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La Montagne des Français : une montagne chargée d’histoire et de traditions

Servant, comme la Montagne d’Ambre, de toile de fond à la magnifique baie de Diego Suarez, la Montagne des Français fait partie du paysage quotidien des habitants de la ville. Elle est aussi une des premières visions qui s’offre aux visiteurs qu’ils arrivent par l’avion, par la route, ou – comme il en a été pendant des siècles- par la mer.

Nommée par les habitants de la région « Antsingy » ou – suivant les endroits- « Anosiravo » ou « Ambohimarina », elle s’étend sur environ quinze kms de long.
Cependant, ne culminant qu’à 450m, elle ne mériterait peut-être pas son qualificatif de « montagne » si elle n’offrait aux regards ses falaises abruptes, coupées de gorges profondes.

Le massif, d’une largeur de 5km environ, a ainsi l’aspect d’une gigantesque table dont le sommet est constitué de calcaires cristallins recouvrant les marnes qui forment le bas des versants.
C’est d’ailleurs sans doute en glissant sur ces marnes que le Pain de Sucre, Nosy Lonjo, se serait retrouvé au milieu de la baie !

Les habitants de Diego Suarez ignorent généralement que leur région a connu la plus ancienne occupation humaine de l’histoire de Madagascar

Couverte d’une forêt sèche, la montagne des Français est surtout connue des touristes par ses baobabs dont elle possède une espèce particulière : l’Adansonia Suarezensis. Elle s’illumine aussi, en saison sèche (mais hélas de moins en moins !), du rouge-vif des Flamboyants, du jaune clair des cassias. Pachypodes (eux aussi en voie de disparition…), euphorbes, aloès font le bonheur des naturalistes.
On trouve également parfois, dans le fond des vallées ou des gorges, de sublimes orchidées…..systématiquement pillées.
Hélas, mise en coupe de façon intense, la forêt de la Montagne des Français recule de saison en saison…

 

Un lieu chargé d’histoire

Le plus ancien site archéologique de Madagascar
Les habitants de Diego Suarez ignorent généralement que leur région a connu la plus ancienne occupation humaine de l’histoire de Madagascar.
En effet des archéologues ont mis au jour, dans une grotte de la gorge d’Andavakoera, des couches archéologiques contenant des ossements et des débris de poteries, qu’ils ont pu dater approximativement de 700 ans avant Jésus-Christ.
Ils y ont également découvert des ossements d’animaux actuellement disparus, notamment des tortues géantes et de grands lémuriens.
Ces découvertes font de la Montagne des Français le site archéologique le plus ancien jamais trouvé à Madagascar.

Les fortifications

Le fort merina d’Ambohimarina
Au moment de la conquête ; les Français trouvèrent l’île en grande partie soumise aux Merina qui avaient créé 27 provinces groupées autour d’un fort.
Dans la Province d’Antomboka, limitée par la Loky à l’Est et le Sambirano à l’ouest, le fort merina (dont nous parlerons plus en détail dans un prochain article) était situé à Ambohimarina, au sud de la Montagne des Français, face au mont Reynaud, au-dessus de l’actuel village de Mahagaga.
A partir de l’installation française, en 1885, suite au traité par lequel le gouvernement malgache concédait à la France le Territoire de Diego Suarez, la co-existence entre les troupes merina d’Ambohimarina et la nouvelle colonie ne fut pas toujours harmonieuse, notamment en raison des problèmes de limite de territoire.
Pendant la guerre de 1895, les troupes françaises s’emparèrent du fort d’Ambohimarina et l’occupèrent quelque temps.

Le Fort d’Ambohimarina

le Fort d’Ambohimarina
1- Gravure parue dans l’Illustration vers 1900 représentant le Fort d’Ambohimarina vu depuis la Baie d’Ambodivahibe. De gauche à droite : le Mont Carré, le Fort d’Ambohimarina, le plateau d’Ambohimarina, le Mont Escarpé
Tour de guet au sommet du fort Tombeaux des occupants Merina du Fort Ruine d’un bâtiment au pied du promontoire de la tour
2- Restes de la tour de guet au sommet du fort. 3- Ruine d’un bâtiment au pied du promontoire de la tour et faisant parti d’un vaste ensemble d’habitations actuellement enfoui sous la végétation. 4- Tombeaux des occupants Merina du Fort, à quelques centaines de metres sur le plateau d’Ambohimarina.

