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Vue d'Antsirane vers 1890
Vue d'Antsirane vers 1890

La marine française du XIXème siècle a pour ambition de rattraper son retard sur la Royal Navy anglaise qui dispose de bases navales un peu partout dans le monde. Quand, par le traité de 1885, la France obtient le droit de faire à Diego Suarez « des installations à sa convenance », la nécessité de fortifier la baie de Diego Suarez s'impose comme une évidence, mais ne vas pas aller sans heurts avec le gouvernement Merina...

François de Mahy, le député réunionnais , partisan de la présence de la France à Madagascar, exprime dans une lettre du 26 octobre 1885 un avis qui va dans ce sens : « L’entrée de la baie est large de 800m environ. A peu près au milieu est un îlot relié à la côte nord par des hauts-fonds, de sorte que la passe se trouve au sud de l’îlot, et réduite à une largeur de 300m environ. Quelques torpilles et quelques batteries la rendraient inabordable. Dans l’intérieur de la baie, en face de l’entrée, l’île aux Aigrettes ; plus loin, le Cap Diego Suarez. Des fortifications sur ces hauteurs complèteraient le système de défense. »

Mais de défense contre qui ?

Dans les premières années de l’occupation, pour les français, les risques viennent de l’intérieur. Il s’agit du gouvernement merina, installé dans la région depuis l’expédition de Radama Ier dans le nord. Ce dernier a laissé un poste militaire, transformé ensuite en un fort d’accès difficile au sommet du mont Reynaud, dans la montagne des français. Dénommé « Ambohimarina », il devint le quartier général de la province d’Antomboko.
De leur côté, les français, dès leur installation à Diego Suarez, établirent un petit fortin « construit sur le monticule par lequel se termine le plateau de la péninsule dominant la rade et protégeant les établissements »  (Société de géographie de Marseille – 1886).

Ambohimarina

Situé au sud de la Montagne des Français, face au mont Reynaud à l’Est (Mont Carré) et au-dessus de l’actuel village de Mahagaga, le Fort d’Ambohimarina était le siège du pouvoir merina dans la Province d’Antomboka. Il fut construit, à partir de 1837 pour répondre aux attaques incessantes des Antankaranas.
Sa position stratégique lui permettait de dominer toute la région. Il accueillait une garnison comprenant jusqu’à 2000 hommes qui vivaient dans une véritable cité au sommet du plateau d’Ambohimarina. Il était ravitaillé par mer par des bateaux partant de Vohemar et accostant dans la Baie d’Ambodivahibe.

Mahatsinjoarivo

Dès juillet 1886, le commandant Caillet établit une solide redoute au sommet du plateau de Mahatsinjoarivo, à une altitude de 215 m au sud de la baie et à 6 km au N.- du fort d’Ambohimarina. Un autre poste fut installé au « Point 6 »  sur le chemin d’Ambohimarina, où les Merina avaient un poste de douane : il était destiné à surveiller le chemin qui reliait Ambohimarina au village d’Antsirane.
Considéré comme une position stratégique de premier ordre en raison de sa situation sur une hauteur qui domine à la fois le chemin d’Ambohimarina et les riches plaines d’Anamakia, il fut doté d’une garnison de 300 soldats, composée de 2 compagnies de disciplinaires et d’une compagnie de tirailleurs indigènes et encadrée par 37 officiers et sous-officiers. Des gendarmes à cheval faisaient la liaison avec le quartier général et les autres postes. Un chemin de fer Decauville reliait Mahatsinjoarivo à Antsirane. Dans la nuit du 23 décembre 1894, le poste fut attaqué par les soldats merina qui furent repoussés sans trop de difficultés.

La Baie

Par ailleurs, le Commandant Caillet commença à mettre en place une ligne de défense intérieure :
- 2 blockhaus équipés d’artillerie, l’un sur les hauteurs d’Orangea, l’autre dans le nord de la Montagne des Français
- Un poste dans la Baie du Courrier, tenu par une vingtaine de tirailleurs indigènes sous le commandement d’un sergent français
L’installation de la défense du front de mer ne fut réellement entamée qu’à partir de 1893.
Elle comprenait :
- Les batteries défendant la passe : batterie haute d’Orangea armée de 4 canons et batterie de la Pointe de l’Aigle(au sud de la passe)armée aussi de 4 canons de 138,6m/m
- Les batteries destinées à la défense de l’intérieur de la rade :batterie du Cap Diego Suarez armée de 6 canons et celle de la Pointe du Corail, armée de 2 canons de 194m/m
Cependant aucune organisation de défense sérieuse ne fut entreprise jusqu’en 1898.

Le fortin d'Antsirane, constitué d'une petite enceinte maçonnée et de bâtiments en bois, dominait l'actuelle ville basse
Le fortin d'Antsirane, constitué d'une petite enceinte maçonnée et de bâtiments en bois, dominait l'actuelle ville basse
Les relations avec la population locale

Pour obtenir la fidélité des populations locales , le gouvernement d’Antomboko va changer sa politique en améliorant la vie de ses sujets et en supprimant les abus comme les réquisitions, l’usure, et d’une façon générale les pratiques dont sont victimes les côtiers. Le Premier Ministre donne ordre « de bien administrer les Sakalava et de ne pas les pressure ».
Mais cette politique va s’avérer inopérante en raison de l’attirance de la ville naissante de Diego Suarez. En effet, les français, à la recherche de main d’oeuvre vont tout faire pour attirer les populations.
Payant des salaires aux ouvriers alors que les merina pratiquent la réquisition, accueillant les esclaves évadés, séduisant les populations par les nouveautés que l’on y trouve (maisons, chemin de fer, richesse en comparaison du dénuement d’Ambohimarina), Antsirane n’a pas de mal à attirer les sujets d’Antomboko.

