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Rue Sadit Carnot, l'école communale il y a cent ans
Rue Sadit Carnot, l'école communale il y a cent ans à Diego Suarez

En cette époque de rentrée des classes, reprenons le long chemin qui a été celui de la naissance et du développement de l'enseignement à Diego Suarez.

L'école dans le « Territoire de Diego Suarez » (1885-1896)

Quand les Français occupent Diego Suarez, après le Traité de 1885, ils n'y trouvent qu'un petit village sans structures administratives, et a fortiori, sans école. Ce qui n'est pas le cas du reste de l’Île (notamment sur les Plateaux) où, depuis 1820, l'enseignement confessionnel –protestant et catholique– s'est répandu dès 1820. Cependant, la population de la ville étant en constante augmentation, il fallut rapidement pourvoir à l'éducation des enfants. Aussi, quand le savant De Kergovatz visite Antsirane en 1892, il constate qu'« On a construit tant bien que mal les édifices publics indispensables : hôtel du gouvernement, direction de l'intérieur, prison, trésorerie, écoles, bureaux de poste, hôpital, église, presbytère etc.» Plutôt mal que bien car, comme le dit encore Kergovatz, « la métropole, réservant toutes ses ressources pour l'arsenal à créer, n'a pas, jusqu'à ce jour voulu donner un sou de subvention à la colonie, qu'elle a chargé de pourvoir, à peine née, à toutes ses dépenses d'installation et d'administration ».

Les premières écoles

Les écoles existantes,sont donc, pour la plupart, le fruit d'initiatives particulières, comme celle qui existe pour les tirailleurs du fort de Mahatsinjo (au-dessus de l'actuel terrain d'Arrachart): « Le capitaine commandant [...]pourvoit à l'instruction des enfants, qui s'assoient à l'école à côté de leurs pères. Une école du soir a même été ouverte, et c'est la plus suivie, grâce à une lanterne magique dont les projections servent d'intermède instructif » (Kergovatz). Ou bien,l'école d'Anamakia, créée pour les enfants de la gigantesque conserverie de bœufs d'Antongombato et pour les agriculteurs des environs. Plus que le manque d'infrastructures, la mise en place de l'enseignement dans le Territoire souffre d'un manque d'instituteurs, la population étant surtout composée de militaires et de colons. Ce sont donc les congrégations qui vont fournir les premiers « maîtres ». Le clergé catholique, encore très peu nombreux à l'époque, fournit ainsi des catéchistes faisant souvent fonction d'instituteurs : « Aujourd'hui le gouverneur se dispose à y (à Anamakia)mettre un catéchiste, uniquement, dit-il, pour l'esprit politique. Le catéchiste servirait à la fois d'instituteur » (Lettre de l'Abbé Méar, 1888). Quant aux Anglicans, plus anciennement installés dans l'enseignement à Madagascar, ils ont déjà une école à Anamakia.

La mise en place des écoles officielles

A son arrivée, en 1887, le Gouverneur Froger va donc devoir installer les premières écoles « officielles » (on ne dit pas « publiques » puisque beaucoup seront des écoles privées) dans un Territoire qui n'a pas le même statut que le reste de l'Île, encore gouvernée par la Reine. Et ceci, sans réelle possibilité de se faire aider par la Métropole. Il va donc faire appel à des religieuses, notamment pour les écoles de filles. C'est ainsi que l'on peut lire dans le Journal Officiel de Diego Suarez de 1895 et 1896 des arrêtés comme celui-ci : « Par décision du Secrétaire-Général et sur la demande de la supérieure des sœurs, Madame Amelina Dominique, en religion Sœur Marie Sainte-Jeanne, institutrice de l'école des filles d'Antsirane, est remplacée par Madame Berthe Duhamel, en religion Sainte-Marie François d'Assise, à compter du 1er avril ». Il semble qu'il soit plus facile de recruter des instituteurs pour l'école de garçons (ce sont souvent des militaires démobilisés), mais ces derniers ne restent pas longtemps en poste, tentés sans doute par des emplois plus rémunérateurs dans un Territoire qui manque de travailleurs. Cette mixité entre enseignement privé et public va progressivement disparaître avec l'annexion de Madagascar par la France, en 1895.

Des écoles laïques?

Dès 1896, le Gouvernement Général crée un «Service de l'Enseignement ». Le décret du 12 février 1897 instaure la gratuité de l'éducation, l'enseignement en français et la neutralité religieuse. Mais ces dispositions restent relativement virtuelles : faute de moyens, le gouvernement colonial va devoir continuer à s'appuyer sur les congrégations religieuses dont les écoles seront considérées comme « quasi-officielles ». Ainsi, dans les écoles communales, les maîtres seront encore souvent des membres du clergé. Selon l'Annuaire du Gouvernement de 1901, on compte à Diego Suarez une école communale de garçons et une école communale de filles, situées dans la rue Colbert, entre la rue de Fort-Dauphin et la rue d'Estaing (actuellement rue de l'Ourcq et rue Nielly). Comme la plupart des bâtiments de l'époque, il s'agit alors d'une modeste maison en bois. Si l'école communale de garçons est dirigée par un laïc, M.Monier (dont la femme est institutrice adjointe), en revanche, l'école communale de filles a pour directrice Sœur Marie-Léonard ! Même chose pour l'école communale de filles d'Anamakia, dirigée par Sœur Marie de Lorette. D'ailleurs, à Anamakia, l'école de garçons est une école des frères...

