Nommée ainsi pour son camaïeu d’eaux turquoises, la Mer d’Emeraude est un vaste lagon corallien qui borde le nord de l’entrée de la Passe de la Baie de Diego Suarez. Un comité de gestion est en cours de mise en place dans l’objectif d’en rationnaliser l’exploitation et de mettre fin aux dérives qui ont pu être constatées ces dernières années.
La magnificence de ses paysages, la richesse de ses fonds marins et l’étendue exceptionnelle de son lagon en font un des sites balnéaires des plus visités du Nord de Madagascar pour le farniente, la découverte et la pratiques d’activités aquatiques et nautiques. Il n’est pas rare en effet grâce à la limpidité de ses eaux d’apercevoir des raies manta ou des tortues marines évoluant librement dans leur milieu naturel. La barrière de corail ferme un des plus grands lagons de Madagascar dont l’orientation au vent en fait un site exceptionnel pour la pratique du windsurf et du kitesurf particulièrement pendant la saison du Varatraza (nom local des Alizés) soit d’avril à octobre.
Avec environ 9 000 visiteurs par an, c’est un des principaux pôles d’intérêt de la Région. La plupart des touristes séjournant durant plusieurs jours à Diego Suarez se rendent sur ce site, occasionnant une activité non négligeable pour les tours opérateurs de la ville et les marins pêcheurs de la Baie. Si les touristes sont unanimes pour dire que ce qui les séduit en premier est le caractère sauvage et préservé du lieu, depuis plusieurs années déjà les pressions environnementales sur ce site s’accentuent ce qui a rendu impératif la mise en place concertée et rationnelle de la ressource.
Déchets sur les plages et les îlots visités ce qui entraîne l’apparition de vermines, surpêche, dégradation des fonds marins et notamment du corail sont les principales pressions relevées. De plus, l’absence d’organisation concertée a favorisé l’implantation anarchique de constructions hétéroclites et la mise en place de taxes à la légalité douteuse dont la finalité est jusqu’à alors pas clairement définie.
Une réflexion a donc été engagée depuis plusieurs mois avec l’ensemble des parties concernées, à savoir les deux Communes rurales propriétaire et utilisatrice, la Région DIANA, les services techniques déconcentrés et opérateurs touristiques regroupés au sein de l’Office Régional de Tourisme de Diego. Cette réflexion a abouti à la décision d’instituer un Comité de gestion de la Mer d’Emeraude. Des experts ont été mandatés afin d’élaborer un plan d’aménagement et de gestion du site et d’en préparer la mise en œuvre.
Le plan d’aménagement et de gestion comprend notamment dans sa version actuelle la construction de 14 paillottes et d’espaces de cuisine à usage collectif pour abriter du soleil les visiteurs durant leur repas, l’implantation de parasols en matériaux locaux sur la plage pour de l’ombrage, la plantation de palmiers, la construction de toilettes sèches, le balisage d’un sentier pédestre sur l’îlot ainsi que l’implantation d’une table d’orientation. Un autre volet du projet concerne l’appui à la structuration des pêcheurs en particulier en ce qui concerne le respect de la réglementation relative à la sécurité sous contrôle de l’APMF (immatriculation, matériel de sécurité, visite technique, assurances…), ainsi que la mise en place d’un kiosque d’accueil à Ramena pour l’information des touristes (horaires des marées, météo) mais surtout la définition d’une gamme tarifaire commune à tous les opérateurs et d’une gestion coopérative des départs afin de mettre un terme aux dérives qui ont pu être constatées (tarifs du simple au triple pour des prestations égales).
La réalisation de ce plan est cependant conditionnée par l’obtention d’un permis environnemental délivré par l’ONE, Office National pour l’Environnement. Une étude d’impact environnemental et social doit en effet être menée au préalable pour permettre l’élaboration d’un cahier des charges qui devra être respecté par le ou les gestionnaires.
Bien que ce projet ne soit pas encore dans sa phase de mise en œuvre, il nous semble remarquable que ce soient les pêcheurs eux-mêmes qui aient décidé de se coordonner pour mettre en place des mesures de réglementation de la pêche afin de lutter contre l’épuisement de la ressource.
Vu l’ampleur de ce projet, le Comité de gestion de la Mer d’Emeraude envisage de solliciter l’appui de partenaires techniques et financiers pour en faciliter sa mise en œuvre et par la suite de mettre en place un système de droit d’entrée dont le tarif pourrait varier de 5 000 à 10 000 Ar. par personne afin de pérenniser ce système de gestion communautaire.
Contacts du comité de gestion de la Mer d’Emeraude :
Beanjara Eudoxie Volasoa
033 05 306 32