Du fortin de Mahatsinjarivo, perché sur le plateau au dessus de l'aéroport d'Arrachart, il ne reste quasiment plus rien qu'un bosquet d'arbres visible de toute la région, se détachant sur la ligne du plateau, et quelques pans de mur qui disparaissent peu à peu. Cette petite bâtisse oubliée a pourtant constitué le « point d'appui principal de la colonie » à la fin du XIXème siecle, qui défendait le jeune établissement de Diego Suarez contre les menaces venues du sud
Dès le mois de juillet 1885, le Commandant Particulier Caillet établit une solide redoute au sommet du plateau de Mahatsinjoarivo à une altitude de 215 mètres sur le versant nord de la Montagne d'Ambre, à 15 kilomètres environ au sud de la baie et à 6 kilomètres au nord-ouest du Fort d'Ambohimarina.
Ce poste qui se trouvait à mi-chemin du Canal du Mozambique et de l'entrée de la Baie, devait par la suite jouer un rôle important pour la politique de pénétration entreprise par les autorités de Diego Suarez. Mais il fallut attendre l'inspection générale effectuée en 1887 par le Général Borgnis-Desbordes pour qu'un plan définitif du dispositif de défense de Diego Suarez soit décidé par le département.
Le poste de Mahatsinjoarivo, considéré comme une position stratégique de premier ordre fut choisi comme « point d'appui principal de la colonie ». Ce choix était surtout motivé par sa situation sur une hauteur qui domine les plaines du sud de la Baie et par le rôle stratégique qu'il pouvait être appelé à jouer dans une guerre contre les Merina.
Par un décret en date du 8 février 1888, il a été décidé que le poste de Mahatsinjoarivo devait être organisé pour entretenir une garnison de trois cent soldats composée de deux compagnies de "disciplinaires" (cent hommes par compagnie) et d'une compagnie de tirailleurs indigènes (cent hommes). Trente sept hommes de cadre européen dont quatre officiers et huit sous officiers furent chargés de l'encadrement de cette garnison. On y affecta aussi cinq gendarmes à cheval chargés de faire la liaison avec le quartier général d'Antsiranana et les autres postes de la ligne de défense sud.
Cependant, le Général Borgnis- Desbordes avait trouvé le fort de Mahatsinjoarivo peu opérationnel : placé trop près de la Montagne d'Ambre, il ne permettait pas de surveiller suffisamment la vaste plaine de la Betahitra où le passage d'une colonne ennemie venue du Fort Merina d'Ambohimarina serait passée inaperçue. C'est pourquoi, dès octobre 1887, un nouveau fort fut créé au Point 6.
Mais, en dépit de la volonté affirmée par les administrateurs, les travaux et l'armement de la garnison furent ralentis par le manque de moyens mis à disposition par l'administration. En juin 1892, le botaniste Kergovatz écrivait : « Le fort de Mahatsinzo(sic) n'est encore qu'une longue caserne défensive en pierre, entourée d'une forte palissade. Les courtines et les bastions sont tracés, mais on n'a pu encore commencer les terrassements. On attend que le camp des tirailleurs de Diégo-Suarez, qui, pour le moment, est établi autour de la caserne, ait été transporté aux environs immédiats d'Antsirane. Le capitaine Lamiable, commandant des tirailleurs, voulut bien me faire visiter le camp et m'expliquer par quelles vicissitudes a passé ce malheureux corps indigène. Formé pendant la guerre de Madagascar sous le nom de tirailleurs sakalaves, il rendit les plus grands services et se distingua sous le commandant Pennequin au combat d'Andampy, le 27 août 1885, où soixante tirailleurs, non seulement protégèrent la retraite d'un peloton d'infanterie de marine tombé dans une embuscade, mais encore, immobiles à leur poste, autour du commandant blessé, attendirent sans broncher la charge furieuse de quinze cents Hovas, ne firent feu qu'au commandement et finalement mirent l'ennemi en complète déroute. C'est grâce à l'énergie, au dévouement, à l'ingéniosité des capitaines qui se sont succédés à la tête de la compagnie, grâce aussi au concours tout patriotique du service local, qui employa ses premières ressources à donner un uniforme aux tirailleurs, que l'on a pu attendre le décret récent organisant deux compagnies de tirailleurs de Diégo-Suarez, en attendant le bataillon complet. Ils ont fort bon air, ces tirailleurs, sous leur uniforme provisoire; chéchia, blouse bleue à parements et pattes rouges et pantalons blancs. Les compagnies comptent déjà 200 hommes qui manoeuvrent comme de vieux troupiers. »
Dans la nuit du 23 au 24 décembre 1894, pendant la montée des tensions qui aboutirent au conflit franco-merina de 1895/96, plusieurs soldats Merina encerclèrent le poste de Mahatsinjoarivo, ils essayèrent d'organiser une attaque, mais ils furent rapidement repoussés.
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