Notre touriste a donc sillonné les environs de Diégo pendant la première partie de son séjour mais il souhaiterait maintenant découvrir les charmes de l’arrière-pays…
Rude tâche ! En effet, en 1910, les routes ne sont pas nombreuses.
Voyons ce qui s’offre à lui…
Les principales routes de la province sont les suivantes :
- La route des Placers :
Destinée à desservir les mines d’or (les « placers »), elle part de la banlieue de la ville d’Antsirane, sur la route d’Anamakia et s’arrête à 4m500 d’Ambakirano, ce qui lui donne une longueur de 135km500 environ. Cependant, en 1910, seuls 32 km sont empierrés et accessibles aux voitures (à cheval) et aux automobiles.
- La route d’Anamakia :
longue de 12 km, elle relie la ville d’Antsirane à l’important centre agricole d’Anamakia. Partant des quais d’Antsirane, elle se termine à la rivière des Maques. Nouvellement construite, elle est accessible aux voitures de tous genres.
- La route du Sakaramy au Camp d’Ambre :
Partant du terminus de la voie ferrée Antsirane-Sakaramy, elle se dirige vers le Camp d’Ambre par un tracé carrossable. Une nouvelle route va être construite qui reliera cette route à la route des Placers.
Notre touriste, qui a déjà visité le Camp d’Ambre, va opter pour la route des Placers qui lui offrira d’intéressantes découvertes touristiques :
- Au km 24, à 1km500 de la route, il pourra admirer les chutes de la Besakatra.
- Après avoir traversé le plateau de Tsarahena, contempler la belle vallée de ce nom et, au km 43, le volcan éteint. Au km 75, visiter le lac sacré, peuplé de caïmans et objet de la vénération des indigènes.
- Ambondrofe (km 95) : curieuse muraille calcaire
- Ambohimagodro : Panorama très étendu. Derrière, le pays d’Ambre ; devant : la plaine de Marivorano ; à droite, la mer avec l’archipel de Nosy Mitsio. Par temps clair, on aperçoit le mont Lokobe, point culminant de l’île de Nossi-Be.
- Ambilobe : Chef-lieu de district sur la Mahavavy, au pied de l’Ankomokomo que l’on peut facilement escalader.
- Ambilobe est le point de départ des excursions des mines d’or et de la partie montagneuse du nord
- Grottes de l’Ankara : Il faut d’abord se rendre à Ambilobe : de là, aller en filanjana par Antsaravibe,jusqu’à la muraille calcaire qui sera côtoyée . Visiter les grottes d’entrée et de sortie de la Mananjeba, et les grottes de la rivière Ankara.
La visite de cette région demande 4 ou 5 jours d’Ambilobe, soit donc une absence d’une semaine à partir de Diégo-Suarez.
Elle est des plus curieuses ; les Antankara y ont des sépultures de leurs rois. Qu’on s’imagine, au milieu d’une plaine, une muraille longue de 50 km environ et d’altitude moyenne de 200m, calcaire, fissurée et découpée de mille manières ; recouverte d’une végétation étrange, lianoïde, à plantes sans feuilles ou avec des arbres implantés dans le roc. De ci, de là, des sortes de portes monumentales sont ménagées dans cette barrière rocheuse. Les rivières de la région l’ont ravinée à la base, par endroits, et l’ont franchie sous des grottes pittoresques où pullulent les caïmans.
- Visite aux grandes chutes de la Mahavavy : Il s’agit ici d’un voyage d’au moins 10 jours dans la brousse, à la fois fatigant et dispendieux. L’excursion tentera, néanmoins, les admirateurs de la nature sauvage, ceux qui aiment les vastes étendues, les montagnes dénudées, les sentiers à pic. Le trajet représente une randonnée de 350 km environ, à partir de Diégo,aller et retour, dont 200 km exclusivement en filanjana, à partir d’Ambilobe. Les pays traversés sont, eux-mêmes, fort intéressants.
Le cinquième jour, on arrive aux chutes de la Mahavavy, après avoir traversé les villages d’Antanimandry, Ankiabe, Anaborano, Abendrano, Manambato.
Le fleuve se précipite dans un gouffre de 70m de profondeur, entre les deux montagnes Zarandahy et Zarambaby.
C’est un magnifique spectacle qui fait oublier les fatigues bravées pour le contempler.
- Les fouilles du district de Vohemar :
Dans les environs de Vohemar, des fouilles plus ou moins anciennes ont amené la découverte de débris importants de marmites en pierre taillée et polie, présentant des formes variées, et des objets de même nature paraissant être des reproductions de silhouettes d’animaux.
A qui doit être attribuée cette industrie originale, qui n’a pas été continuée dans le pays ? On ne connaît, là-dessus, que des légendes. Les peuplades occupant la région de Vohemar ou limitrophes de celle-ci ne sont pas d’accord sur cette origine. Les uns et les autres font remonter ces travaux manuels à la tribu des Ratsikajy ou Darafify, sur laquelle, toutefois, ils ne peuvent fournir que de très vagues renseignements.
Il faut mentionner aussi l’existence de nombreuses tombes réparties sur divers points de Vohemar et formant, en plusieurs endroits, de véritables cimetières. Quelques –unes ont été fouillées, et l’on y a trouvé de marmites semblables à celles dont il est question ci-dessus, des assiettes chinoises, des verroteries, des bracelets en cuivre et en argent ainsi que des sabres.
100 ans après…
Les routes ont bien changé…
- La route des placers : Il s’agit de notre actuelle route d’Ambilobe. Son itinéraire, surtout au départ a été bien modifié. Elle ne part plus de la route d’Anamakia qui était, dans les premières années d’Antsirane, la seule route permettant de sortir de la ville (C’est pourquoi, l’octroi - qui permettait de contrôler les marchandises entrant à Diégo- se trouvait sur le départ de cette route, dans le quartier qui porte encore ce nom.)
- La route d’Anamakia ne part plus des quais, qui ont été complètement modifiés au fil du temps.
- La route de Sakaramy partait, elle aussi de la route d’Anamakia. Ce n’est que vers 1912 qu’une route permit le raccordement à la route des placers.
Cependant les paysages sont toujours là, pour enchanter les touristes du XXI ème siècle, autant qu’ils séduisaient ceux de 1900 !
1) Ces renseignements sont fournis par les très complets « Annuaires Généraux du Gouvernement de Madagascar »
S.Reutt - Ass. Ambre