 

Le fort d’Anosiravo
Dès le début de l’installation des Français à Diégo le premier Commandant de Diego Suarez, le capitaine de frégate Caillet se préoccupa de la mise en défense du nouveau territoire. Pour cela, il installa en 1886, une série de postes destinés à prévenir une attaque par la terre. Un blockhaus fut alors établi sur le versant nord de la Montagne des Français.
Mais il fallut attendre que Joffre transforme Diégo en « Point d’Appui de la Flotte » à partir de 1900, pour que des travaux plus sérieux soient entrepris.
La première idée de Joffre fut d’établir un « front de mer » constitué d’une série de « batteries de côtes interdisant aux bâtiments ennemis l’entrée de la rade, ou leur rendant le séjour intenable s’ils ont réussi à y pénétrer par surprise »
Ces batteries furent établies sur les promontoires entourant la baie, et notamment sur la Montagne des Français. Cependant, il semble que les fortifications d’Anosiravo eurent surtout un rôle de surveillance.
On établit au sommet un poste optique destiné à assurer la surveillance et à transmettre les messages au quartier général.
Par ailleurs la plupart des bâtiments, dont il subsiste des ruines, servirent de casernements à ceux que l’on nommait les « disciplinaires » c'est-à-dire à la section de discipline du 13ème régiment d’Infanterie Coloniale, composé de tirailleurs sénégalais.
Afin de desservir le fort, un tunnel fut creusé dans la montagne de façon à faire monter des wagonnets vers le sommet de la montagne où étaient établis les bâtiments.
Ces casernes furent désaffectées dès 1911.

Le Fort d’Anosiravo

Militaires au pied de la falaise d’Anosiravo Échelles facilitant d’accès au Fort d’Anosiravo
1 - Militaires au pied de la falaise d’Anosiravo au niveau du chemin de croix actuel. 2 - Échelles facilitant l’accès au Fort d’Anosiravo par la falaise.
Tour de guet au sommet du fort
3 - Vue du Camp Disciplinaire prise depuis le Fort d’Anosiravo.
En arrière plan, l’Océan Indien
Le Camp Disciplinaire aujourd’hui Le mur Sud du fort d’Anosiravo
4 - Le Camp Disciplinaire aujourd’hui : on reconnaît les arches du bâtiment sur la gauche de la photo n°3. 5 - Le mur Sud du fort d’Anosiravo à l’heure actuelle

 

Des traditions religieuses

Depuis quelques années la Montagne est devenue un lieu de pèlerinage.
En 1956, le Père Perrin dirigea la mise en place de 14 croix : la grande croix placée près du sommet fut érigée par un groupe de chrétiens : elle portait l’inscription suivante : « Le samedi 24 mars 1956, le révérend Père Perrin étant curé de la cathédrale, nous avons dressé cette croix en souvenir des souffrances de notre Seigneur Jésus. Ensemble, mêlés, unis dans le même amour nous avons gravi la Montagne des Français, portant sur notre dos chacun une charge de 25 kilos….
Depuis, toutes les années, le dimanche qui précède les Rameaux, une grande partie de la ville, rassemblant, en tout œcuménisme, des chrétiens, bien sûr, mais aussi des athées, des musulmans et d’autres fidèles, se rend dès le milieu de la nuit « à la montagne » pour gravir le chemin de croix.
Que toutes les prières formulées à cette occasion , puissent aussi contribuer à sauver ce lieu de la dévastation qui le menace !
■S. Reutt - Association Ambre

 

Extrait du code forestier de 1900,
paru dans «La Revue de Madagascar»

Le régime forestier

Article 90 : la coupe d'arbres sur pied ou l'enlèvement d'arbres déjà abattus, ayant à 1 m du sol deux centimètres de tour et au-dessus donnera lieu à une amende de 1 à 100 fr. par pied. Il pourra en outre, en cas de récidive, être prononcé un emprisonnement d'un à 30 jours.

Article 91 : la coupe ou l'arrachage d'arbres sur pied ou l'enlèvement des arbres déjà abattus, ayant moins de 2 cm de tour, seront punis : . Pour chaque charretée, de 5 à 20 fr. par bête attelée ; . pour chaque charge de bête de somme, de deux à cinq francs. . de cinquante centimes à deux francs par charge d'homme. Il pourra, en outre, en cas de

récidive, être prononcé un emprisonnement d'un à cinq jours.
S'il s'agit de végétaux à caoutchouc ou de bois ébénisterie tel que l'ébène, le palissandre, le bois de rose, l'acajou, etc. ou ou d'arbres semés ou plantés de main d'homme, dans les forêts ou les périmètres de reboisement, depuis moins de 10 ans, les amendes seront doublées et un emprisonnement d'1 à 10 jours pourra être prononcé.
Article 92 : ceux qui dans les forêts auront éhouppé, écorcé, ou mutilé des arbres ou autres végétaux forestiers, seront punis comme s'il les avait abattus par le pied.

1 franc 1900 égale environ 2 euros, soit environ 3 000 ariary,
Serait-ce dissuasif aujourd'hui?

 

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N°182
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