Les suspicions de corruption lors du vote des lois régissant les élections à l’Assemblée Nationale détériorent le climat politique déjà tendu
Le vote des lois organiques régissant les élections à Madagascar et les révélations de corruption dans le cadre de leur adoption ont emmené un climat politique tendu. Dans un camp, se trouve les pro-HVM, les partisans du parti du régime en place et dans un autre se sont regroupés les partisans MAPAR, TIM, MMM et indépendants qui cette fois ont trouvé un intérêt commun à défendre
La révélation de l’existence de corruption à l’Assemblée Nationale n’est plus si surprenante. Outre le fait qu’à Madagascar, le versement de pot-de-vin est devenu monnaie courante, la situation où la corruption a été évoquée à l’Assemblée Nationale n’est pas une chose nouvelle. En 2015, les dénonciations de corruption de députés allaient déjà bon train après que la motion de censure contre le gouvernement ait été rejetée. Dans le cadre du vote de ces lois organiques, ce qui sidérait était le montant destiné à amadouer et convaincre chaque député pour lever la main afin de faire passer le projet de loi sur le régime général des élections et des référendums. D’après la déclaration de la députée Hanta Razafimanantsoa , « chacun des 79 députés qui ont voté le 3 avril l’adoption de cette loi organique a obtenu 50 millions d’ariary ». Les corrupteurs auraient donc déboursé près de 3 milliards 950 millions ariary pour cela. La question principale est, d’où provient cet argent ? Le Bureau Indépendant Anti-Corruption mène l’enquête après le dépôt d’une doléance par certains députés indépendants, ceux du MAPAR (Miaraka amin’ny Prezidà Andry Rajoelina), du TIM (Tiako i Madagasikara) et du Malagasy Miara-Miainga. Les pro-HVM sont accusés de corruption par ces députés qui se sont abstenus de voter. Un autre fait attire l’attention. Le nombre de votants dépasse le nombre de ceux qui étaient vraiment présents. Alors que les députés qui ont préféré sortir de la salle et qui se sont abstenu de voter étaient au nombre de 73, les votants étaient, d’après les résultats du vote, au nombre de 79. L’effectif des députés serait donc passé de 151 à 152 alors même que le député décédé de Vohémar n’était pas encore remplacé et qu’un autre était absent. De plus, le président de l’Assemblée Nationale ne vote pas. Les députés du TIM, MAPAR et MMM avec quelques élus indépendants de partis politiques ont déposé le 6 avril une lettre de réserve à la Haute Cour Constitutionnelle, dénonçant le non-respect du règlement intérieur de l’Assemblée Nationale lors du vote. Les procédures et règles pour le vote de loi organique suivant les dispositions constitutionnelles ont été violées. Ces députés affirment pouvoir prouver les faits de corruption et s’en sont remis officiellement au BIANCO le même jour.
D’après la SADC, il n’y a pas de crise politique à Madagascar
Une délégation de la SADC (Communauté de développement des pays de l’Afrique australe) a effectué une visite à Madagascar pour une évaluation de la situation les 5 et 6 avril. Le chef de la délégation en la personne du ministre des relations extérieures de l’Angola, Manuel Domingos Augusto et Président du Conseil des Ministres de l’Organe pour la politique, la défense et la sécurité de la SADC a déclaré à la fin de cette mission « pour nous il n’y a pas de crise politique à Madagascar, il y a des disputes pré-électorales. » Le chef de la délégation a par ailleurs souligné face à la presse « on quitte Madagascar encouragés car on pense que tous les acteurs sont mobilisés pour que les prochaines élections puissent avoir lieu dans une ambiance de paix, de sérénité, de transparence et d’ouverture. » La délégation, durant cette mission, a rencontré différents acteurs politiques, la société civile, les autorités civiles…
■ V.M