Les élèves et les programmes

Au début du siècle, il n'y a pas de séparation ethnique dans les écoles mais filles et garçons sont séparés. Dans l'école communale de garçons d'Antsirane on compte ainsi –selon la terminologie en usage à l'époque– 72 élèves dont 7 européens, 29 créoles et 36 indigènes. Chez les filles 81 élèves dont une seule européenne, 30 créoles et 50 indigènes. On peut être étonné de voir qu'il y a dans les écoles plus de filles que de garçons mais cela s'explique surtout par le fait que l'enseignement donné aux filles était essentiellement pratique et que la broderie et la couture y tenaient une grande part. D'ailleurs, l'essentiel de la formation donnée dans les écoles concerne l'apprentissage du français qui correspond à la moitié des heures de cours dans l'enseignement primaire ce qui fait dire à certains que cet enseignement est surtout destiné à former des employés pour les colons ou des fonctionnaires du gouvernement colonial. D'autres, en revanche craignent que cet enseignement ne « donne des idées » aux indigènes en leur permettant d'accéder à des idées dangereuses pour le pouvoir colonial.

Les décrets de 1903-1904 : l'école officielle

Sous l'impulsion de Gallieni, l'enseignement à Madagascar va devenir laïc et obligatoire. L'arrêté du 15 juin 1903 rend l'instruction gratuite et obligatoire de 8 à 13 ans. Dès 1904, les écoles religieuses cessent d'être subventionnées par l'Etat. Par ailleurs, deux systèmes d'enseignement vont coexister : « l'école indigène » et « l'école européenne » réservée aux français et assimilés. A Diego Suarez l'arrêté du 4 février 1903 supprime l'école mixte (français et malgaches) pour créer « deux écoles distinctes pour les Européens et pour les indigènes », le texte précisant que « considérant que le nombre des élèves de l'école officielle d'Antsirane (Diego Suarez) et l'accroissement de la population, tant européenne qu'indigène [...]rendent nécessaire la création de deux établissements distincts, l'un pour les enfants d'origine européenne, l'autre pour les indigènes les mesures suivantes sont décrétées :
Art. 1er. L'école mixte de garçons européens et indigènes d'Antsirane est supprimée
Art. II. Il est créé à Antsirane:
1° Une école primaire laïque pour les garçons d'origine européenne ;
2° Une école indigène à laquelle seront annexés des ateliers de travail manuel
Art III. L'école primaire laïque pour les garçons d'origine européenne, à Antsirane, pourra être transformée en école préparatoire. »

Le programme officiel, dans les écoles primaires mêlait enseignement général et enseignement professionnel : travaux manuels pour les garçons et cours de couture ou de broderie pour les filles. En fait, l'école mixte, mêlant malgaches et français perdurera jusqu'en 1905. Par la suite, les écoles indigènes se multiplieront (12 en 1918, 35 en 1926 dans la province de Diego Suarez). Cependant, il semble qu'à Antsirane, l'école « officielle » ne faisait pas recette chez les garçons (un seul instituteur contre 5 pour l'école de filles, en 1911), sans doute parce que le Pensionnat Saint-Joseph avait meilleure réputation... Si bien, qu'à partir de 1912 on verra apparaître une « école mixte de garçons et de filles » animée par 2 instituteurs et 6 institutrices. En plus de cette école mixte existait une école maternelle européenne et même « une école maternelle avec section spéciale réservée aux jeunes hindous et aux Saint-Mariens » ! Pour l'enseignement indigène, en plus des écoles primaires, avait été créée une école professionnelle d'apprentissage.

L'école européenne de Diego Suarez

En 1920 est décidée la construction d'une nouvelle école européenne à Diego Suarez. L'avis d'adjudication paraît le 17 juillet. Le montant des travaux est évalué à la somme de 188 800 francs soit environ 180 000 euros. Les travaux dureront plusieurs années puisque le « persiennage » ne sera exécuté qu'en 1924. Située au-dessus de l'Anse Melville, d'une architecture apparentée à celle de la « grand case » créole, elle deviendra plus tard l'actuel Lycée Français. Mais, dès les années 1930, devenue école Sadi-Carnot, elle se révèlera insuffisante comme s'en plaint le journal L'éclaireur dans un article de 1932 : « Sait-on qu'à l'heure actuelle, à l'école européenne de Diego Suarez, certaines classes comportent 66, 57, 55, élèves ; les autres classes comprenant des effectifs de 44, 45, 42, 32 et 28, soit 430 élèves pour 10 maîtres alors qu'une classe ne doit pas compter plus de 30 à 35 élèves. Certaines classes sont en outre de dimensions si réduites que des élèves doivent demeurer sur la veranda ». Et le journaliste réclame la construction d'une école supplémentaire ...qui ne verra le jour qu'avec la construction du Lycée Mixte, bien des années plus tard!

■ Suzanne Reutt

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