Pour les malgaches, les tresses par leurs entrelacements sont symboles de liens, et reflètent l’union, la fraternité et la cohésion du « fihavanana »
Les tresses, taly ou randrana pour les Malagasy sont une coiffure consistant à entrelacer de nombreuses mèches. En général, les femmes des régions côtières arborent de nombreuses petites tresses tandis qu’ailleurs, les cheveux se coiffent par l’enroulement de deux nattes au niveau de la nuque. Les cheveux étant au sommet du corps humain, la coiffure pour les Malagasy reflète la place d’une femme dans la société et sa situation matrimoniale. Néanmoins, chez les Sakalava du nord, il n’y a pas de coiffure ou tresse qui soient destinées aux femmes mariées ou célibataires. Il existe deux types de tresses, tsiandalana : les mèches sont tissées pour faire des ronds, et andalana : les tresses sont bien alignées.
Une longue chevelure symbolise la beauté. D’après les recherches, chaque région, chaque foko a sa propre manière de tresser. Il existe des coiffures spécifiques pour les jours ordinaires, pour le mariage, pour un deuil. Bien que cette tradition tend de jour en jour à se perdre, dans de nombreuses régions de l’île, les femmes ne se coiffent pas pendant le deuil. Elles dénouent les tresses et laissent leurs cheveux en désordre. Dans les rites funéraires royaux des Sakalava du nord de Madagascar, dès l’annonce du décès du souverain, hommes et femmes se rasent la tête.En dehors de ces rites royaux, il n’y a pas de recommandations particulières pour la coiffure chez les Sakalava pour le deuil, mais lors des visites de tombeau (tout comme pour la circoncision), les tresses sont plus grossières. Les cheveux sont séparés pour constituer sept grandes mèches qui sont alors tressées et laissées non attachées. Les femmes qui viennent d’accoucher ont aussi de grosses tresses afin qu’elles ne souffrent pas d’un tissage trop serré.Les tresses sont formées en dodoko (pliées) pour qu’elles ne gênent pas la jeune mère dans son sommeil. Une femme qui se marie a des tresses bien fines et c’est la belle famille qui les réalise en présence de la famille de celle-ci. Comme la tresse nécessite de la patiente et de l’attention, c’est une manière de voir si la belle-famille a de telles qualités. Les femmes âgées ont des tresses particulières. Les cheveux sont séparés au milieu et tressés en deux parties.Dans les hauts-plateaux, une femme en deuil ne porte qu’une seule natte dans le dos. Un homme en deuil, n’a pas le droit de se couper les cheveux jusqu’à ce que le deuil prenne fin.
Outre l’avantage pratique des nattes et des tresses, le tressage favorise la repousse des cheveux bien que le façonnage peut durer parfois une demi-journée. C’est ainsi lorsque les cheveux sont longs et les tresses minces.
Les tresses malagasy de nos jours
Les tresses sont toujours pratiques. Les dames économisent leur temps car les cheveux ne nécessitent pas d’entretien particulier une fois tressés. De nos jours, même celles et ceux qui n’ont pas les cheveux longs peuvent se faire tresser en achetant des rajouts.Tresser est un art, il n’est pas donné à tout le monde de faire des tresses, d’autant plus que pour qu’elles ne se défassent pas facilement, il faut être vigoureux (se) sans faire mal à la personne à coiffer et tout en évitant que les bases tirent trop sur la peau. Maintenant, le tressage est une matière à bien étudier, appliquer et pratiquer dans les formations de coiffure. Les coiffeuses apprennent à bien tresser, à créer des tresses et bien choisir selon non seulement la forme du visage de la cliente, mais aussi sa stature. Les tresses sont depuis l’Egypte ancienne jusqu’à aujourd’hui à la mode. Des stars de cinéma africaines et afro-américaines, des chanteuses fameuses les arborent de différentes manières et de teintes bien diversifiées. Cela influence la tendance et la mode. Les jeunes filles et les femmes voulant ressembler à leur idole se mettent aux tresses. Et cela au profit des coiffeuses spécialisées en tresses. Le tressage coûte entre 15 000 et 30 000 Ariary.
La tresse en tendance
Les femmes qui ont les cheveux courts ont deux possibilités si elles ont envie de les avoir tressés. Les tresses sont devant et un chignon est réalisé derrière avec des rajouts. Ou bien les tresses rampent juste sur la partie gauche de la tête ou la partie droite (comme celles arborées souvent par Tence Mena). Cependant, tout dépend de la forme du visage et du crâne ainsi que le style puisque la coiffure reflète la personnalité. Ce deuxième modèle est le préféré des femmes et des jeunes qui ont les cheveux naturellement lisses ou pour les cheveux lissés. Pour avoir un chignon et quelques tresses devant, certaines femmes aux cheveux courts utilisent des postiches courtes, lisses et bouclées.
Outre les jeunes dames qui aiment le look extravagant et préfèrent avoir la partie non tissée en bataille (style afro), celles qui ont les cheveux crépus ont tendance à opter pour des rajouts longs, allant jusqu’au dos.Les tresses ainsi réalisées sont dites « araikiaraiky » ou « un par un ». D’après quelques coiffeuses de Diego Suarez, ce style est le plus demandé par les clientes en ce moment. Si les cheveux sont longs au naturel, ils sont tissés suivant la demande ou sur le conseil de la coiffeuse. Mais pour rallonger et pour qu’une femme puisse avoir une bonne tresse avec des cheveux longs, il faut qu’elle achète au moins six sachets de postiches longues.
C’est durant la saison du Varatraza et des pluies que les femmes viennent en masse pour tresser leurs cheveux. Il en est de même pour les fêtes du Nouvel An, le 26 juin et Noël. Un signal fort pour la culture puisque malgré la tendance : cheveux lissés, cheveux bouclés, etc, les femmes de Diego Suarez tiennent à leurs coiffures traditionnelles pendant les fêtes alors qu’ailleurs c’est l’occasion de recourir aux brushings, rouleaux et fers à lisser. Toute femme peut se faire tresser les cheveux quel que soit la couleur, le type ou la longueur des cheveux.C’est la préférence au niveau du style qui varie.
■ Raitra