Imprimer
Catégorie : Histoire
Publication :

les Rues de Diego Suarez : les « nouveaux quartiers »
L’extension de Diego Suarez dans les années 1900- 1930 entraine la création de nouveaux quartiers sur le plateau

La rue Colbert, ouverte vers 1890 s’est longtemps terminée à la Place de l’Octroi qui déterminait les limites de la ville vers le sud et d’où partaient les routes pour Anamakia et pour le Camp d’Ambre (Joffreville).
Cet octroi, véritable poste de douane était destiné à contrôler les marchandises qui entraient en ville …et, éventuellement à leur appliquer des taxes.
C’est au-delà de l’octroi que fut établi, à partir de 1900, le village indigène, Tanambao, la « nouvelle ville »

Les déménagements du village indigène
La ville basse, peuplée de façon hétéroclite par les différentes vagues d »immigrants » était rapidement devenue trop exigüe en raison de l’afflux de population. Les « indigènes » nouvellement arrivés (essentiellement antankaranas, antaimoros, sakalaves) furent donc, dans un premier temps regroupés à la Pointe du Corail, derrière la Place Kabary, dans un village aux cases en paille, protégées par des enclos destinés à éviter la propagation des incendies.
Avec l’arrivée de Joffre, et les plans d’aménagement de la ville, il fut décidé d’établir le nouvel hôpital à cet emplacement, bien ventilé, et donc considéré comme un endroit particulièrement sain.
Le camp malgache fut donc déplacé à 2km au sud de la ville, au-delà de l’octroi dont il était séparé par un « no man’s land ».
L’emplacement fut divisé en parcelles rectangulaires, bordées de rues se coupant à angles droits.
Si ce plan d’urbanisme permettait un meilleur contrôle sanitaire et une meilleure installation des services de voirie, il permettait aussi (sans qu’on ait voulu l’admettre …) de contrôler plus facilement la population et, le cas échéant, d’intervenir plus efficacement en cas de troubles.
Quoi qu’il en soit, les maisons en bois, nouvellement construites, représentaient un réel progrès par rapport aux cases de paille de l’ancien camp malgache.

Octroi et TanambaoLe quartier de l’octroi
Débutant à la Place de l’octroi qui devint, après la guerre la Place Foch (que nous connaissons plutôt, à l’heure actuelle sous le nom de « Place de la Mairie » ou Place Ph.Tsiranana), le quartier de l’octroi était - et est encore ! – principalement habité par des Indo-Pakistanais. Ceux-ci, d’abord installés à Nosy-Be ou à Majunga, rejoignirent le pôle de développement économique qu’était devenu Antsirane dès la fin du XIXème siècle. L’implantation de leurs magasins avant l’octroi leur permettait d’éviter les taxes qui frappaient les produits venant de la brousse.

La place de l’octroi
(Place Foch)
Marquant la limite entre le quartier « européen » de la rue Colbert et le quartier « karany » , la Place Foch se situait au carrefour névralgique de la rue Colbert et du bd de Sakaramy qui débouchait du quartier militaire et par lequel passait la voie ferrée Decauville.
Longtemps considérée comme la « frontière » de la ville européenne elle fut délaissée jusqu’à l’implantation de nouvelles maisons de commerce indiennes qui y construisirent de très belles maisons comme la maison Akbaraly.
Dans les années 1920, on y trouvait même un cinéma, (à l’emplacement du « Diégo sun city »(à vérifier…)le « Cinéma moderne » qui fut remplacé beaucoup plus tard par un « Luna Park » que certains antsiranais ont connu.
Cependant le quartier de la rue Lafayette était considéré en général comme « déshérité ».La Place Foch et le quartier de l’octroi furent assez tardivement empierrés. Dans le journal « L’Eclaireur » de septembre 1932, on peut ainsi lire que la ville « fait construire les trottoirs et empierrer les rues …aboutissant à la rue Lafayette ». Même chose pour l’électricité dont les habitants du quartier durent attendre l’installation pendant de nombreuses années : on lisait, toujours dans « L’Eclaireur » de juillet 1932, « 100.000 francs ont été prévus au budget pour l’extension de l’éclairage dans le quartier Lafayette qui attend avec impatience l’utilisation des crédits ».
Le quartier de Tanambao, entre temps, s’était fortement développé : dès le début du siècle on y avait construit un marché à la structure métallique qui fut reconstruit après le cyclone de 1912 qui l’avait entièrement détruit. La vie du quartier s’animait autour de ce marché et autour du lavoir qui y avait été installé à la même époque. On trouvait même à Tanambao …un court de tennis (près de ce qui devint, plus tard, le Cercle franco-malgache).
Cependant, pendant longtemps, les habitants du quartier se plaignirent du mauvais état des routes et durent-eux aussi – faire une pétition pour obtenir l’électricité dans les années 1930.
Depuis, la Place Foch s’est agrandie par la démolition d’un pâté de maison qui dégagea l’espace nécessaire à la construction de la Mairie et des bâtiments administratifs en 1960 ; les quartiers de l’Octroi et de Tanambao ont vu se construire de nouveaux bâtiments, publics comme le Tsena , religieux comme la nouvelle mosquée Bohra ou privés comme quelques belles maisons – de style indien évidemment – qui ornent le début de la rue Lafayette .
Cependant, le quartier de l’octroi a conservé une population semblable à celle qui était la sienne au début du siècle , permanence qui vient d’être symbolisée par le changement de nom de la rue Lafayette qui a pris celui du chef religieux des indiens bohras.
■S. Reut - Ass. Ambre

Place Foch

Bazar de Tanambao