Les sommets de Windsor Castle et de Dover Castle, qui se découpent sur le fond de la baie de Diégo-Suarez, ont - depuis longtemps- excité l’imagination de ceux qui découvraient en eux des aspects de châteaux-forts.
C’est l’hydrographe anglais Owen qui, explorant la baie en 1824, donna au rocher d’Andramahimbe (ou Andramaimbo) ce nom rappelant un de plus célèbres monuments de Grande-Bretagne.
Très tôt, les voyageurs ont célébré cet escarpement calcaire de plus de 395m qui offrait « le plus joli panorama des environs ». Les militaires, eux, virent surtout l’intérêt stratégique d’un emplacement qui permettait de surveiller les deux côtes de Madagascar. Aussi, dès 1900 l’armée y installe un poste d’observation.
Cette construction représente un exploit qui suscite l’admiration des contemporains : dans la « Revue de Madagascar » de 1903 le géographe Lemoyne le décrit ainsi : « Sur l’escarpement absolument à pic de Windsor-Castle s’élève maintenant un observatoire qui domine toute la région et d’où l’on a une vue magnifique. Une rampe douce et un escalier de plus de 100 marches y donnent accès. Ce travail énorme, effectué sous la haute direction de M. le lieutenant de Metz, est l’œuvre de M. le sergent Foehrer et des soldats légionnaires qu’il commandait. Il leur fait à tous le plus grand honneur. »
Ce poste d’observation est doté d’un sémaphore relié à Antsirane par télégraphie optique chargé de signaler les navires venant du large et entrant en rade.
1942 :
Ironie de l’histoire, ce merveilleux observatoire n’aura jamais l’occasion de jouer son rôle : en effet, à l’aube du 5 mai 1942, quand l’escadre anglaise –contre toute attente – débarque en baie du Courrier, au pied du poste de Windsor, ce dernier sera dans l’impossibilité d’en informer le P.C de la Défense : c’est l’instituteur d’Anamakia, Auguste Ratsimbazafy, qui vers 10h informera Antsirane de l’arrivée des troupes anglaises.
Que s’est-il donc passé ?
L’observatoire de Windsor Castle, dès le débarquement de la flotte anglaise en baie du Courrier a tenté de joindre le P.C de la Défense : c’est alors que le chef de poste, le lieutenant Delarche, a constaté que la ligne téléphonique était coupée. Quant à la liaison radio, elle fut impossible également, sans doute en raison de la faiblesse des batteries.
A 6h30, le lieutenant Delarche décide donc d’envoyer un coureur à Cap Diégo, porteur du message suivant : « P.A Windsor - 6h30- Batterie s’est rendue – 28 navires en baie du Courrier- détachement anglais sur la piste CD – stop- signé : s/lieut. Delarche »
Le courrier arrive à Cap Diégo à 9h. Mais le poste de Cap Diégo étant démuni de moyens de transmission, c’est à 11h15 seulement que le message, transmis par l’émetteur du D’Entrecasteaux (le seul bateau sorti de la rade après le bombardement du port) parviendra au P.C de la Défense. A ce moment –là, l’effet de surprise anglais aura joué et les combats auront largement commencé !
Windsor Castle encerclé et violemment attaqué de puis 7h du matin ne tombera que le lendemain dans l’après-midi après plusieurs assauts infructueux.
Monument historique, emplacement d’exception qui offre le plus beau panorama de la région, le poste de Windsor Castle fait partie du patrimoine de Diégo-Suarez à ce titre, il doit absolument être protégé : c’est un lieu de mémoire ; c’est un trésor touristique ; c’est un site d’une beauté rare qui s’orne même d’une plante unique au monde que connaissent les botanistes du monde entier, le pachypodium windsorii.
Sm Reutt - Ass. Ambre