Pour une fois je m’effacerai derrière un confrère, ancien vétérinaire à Diego-Suarez, le Docteur Poisson, qui a publié, dans le Bulletin économique de 1922, ces conseils (documentés) aux touristes de l’époque. Les Antsiranais d’aujourd’hui y trouveront –outre une description de la ville au début du XXe siècle – une liste des sites à visiter qui sont encore de nature à intéresser les touristes d’aujourd’hui.
Guide des excursions dans le Nord de Madagascar
à l’usage des touristes, des fonctionnaires civils et militaires, etc.
Renseignements généraux et succincts.
I.- LA VILLE D’ANTSIRANE
Le Dr Poisson décrit, dans un premier paragraphe l’arrivée en bateau à Diego-Suarez. Le site décrit étant bien sûr inchangé, nous passerons directement à l’
Arrivée à Antsirane
Des chaloupes à vapeur prennent les passagers à destination de Diego-Suarez avec leurs bagages pour les conduire à terre. Les autres voyageurs trouvent des canots et des baleinières indigènes qui les transportent en 15 minutes à quai où l’on trouve des pousse-pousse pour deux personnes.
Hôtels.- Deux hôtels très confortables existent à Antsirane :
1° L’hôtel des Mines (Square Tafondro), directeur-propriétaire : A.Mortages.1
Restaurant, salons particuliers, électricité, téléphone, etc., vue splendide sur toute la baie de Diego. Cet hôtel est l’une des plus belles constructions (style arabe) de la ville. Etant donné le cours actuel des denrées, il est difficile de donner des prix exacts de la pension et des chambres.
2° Hôtel du Japon, rue Colbert, Directeur-propriétaire : Agasaki2. Excellente cuisine, salons particuliers, électricité, téléphone, cinéma.
On trouve en ville des maisons à louer pour longs séjours ; les hôtels de la ville envoient la nourriture à domicile. La domesticité est assez difficile à recruter.
Hôtel du Japon, rue Colbert, Directeur-propriétaire : Agasaki2. Excellente cuisine, salons particuliers, électricité, téléphone, cinéma
Edifices à connaître
La Résidence3, siège du chef-lieu de la Province (bureaux ouverts de 8 heures à 10 heures et de 13 heures à 17 heures), rue Richelieu. C’est au bout de cette rue que s’élève l’Hôpital, magnifique bâtiment des plus confortables. Rue Joffre, se trouve l’hôtel des Postes et Télégraphes4, presque à côté l’un de l’autre, le service des mines, le commissariat de police central (visa des passeports), les agences des Messageries Maritimes et de la Compagnie Havraise péninsulaire (rue Catinat) ; cette voie aboutit au square Joffre, magnifique vue sur la baie, la rade, le Cap Diego et les sommets de Windsor- Castle et Dower-Castle (on peut y admirer de superbes couchers de soleil).
A signaler encore le Marché (Appelé à Antsirane le Bazar), rue Colbert, très bien approvisionné en œufs, volailles, légumes, fruits, poissons de mer et de rivière excellents (vente de 5h1/2 à 8h).
La rue Colbert, principale artère de la ville, est la plus animée ; on y voit la plupart des maisons de commerce. Il y en a aussi rue Richelieu, Catinat etc.
On trouve à Diego un choix de plus de 200 cartes postales illustrées reproduisant des types ethniques ou des endroits pittoresques du nord de l’île. On peut acheter des cartes topographiques de la région. Les articles de chasse et de pêche sont faciles à trouver chez beaucoup de commerçants ; il existe deux photographes qui se chargent du développement et des agrandissements, etc.
Moyens de communication
Pour circuler en ville et aux environs, il existe plusieurs stations de pousse-pousse, travaillant à l’heure et à la course.
La Société du Batelage assure un service tous les jours avec Cap-Diego, tous les deux jours avec Vatomainty, Orangea, Ankorika (points devers de la baie de Diego) par chaloupes à vapeur. On peut également y louer des bateaux particuliers (chaloupes, baleinières). On trouve au port, également, des canots pour aller et venir de jour et de nuit du paquebot à terre.
Automobiles.- Un service d’automobiles (autobus) est assuré avec le Camp d’Ambre trois fois par semaine et avec Ambilobe deux fois par semaine (service de poste et de voyageurs ; retenir ses places à l’avance). On trouve également chez certains commerçants des autos particulières.
L’intendance assure également tous les jours un service de train (voie Decauville) avec le poste de Sakaramy et fournit des wagons spéciaux, soit pour monter, soit pour descendre. On peut aussi, pour les longs parcours, louer des filanzana et des pousse-pousse suivant l’état des routes, des itinéraires que l’on veut suivre.
Autres renseignements
Cercle.- Il existe à Antsirane un cercle français (boulevard Bazeille)5 pourvu de salles de café et de jeu et d’une bibliothèque où les voyageurs européens sont reçus s’ils sont accompagnés d’un membre du cercle.
