« L’égalité de genre est un progrès pour tous » était le thème de la célébration de la journée mondiale de la Femme cette année
« L’égalité de genre est un progrès pour tous » était le thème de la célébration de la journée mondiale de la Femme cette année. Il est ressorti à travers les débats, les conférences, articles de presse et reportages que tant que l’homme et la femme ne sont pas conscients et convaincus de leurs égales responsabilités et droits égaux, ils ne peuvent les mettre en application et apporter le progrès.
Force est d’admettre que l’application de l’égalité de droit n’incombe pas uniquement au gouvernement et au pouvoir législatif. Certes l’on attend d’eux les textes d’application des traités et conventions ratifiés au niveau international, mais pour l’homme et la femme, l’application démarre au sein du plus petit groupe social auquel ils appartiennent, c’est-à-dire leur foyer, leur lieu de travail, les groupes d’amis, les liens de voisinage…
L’application de l’égalité des droits et du genre peut parfois être imposée, mais c’est au quotidien qu’elle prend source, c’est-à-dire dans tout ce que l’existence impose à l’homme et la femme, au mari et à l’épouse, à la mère et son fils, au père et sa fille, l’employeur et l’employée… Lors du débat organisé à l’hôtel de ville d’Antsiranana sur ce thème de la célébration de la journée mondiale de la Femme, l’incompréhension de l’homme face à ce qu’est « l’égalité des genres et l’égalité des droits » a été soulevée pour la énième fois. « Les termes sont interprétés à tort et à travers par les hommes » lance une femme, car il y a des hommes qui considèrent ces manifestations des femmes pour l’égalité comme un besoin de domination. « Et non, nous ne subtiliserons pas aux hommes leur statut de chef de famille, si c’est cela qu’ils craignent, nous avons pour l’instant besoin de leur compréhension et leur appui» a-t-ellepoursuivi.
Une difficulté que rencontre la femme malgache d’aujourd’hui autant dans sa vie de famille que dans ses relations sociales, ce sont les pratiques culturelles et traditionnelles qui priment sur les lois. Beaucoup de femmes liées par des liens de mariage coutumier sont lésées quand il y a séparation et n’obtiennent pas une distribution à parts égales du bien commun comme la loi le dispose. Dans le nord de Madagascar, une manière pour la femme d’éviter une telle injustice en cas de discorde est de partir en cachette avec le maximum de biens. Il arrive bien des fois que l’homme, une fois rentré retrouve une maison vide. Une pratique qui n’est pas à encourager, mais qui prouve que la femme est consciente de cette injustice et veut y remédier à sa manière.
Malgré les exigences du métier et de la profession, la femme malgache est jusqu’à aujourd’hui la première responsable de l’éducation des enfants et des soins, l’on ne s’étonne donc pas si nombreuses sont les femmes qui renoncent à une vie associative ou à une carrière politique faute de temps et de courage. Au niveau de l’emploi, certains employeurs, en apparence, respectent les articles et les textes relatifs aux droits de la femme, mais d’un point de vue pratique, y apportent des exceptions. Il en est ainsi de l’entreprise qui publie un offre d’emploi ouvert à toute personne, homme ou femme, mais qui a déjà la ferme intention d’engager un homme pour ne pas s’encombrer d’une femme qui a ou aura un jour des enfants. Il en est de même pour les reproches silencieux ou exprimés sur les absences ou retards de l’employée causés par la maladie des enfants. « Des droits qui retardent l’évolution de l’entreprise et influencent la productivité » nous dit un gérant d’entreprise.
L’idéal serait que la femme occupe un poste important parce qu’elle a les capacités et la compétence et non pas parce qu’elle est la fille du patron ou qu’elle a dû user de ses charmes pour y parvenir. Cependant, la seule volonté de la femme ne suffit pas. Pour que la femme soit capable et compétente, qu’elle puisse apporter le progrès, il faut déjà que les parents acceptent de scolariser leurs enfants et ne pas faire de distinction entre l’éducation des filles et des garçons.
■ V.M