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Le port de Diego Suarez en 1901
Le port de Diego Suarez en 1901

2e partie : Aménager le port et créer des voies de communication - Dans la liste de ses objectifs, le colonel Joffre évoquait également l’aménagement du port. En réalité, celui-ci ne se fit pas aussi rapidement qu’escompté.

L’aménagement du port

Lors de son voyage à Diego Suarez, en juillet 1901 le Général Gallieni constate que « les quais sont déjà commencés et la ville en sera pourvue, avant la fin de l’année, sur plus de la moitié de la longueur du port. Ils seront bien outillés, d’un accès facile et pourront être accostés par les chalands, même aux plus basses mers » (J.O de Madagascar - 11 juillet 1901). En fait, les choses allèrent plus lentement, surtout en raison de restrictions budgétaires. Pourtant, avec les travaux du Point d’Appui et l’augmentation de la garnison, le manque d’infrastructures portuaires représentait un obstacle important au développement du port. Cependant, entre 1901 et 1902 on construisit un nouveau quai et un nouvel appontement pour les militaires.
Le nouveau quai, d’une longueur de 150 m, était accostable à toute heure par les chalands et les embarcations légères. Il était doté d’une cale de débarquement et de quatre escaliers en pierre pouvant être utilisés par les passagers et les dockers. Il bordait des terre-pleins gagnés sur la mer, sur lesquels circulaient les voies ferrées qui relient le quai aux magasins des compagnies de navigation.
Le nouvel appontement, terminé en mai 1901, était destiné aux militaires ; l’ancien appontement étant réservé aux passagers.
Malgré ces améliorations, les opérations de déchargement des navires restaient difficiles et nécessitaient l’intervention de remorqueurs entre les quais et les navires en rade. L’Annuaire de Diego Suarez signale que, même si le mur du quai qui vient d’être construit représente un progrès considérable, « les opérations de chargement sont encore fort longues ; elles nécessitent un matériel considérable de chalands et de remorqueurs dont l’entretien est très coûteux ». Cependant l’accès à la rade est facilité par les nouveaux feux mis en place : le phare du Cap d’Ambre qui fonctionne depuis octobre 1900, celui du Cap Miné, celui des Aigrettes et le feu rouge du môle d’Antsirane. Il faut dire que le mouvement du port a pris une importance considérable depuis que Diego Suarez est Point d’Appui de la flotte. En 1899, les importations se montaient à 49 000 tonnes pour une valeur de 2 800 000 francs : ces chiffres étaient montés à 419 863 tonnes en 1900 pour une valeur de 9 360 774 francs. C’est-à-dire que le poids des importations avait été multiplié par 9 et leur valeur par 4. Ces importations étaient en grande partie constituées par les matériaux nécessaires à l’installation des troupes : planches pour les baraquements, ciment, munitions etc. En 1901 le volume des marchandises baissa : la plus grande partie des matériaux ayant été amenée l’année précédente, mais la valeur des importations resta constante, les commerçants ayant reçu des marchandises plus onéreuses destinées à leur nouvelle clientèle !

Débarquement de mulets au port de Diego Suarez
Débarquement de mulets au port de Diego Suarez
Les voies de communication

