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La plage d’Antsirane en 1886
La plage d’Antsirane en 1886

Le 17 décembre 1885, un traité met fin à la première guerre franco-hova. Si les français trouvent que l’Amiral Miot et le consul Patrimonio, qui l’ont signé, ont fait trop de concessions, en revanche, le Premier Ministre de la Reine, Rainilaiarivony considère qu’on l’a « amputé » d’un membre

Le village se transforme en petite ville

La présence militaire avait attiré à Diego Suarez une population civile, encore peu nombreuse et très diversifiée. Le docteur Bonain décrit ainsi cette ville en train de naître : La population se compose actuellement d’une centaine de blancs et de mulâtres (Européens ou créoles de La Réunion et de Maurice) commerçants et ouvriers, et d’environ cinq cents Antankaras, Betsimisarakas, Antalotras, Makoas, Indiens et Comoriens. Le quartier malgache est nettement séparé du quartier habité par les blancs. Pour le moment les feuilles du rafia et le chaume font peu à peu tous les frais des diverses constructions ; quelques maisons en bois à la toiture formée de feuille de tôle cannelée s’élèvent cependant peu à peu. D’ailleurs, le territoire militaire de Diego Suarez allait changer de statut avec le départ du Commandant particulier Caillet remplacé par un civil, Ernest Emmanuel Froger. Nous l’avons vu précédement, le résident général, Le Myre de Villers avait, dès le 2 août 1886, nommé un gouverneur civil, Ernest Froger. Dans la presse parisienne, on peut lire le 9 février 1887 : « M.Ernest Froger, nommé commandant particulier des Etablissements français de Diego Suarez est parti pour sa destination ». Il y arrivera le 4 mars. Qui est Ernest Froger ? Ancien professeur de littérature et d’histoire à l’Ecole Navale, il a fondé à Brest, en 1883, la Société française de colonisation. Personnage « susceptible » selon ses contemporains, il va marquer durablement les débuts de la ville d’Antsirane en s’opposant souvent aux militaires ainsi qu’aux gouverneurs hovas du fort d’Ambohimarina.

Les premiers efforts d’organisation civile de Diego Suarez

Un certain nombre de structures vont être mises en place en 1887 sous le gouvernorat de Froger. Tout d’abord, il faut nourrir Diego Suarez ; et surtout, trouver dans cette région à peu près vide d’hommes, les travailleurs nécessaires au développement de la nouvelle colonie. Pour cela, inlassablement, Froger va adresser des lettres à La Réunion et en France pour qu’on envoie dans le territoire des cultivateurs. Le 18 juillet 1887, dans une lettre adressée au gouverneur de La Réunion, il demande à ce que l’on publie l’avis « que l’Administration de Diego Suarez verrait avec plaisir quelques petits cultivateurs expérimentés dans les cultures tropicales s’établir dans les vallées qui environnent Antsirane pour y tenter la culture vivrière et celle de la vanille, du café, du cotonnier, des épices en général...».
En 1887, la population du Territoire s’est fortement accrue puisqu’elle compte 2200 habitants. Mais Diego Suarez manque d’infrastructures, notamment sur le plan sanitaire : « A Diego Suarez, que l’on croyait le point le plus sain de Madagascar, règne depuis le 1er février une période de grande mortalité : cinquante-sept décès [...] La question sanitaire est devenue une question brûlante ». L’administration a donc décidé de créer un lazaret en baie du courrier (c’est à dire en dehors du territoire concédé par le Traité). Pour loger tous ces nouveaux venus, des concessions urbaines seront accordées à titre provisoire. Les arrêtés locaux des 16, 25 mars et du 16 novembre 1887 qui régissent ces concessions précisent que « les concessions urbaines qui n’auront pas été closes et habitées dans un délai de trois mois seront reprises par l’Administration », ceci afin de freiner la spéculation et de ne pas obérer la mise en place d’un plan d’alignement de la ville.

« Vue générale d’Antsirane en 1887 » La rapidité du développement de la jeune ville est manifeste...
« Vue générale d’Antsirane en 1887 » La rapidité du développement de la jeune ville est manifeste...

En ce qui concerne la sécurité, Froger va installer une police, qui n’aura pas vraiment la faveur de la population si l’on en croit le texte publié par la Société de géographie commerciale : « Le commandant particulier, M.Froger est arrivé à Diégo le 4 mars ; il est rempli de bonnes intentions, mais, malheureusement, il a les bras liés par ses instructions [...] Déjà, cependant il a réorganisé le corps de la police, mais à mon avis sur une mauvaise base....». Cette « mauvaise base » selon l’auteur de la lettre c’est d’avoir recruté des Anjouanais qui sont un peu trop rudes avec la population ! La sécurité est d’ailleurs assurée également par un détachement de gendarmerie créé en mai 1887. En octobre de la même année, un Tribunal de paix est mis en place.
En ce qui concerne le commerce, il est freiné par le fait que toutes les marchandises sont importées et que les droits de douane, que l’on paye à l’entrée et à la sortie, sont « exorbitants » : « Il (le droit de douane - NDLA) est en ce moment de 12% sur n’importe quelle marchandise ». Pour éviter les droits de douane les boutres vont débarquer dans la baie d’Ambodivahibe qui appartient aux hovas d’Ambohimarina, réputés plus « arrangeants ». Aussi, les commerçants demandent-ils que Diego Suarez devienne un port franc.
Enfin, l’année 1887 va voir la naissance d’une modeste industrie avec la création des premières salines.


Les nouvelles constructions militaires

De leur côté, après le départ de Caillet, les militaires continuent de renforcer le Territoire. Le bulletin de la Société de Géographie commerciale donnant des « Nouvelles de Diego Suarez » indique que « un nouveau fort a été créé au Point 6. Le général Borgnis-Desbordes avait trouvé que le fort de Matsinzo ne répondait pas au but que l’on s’était proposé : il était placé trop près de la Montagne d’Ambre et la plaine de Betaix était assez vaste pour permettre à une colonne de passer inaperçue. Aussi l’occupation du Point 6 fut-elle décidée ; mais [...] ce point 6 était situé entre la douane hova et le fort hova ; il fallait donc faire reculer la douane hova, ce qui n’était pas facile ». Pour y arriver le colonel Badens utilisa la diplomatie et les cadeaux en rendant visite au Gouverneur d’Ambohimarina, Ramaka, et en établissant dans le fort hova une station optique. Enfin, le colonel Badens (qui a donné son nom a un des sommets de la montagne d’Ambre) commence en 1887 à étudier l’installation d’un sanatorium dans cette montagne à 1136m d’altitude.
A la fin de 1887, si Diego Suarez n’est pas encore la « forteresse de l’Océan Indien » que certains souhaitent, l’implantation française s’est considérablement étendue et renforcée. Ce développement va se poursuivre, plus ou moins difficilement, dans les années qui suivent.

■ Suzanne Reutt

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