Nouvelles d’Europe et de France.- Tous les jours, à la poste, à 10 heures et 17 heures, les nouvelles de France sont reçues par câblogramme (la copie en est envoyée au Cercle).
Bibliothèque de garnison.-MM. Les officiers des armées de terre et de mer, des armées alliées de passage à Diego-Suarez peuvent profiter de la bibliothèque de garnison (à la Place, boulevard Militaire) où ils trouveront le meilleur accueil de leurs camarades, les journaux et revues.
Cinéma.- Tous les soirs, hôtel du Japon, rue Colbert, de 20 heures à 23 heures. le jeudi et le dimanche, matinée pour les enfants de 17h1/2 à 19 heures (A chaque courrier, films nouveaux).
Musique militaire.- Tous les dimanches, square Tafondro, de 17 à 18 heures.
Comptoir d’Escompte.- 6 Rue Colbert, ouvert tous les jours de 9 heures à 10h1/2 et de 14 à 16 heures, sauf les dimanches et jours fériés6.
Cultes.- Antsirane possède une belle cathédrale7 où se font les offices catholiques. Il existe également un temple protestant dans la partie haute de la ville. Les Arabes possèdent à Diego plusieurs mosquées et les Chinois, une pagode. Le culte catholique est également célébré tous les dimanches à Joffreville (camp d’Ambre) et à Anamakia.
Journaux et revues.- Dans les hôtels et cercles. Un journal local, le Sémaphore de Diego, journal des intérêts régionaux.
Pêche et chasse
Pêche à la mer.- En principe, le droit de pêche à la mer est le privilège des pêcheurs de profession qui approvisionnent le marché. En fait, la pêche est libre, mais le touriste aura toujours avantage à s’arranger avec un indigène possesseur d’un canot ou d’une pirogue.
La baie est très poissonneuse et l’on y pêche, soit à la ligne, soit aux engins.
Sur les rochers du cap Diego, à marée basse, se trouvent en quantité d’excellentes huitres très petites et des coquillages (palourdes, bigorneaux) ainsi qu’à Vatomainty.
Pêche dans les ruisseaux et rivières.- A la ligne, au ver rouge, on pêche du goujon malgache, très gros et excellent ; aux balances, des « camarons », sortes de crevettes d’eau douce énormes. (Se méfier des caïmans, très dangereux pour l’homme et très abondants dans les lacs, fleuves et rivières). Cette recommandation s’applique aussi à la chasse au gibier d’eau.
Chasse.- Se munir d’abord d’un permis de chasse et d’un port d’armes valable pour un an et délivré à la résidence moyennant un paiement au trésor de 10 francs.
La chasse est ouverte et fermée par arrêté du Gouverneur Général. Certains animaux ne doivent pas être tués (aigrettes et fausses aigrettes) ; la destruction des animaux nuisibles (sangliers) peut être, au contraire, autorisée en dehors des époques de chasse (se renseigner à la résidence ou au commissariat de police.
Le gibier d’eau est très abondant, certains sont excellents (canards à bosse, sarcelles etc.). Il existe aussi des pigeons, des cailles, des perdrix, des pintades etc.
Le gibier est en général peu abondant dans la province, sauf dans quelques cantons éloignés (Anivorano, Befotaka, Ambondrofe, etc.)
(A suivre)
■ Suzanne Reutt
- L’hôtel des Mines, que l’on a appelé beaucoup plus tard « Hôtel Marine » est le magnifique bâtiment, réduit actuellement à l’état de ruine, construit par Alphonse Mortages avec la fortune que lui avait apportée la découverte des mines d’or d’Andavakoera. Le square Tafondro abrite encore le kiosque à musique où jouait la musique militaire ↑.
- L’hôtel du Japon se trouvait en face de l’actuel « Grand Hôtel ». Le cinéma se trouvait à l’origine dans l’hôtel. Plus tard, il fut installé entre la rue Colbert et le Bd Etienne. Il appartenait au japonais Akasaki, une figure estimée du Diego de l’époque.↑
- La Résidence est toujours en bas de la rue Colbert : elle a dû être réparée et même reconstruite plusieurs fois à cause des cyclones qui ont ravagé Diego.↑
- La Poste, un grand bâtiment qui a succédé à l’ancienne poste qui se trouvait dans la ville basse, était à l’époque au coin de la rue Joffre et de …la rue de la poste ! Elle a donné son nom à l’hôtel de la poste.↑
- Le Cercle français occupait le bâtiment à colonnade qui se trouve au coin du Bd Bazeilles et de la rue Castelneau↑
- Le comptoir d’escompte se trouvait au coin de la rue Colbert et de la rue Flacourt. Très beau bâtiment à colonnes au début du siècle, il avait été remplacé par un bâtiment « moderne » (et beaucoup moins esthétique !) qui fut occupé par la BMOI avant son déménagement rue Colbert dans l’immeuble Cassam Chenaï.↑
- La cathédrale est toujours rue de la Marne. Alphonse Mortages avait été un des mécènes qui avaient permis sa construction.↑