S’il devient plus facile d’arriver à Diego Suarez par la mer, il est toujours difficile d’en sortir par la route. Mais des progrès ont été faits. Avec l’installation dans la montagne d’Ambre d’une grande partie de la garnison et d’un sanatorium militaire important, il a bien fallu en rendre l’accès plus facile. De plus, à cette époque, les européens, éprouvés par le climat, avaient l’habitude de se rendre à la montagne d’Ambre (où Joffreville n’existait pas encore) pour « y respirer l’air pur des hauteurs et se refaire des fatigues du climat » (J.O de Madagascar). Mais le voyage exigeait une journée entière !
Dans le courant de 1900, une voie ferrée Decauville avait été construite jusqu’à la Fontaine Tunisienne. Au début de 1901, cette voie fut prolongée jusqu’à Sakaramy où était établi un camp militaire ; elle fut terminée début 1902. Utilisée par la voiture postale et les convois de ravitaillement, elle fonctionnait par traction animale, un mulet tirant les voitures. Au-delà de Sakaramy, la voie Decauville était prolongée par la route construite en 1900 par les Kabyles. Empierrée uniquement sur la partie entre le Camp d’Ambre (emplacement approximatif du Monastère) et le Pic Janson, elle ne fut pas l’objet de travaux supplémentaires en raison du projet de continuer la voie Decauville jusqu’au Camp d’Ambre …projet qui ne fut jamais mené à bien !
Pourtant, en juillet 1901, le Journal Officiel pouvait se réjouir : « Depuis l’exécution des travaux prescrits par M. le colonel Joffre, ce voyage est aujourd’hui très simplifié. Une plate-forme établie sur voie Decauville, conduit en une heure à la Fontaine Tunisienne, située à environ 12 km d’Antsirane. De là, une voiture mène en une heure au Sakaramy, puis, après un nouveau trajet de deux heures, à la montagne d’Ambre. Le voyage, qui exigeait autrefois une journée entière, peut donc s’accomplir en quatre heures environ. ». Et l’on restait très optimiste : « M. le colonel Joffre fait poursuivre très activement la prolongation de la voie ferrée, dont il espère, d’ici un an, pouvoir porter le terminus à 5 km seulement des installations de la montagne. Des trains réguliers, remorqués par une locomotive Decauville, seront alors organisés et permettront d’exécuter le voyage avec toute la rapidité désirable ». Vœu qui ne fut jamais exaucé et dont témoigna, jusque dans les années 80, une adorable locomotive, évoquant le Far-West de la conquête de l’Ouest, envahie par les herbes, au milieu des habitations de Joffreville… et qui disparut, un beau jour, sans doute pour finir en casserole…
Autre voie de communication, depuis 1900, une route carrossable relie Antsirane à Anamakia et il est projeté de la continuer jusqu’à Ambararate. Enfin, la route de Mahagaga, qui quitte la route du Camp d’Ambre à Antanamitara est accessible aux voitures (à chevaux ou à bœufs) des colons qui approvisionnent Antsirane. Cette route que l’on appelait autrefois la route de Vohemar, se prolongeait jusqu’à Irodo mais elle était rarement praticable : aussi, des études sont entreprises pour un nouveau tracé par Sadjoavato.
Mais le grand projet, c’est de relier Diego Suarez à Vohemar. Cette route, que l’Annuaire qualifie de « voie à la fois stratégique et commerciale », a été l’objet d’études approfondies par les militaires. Le tracé arrêté est présenté ainsi par l’Annuaire :
1° du camp d’Ambre à Marotoalano, au travers de la forêt d’Ambre
2° De Marotolano à Ambakirane par Ambondrofe, Ampasibe, Ankarabato, Ankaramy ou par Ambondrofe, Marivorano et la rive gauche du Manajeba
3° D’Ambakirane à Vohemar par Ankasomantry, col d’Ambondo, col d’Ankarivolana et Morafeno.
Lors de sa visite à Diego Suarez, en juillet 1901, le Général Gallieni a visité les travaux qu’exécutent les légionnaires (un effectif de 60 à 110 hommes), sous la direction du Lieutenant Landais. Les travaux, commencés le 24 octobre 1900 ont permis d’établir, au moment de la visite de Gallieni, 17 km de piste muletière, piste que le Général a suivi sur 7 km, jusqu’au Petit Lac dont le J.O de Madagascar nous dit qu’il n’était connu jusqu’alors « d’aucun Européen, probablement même d’aucun malgache. »
Et puis, il est toujours question de la fameuse route Diego Suarez- Fort-Dauphin…mais là, les crédits affectés au Point d’Appui n’y suffiraient pas !

Le téléphone

Enfin, comble de modernité, il est possible de passer des communications téléphoniques. Une ligne, en principe destinée aux militaires mais accessible aux civils a été établie entre Antsirane et les postes militaires der la Fontaine Tunisienne, de Sakaramy et du Camp d’Ambre. En ville, les chefs de services civils et militaires sont reliés à un poste central par un appareil téléphonique (c’est également un privilège accordé au Cercle français du Bd. Bazeilles). Et l’on envisage d’établir une liaison avec Orangea. D’ailleurs, « plusieurs commerçants et industriels de la ville ont déjà demandé des abonnements » !
Les civils ont également la possibilité d’avoir accès au télégraphe optique de l’Armée qui met en contact Antsirane et Diego Suarez et Orangea.
Enfin des communications par sémaphore permettent de signaler les navires en approche plus de trois heures avant leur arrivée.
Pour autant, malgré les aménagements de son port, les nouvelles routes et les moyens de communication « modernes » Diego Suarez est loin d’être désenclavé même si un fabuleux projet prévoit la mythique route de Fort-Dauphin… Ce problème des communications avec le reste du pays donnera des arguments à tous ceux qui ne croient pas en la possibilité de développement du Point d’Appui de Diego Suarez.
■ Suzanne Reutt

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