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De nombreuses attentes pour un mandat de cinq ans
De nombreuses attentes pour un mandat de cinq ans - Photo: Fita

La campagne électorale a pris fin le 5 novembre à minuit. Le peuple malagasy continue de tracer sa route pour cinq années décisives de son histoire, pour, peut être enfin, sortir de la pauvreté

Un flou entretenu autour des programmes des candidats

Pour la plupart des candidats, ce qu’ils soutiennent être leurs programmes ne sont que des bribes d’intentions sans précisions pratiques ni sur le procédé de réalisation (au moins sur les ressources à mobiliser pour cela) ni sur les origines ou raisons du choix correspondant aux programmes. Les candidats ne laissent pas aux électeurs la possibilité de savoir plus sur la faisabilité de leurs programmes par un choix bien fondé. L’engagement sur le respect des principes de bonne gouvernance fait également défaut. L’ignorance et le silence qu’ont opposé la plupart des candidats aux demandes de transparence sur la gestion de leurs fonds de campagnes et de l’origine des financements de celles-ci sont un avertissement de ce qui attend la population en termes de transparence et de redevabilité du futur Président. Lors de débats entre les candidats, ce sont des accusations des uns sur les autres qui pleuvaient outre les énumérations des solutions qu’ils croient adéquates aux problèmes que rencontre la population. Plus surprenant encore, et une première dans l'histoire des élections à Madagascar, Saraha Rabeharisoa déclare en cours de campagne qu'elle soutient un autre candidat.

Des électeurs distants

A Antsiranana, les campagnes rassemblent un public curieux, mais outre la ferveur partisane, un désintérêt marqué par rapport à cette élection présidentielle se fait sentir. « Cette Région a été oubliée pendant des années. Faut-il rappeler les problèmes d’eau et d’électricité, la RN6 qui a fait l’objet de tant de promesses, mais que nous avons regardé se détériorer de jour en jour, l’insécurité qui a fait perdre tant de vies… Nous avons été isolés. Moi personnellement, je ne crois plus aux politiciens » indique Rabezandriny Alfred, un électeur venu écouter les promesses d’un candidat sur la Place de l’Indépendance « Le problème est qu’il faut bien élire quelqu’un » se rend-il compte « les candidats sont trop nombreux et je n’ai pas remarqué lequel ou laquelle mérite que nos attentions s’y attardent ». Il y a quelques semaines, alors que la liste électorale était ouverte pour vérification, les électeurs ne se pressaient pas aux bureaux des fokontany pour savoir si leurs noms y figuraient. Rabesoavina Richard, président de section du FMF-CNOE (Comité national pour l'observation des élections) de Diego Suarez I raconte que lors des sensibilisations pour cette vérification de l’inscription dans la liste électorale, la plupart des foyers visités n’avaient pas l’intention de la faire. « Les citoyens se désintéressent de la politique parce que cela n’a rien changé à leur quotidien » explique-t-il. Rondro Ramahefamanana, de ces retraités qui ont leurs points de vue sur la politique, mais qui réservent le plus souvent leur point de vue à un cercle fermé lance « la pratique politique à Madagascar ne stagne pas, elle recule. Il faut que cela change parce qu’il ne s’agit plus de manipulations politiques, mais d’infantilisation pour empêcher le peuple de réfléchir et de participer à la vie politique ».

« la pratique politique à Madagascar ne stagne pas, elle recule. Il faut que cela change parce qu’il ne s’agit plus de manipulations politiques, mais d’infantilisation pour empêcher le peuple de réfléchir et de participer à la vie politique »

Rondro Ramahefamanana, retraité
Appels pour une meilleure pratique et gouvernance politique
Les électeurs décident demain dans l’espoir de meilleures années à venir
Les électeurs décident demain dans l’espoir de meilleures années à venir

Dans une lettre diffusée sur Internet, le syndicat des travailleurs, FISEMA, lance un appel aux futurs tenants du pouvoir. Le syndicat appelle à la cessation de la pratique de la politique de domination et d’accumulation de pouvoir et de richesse, il demande la mise en place d’un espace de dialogue inclusif pour le redressement du pays, à la garde et à la valorisation des sagesses ancestrales dont la solidarité et la fraternité ainsi que la protection et la promotion des droits et principes édictés dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ratifié par Madagascar.

Transparency International Initiative Madagascar a quant à elle l’intention de sanctionner moralement le candidat qui aurait fait de fausses déclarations ou qui refuserait de renseigner le public sur le coût du financement de sa campagne. Les candidats pouvaient donner des détails en ligne, mais jusqu’à ce jour, six candidats sur les 36 ont fourni partiellement ou complètement les informations. Il s’agit de Rasolofondraosolo Zafimahaleo dit Dama, Rabary Andrianirina Paul, Jean Omer Beriziky, Radilofe Mamy Richard, Zafivao Jean Louis, Tabera Randriamanantsoa. L’ONG, par sa directrice exécutive à Madagascar, déclare que parallèllement aux déclarations demandées aux candidats, des enquêtes relatives aux financements des campagnes sont menées. Durant la période électorale, la société civile malagasy semble trouver sa vivacité et les membres de la presse, bien que cela ait été craint, ne se sont pas livrés à des batailles médiatiques violentes d’ordre politique. La Nation malagasy a désormais besoin d’un rapport pouvoir et contre-pouvoir équilibré, ce que le journaliste et juriste André Linard appelle « complémentarité conflictuelle ». Ce rapport qui mettrait quelques limites à la désinvolture des dirigeants.

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