de leurs parents pour la prise en charge des élèves français.
Mais aussi sécuritaires : est on bien rassuré d’envoyer un adolescent à plus de mille kilomètres de ses parents, dans une ville qui ne brille pas par ses statistiques concernant les jeunes, en matière de drogue et de délinquance notamment.
Cette logique purement comptable heurte aussi profondément la population locale, traditionnellement la plus francophile et francophone de la Grande Île, qui se voit avec fatalisme un peu plus abandonnée à son sort, dans la continuité de la crise politique qui ne se résout pas. 
Et la présence de la France, dans ce qu’elle a de meilleur à proposer -sa culture, à Diego Suarez, une ville qui se souvient avoir été au cœur du monde du temps de son rôle de base navale de première importance, doit elle n’être envisagée que sous un aspect mercantile et à court terme ?

Vives réactions et manifestations annoncées

S’il est annoncé « que la décision va être prise », rien n’est encore officiellement acté. L’Ambassadeur de France à Madagascar devrait se rendre prochainement dans les villes concernées par ces décisions pour les expliquer.
La communauté française a donc décidé de lutter tant qu’il sera possible pour tenter de la faire annuler.
Selon les informations communiquées par le Président de l’Association des Parents d’Elèves du Lycée français Sadi-Carnot (APE), une première journée «Ecole morte», avec blocage du Lycée Français est prévue se tenir le jeudi 18 octobre. Un meeting d’information des parents, du public et des médias aura lieu à 8h devant l’entrée du Lycée, suivi d’un défilé vers 10h dans la rue Colbert. Retour au Lycée et pied de grève jusqu’au soir.
Le tout dans la joie et la bonne humeur...