Le face à face Ambohimarina-Diego Suarez
Gravure montrant les «échelles» à Ambohimarina en 1886
Gravure montrant les « échelles » à Ambohimarina en 1886

Il est très tôt matérialisé par la construction du fort de Mahatsinjo :  construit par les tirailleurs, faisant face au fort d’Ambohimarina, il est une provocation permanente pour la garnison merina.
En effet, le Gouverneur de Diégo, Froger, ne cesse de grignoter des territoires au-delà de la zone qui a été accordée à la France par le traité de 1885. Mahatsinjo, domine ainsi le poste de douane merina d’Antanamitarana qui formait la limite du territoire concédé.
Mais l’insuffisance des moyens de la garnison merina la contraint à accepter ce qu’elle ne peut empêcher. Les incidents sont donc fréquents. Un des plus célèbres se produit lorsque le Gouverneur Froger, invité à la fête de la Reine en 1891 se voit obligé de grimper aux échelles de la falaise alors qu’il sait qu’un bon chemin lui permettrait de se rendre à cheval à Ambohimarina . Considérant qu’il s’agit d’une « insulte à la France » il porte plainte auprès du Résident Général.
Cependant, il semble que les relations entre les merina et les français ne soient pas toujours aussi mauvaises et que des relations sociales se soient établies entre eux :  « Ce matin, nous avons donc vu arriver à Diégo, portées en fitacon, les femmes de ces officiers (merina). Le gouverneur les a pilotées toute la journée, reçues à déjeuner, logées au gouvernement, puis, finalement, conduites au bateau et recommandées chaudement au commandant ». (C.Vray )
Cependant, le fort d’Ambohimarina reste pour les français un lieu mystérieux :  « Des légendes assez bizarres courent sur cet endroit qu’on prétend en communication avec l’intérieur de l’île par de longs couloirs souterrains qui conduiraient directement à Tananarive… » (C.Vray) ;

La détérioration des relations et la marche à la guerre

A partir de 1886 les relations vont prendre un tour plus agressif. D’abord en raison de l’attitude expansionniste et de la mauvaise volonté du gouverneur de Diego Suarez, Froger , qui entraîne des incidents diplomatiques et militaires. En réponse, les merina tentent de multiplier leurs postes de douane, puis, à partir de 1892, leurs postes militaires. La situation devient alors de plus en plus tendue :  le fort d’Ambohimarina est sur le qui-vive et les français renforcent la surveillance dans leurs postes militaires. En 1893 les Merina forment un blocus destiné à intercepter l’approvisionnement de Diego Suarez. En 1894, la garnison d’Ambohimarina est renforcée. Les Merina installent un camp à Mahagaga et une batterie près du Point 6. Antsirana se met alors sur pied de guerre, l’usine d’Antongombato est dotée de canons et les colons sont armés ou évacués sur Diego Suarez. Le 20 décembre 1894 la Colonie de Diego Suarez est déclarée en état de siège. Dans la nuit du 23 au 24 décembre les merina attaquent le poste de Mahatsinjarivo mais ils sont repoussés. Dans la nuit du 11 au 12 avril 1895, 3 compagnies d’infanterie de marine, une section d’artillerie et un bataillon de volontaires de La réunion attaquent le fort d’Ambohimarina qu’ils enlèvent à l’aube. Les français s’emparent de ce que les merina ont laissé derrière eux :  « un butin considérable » selon certains, « peu de choses » selon d’autres… Deux des drapeaux merina saisis à Ambohimarina furent envoyés au maire de Saint-Denis par les Réunionnais ayant participé à l’attaque.
Une poste optique ainsi qu’un canon de campagne seront ensuite installés par les français  à Ambohimarina pour surveiller les abords de la Baie de Rigny.

La forteresse d'Ambohimarina

La forteresse d'Ambohimarina vue de Mahagaga
Ambohimarina vue du village de Mahagaga

Une tourelle occupait le piton sommital . Un village de garnison qui accueillait 2 000 soldats et leurs familles était bâti en contrebas sur le plateau supérieur. Le fort était ravitaillé par des bateaux en provenance de Vohémar qui accostaient en Baie d'Ambodivahibe . L'accès par l'Est, depuis la Baie d'Ambodivahibe se faisait par une bonne piste en pente douce. L'accès par l'Est et la vallée de Mahagaga était beaucoup plus périlleux en raison des falaises qui bordent le plateau et nécessitaient l'emploi d'echelles ou d'escaliers.

Ci dessous : gravure représentant le village de garnison sur le plateau supérieur d'Ambohimarina, vue depuis le piton sommital. On distingue nettement la ligne de bord du plateau d'Ambohimarina. A l'arrière plan, la vallée de Mahagaga.

Le village d'Ambohimarina

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