Construit à son point le plus haut, le château d’eau alimente toute la ville en eau potable. Photos : Fita
L’avenue Lally-Tollendal marque la délimitation des quartiers Bazarikely et Avenir. Le quartier Avenir se situe dans le centre ville, entouré des quartiers : Lazaret nord à l’est, Place Kabary au nord, Bazarikely à l’ouest et Lazaret sud. Des églises très anciennes, des infrastructures hôtelières et touristiques, de nombreuses entreprises privées, quelques établissements publics administratifs…
Dans la journée, le quartier est très fréquenté, notamment par des enfants car (curieusement), deux écoles primaires publiques sont installées côte à côte. Une opportunité certainement quant à la disponibilité du terrain. Les EPP Lally Tollendal et Polygone sont en effet seulement séparées d’un mur. Chaque dimanche, ce sont les églises anglicane, FJKM et luthérienne qui attirent la population chrétienne d’Antsiranana. C’est aussi dans le quartier Avenir que sont installées trois entreprises d’assurances et de réassurance : Allianz, Ny Havana et Aro. La délégation à Antsiranana de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale s’y est établie depuis 1975, après s’être installée provisoirement dans la rue Colbert dès 1968.
On retrouve aussi dans le quartier le centre islamique de Diego Suarez ainsi que la radio Feon’ny Silamo, FM 104.
Le quartier rencontre comme à d’autres endroits de la ville le problème de l’insécurité. Les ampoules pour éclairer les rues sont brûlées et ne sont pas changées, ainsi comme le raconte un habitant du quartier « l’on entend souvent des jeunes femmes, sortant des boîtes de nuit, qui crient parce qu’elles se font attaquer », cela concerne la rue François de Mahy et la rue Mgr Courbet. Les associations ne sont pas très actives dans le quartier et ne sont pas très nombreuses. Raharisoa Sahondra, adjointe du chef Fokontany avance que des sensibilisations sont au programme dont notamment pour la constitution d’une association de femmes. « Il faut dire que dans ce quartier, c’est le chacun pour soi » nous dit-elle. Elle déplore aussi l’état des ruelles : rues Beniowsky, Rigault, Mgr Courbet ainsi que la rue de la prison. Le bureau du Fokontany nécessite des entretiens, des pièces bien qu’elles soient indispensables sont inutilisables.
L’avenue Jeanne Befatoma
Les Antsiranais ne sont pas encore habitués à cette nouvelle appellation, certains s’étonnent « où se trouve cette avenue Jeanne Befatoma ? » entend-on souvent demander. C’est vers la fin de l’année 2013 que cette principale avenue du quartier Avenir et de la ville d’Antsiranana a été rebaptisée. Décision qui souligne une fois de plus l’attachement à l’histoire de la nation malgache, plus précisément celle du nord et la nominalisation en malgache des lieux publics, cas aussi par exemple de la promotion du nom malgache de la ville : Antsiranana au lieu de Diego Suarez.
Qui était Lally-Tollendal ?
Thomas Arthur Baron de Lally-Tollendal (1702-1766) était gouverneur général des établissements français des Indes. Vaincu par les Anglais, il échoua à Madras et capitula à Pondichéry. Il devint bouc émissaire des défaites infligées par les Anglais. A son retour en France, il fut condamné à mort et exécuté en place de grève le 9 mai 1766, il était accusé de trahison, de lâcheté et de corruption. Son fils Gérard, Marquis de Lally-Tollendal s’est battu pour réhabiliter sa mémoire, si le crime de haute trahison est écarté, d’autres chefs d’accusation sont maintenus. Voltaire médiatise fortement l’affaire et publie avec Gérard de Lally-Tollendal des Fragments sur l’Inde.
Jeanne Befatoma
Jeanne Befatoma est née en 1915. Elle et Solomanjary Agnès quittent le foyer familial pour un lieu lointain, elles partent pour l’Imerina en 1930 pour entreprendre leurs études. Après avoir obtenu leurs diplômes de fin d’étude, elles deviennent les premières femmes fonctionnaires natives de la province du nord dans l’administration coloniale française à Madagascar. Agnès Solomanjary est sage-femme de l’assistance médicale indigène et Jeanne Befatoma, institutrice de l’enseignement primaire public. En effet, à son arrivée à Antananarivo, Jeanne Befatoma entra à l’école ménagère d’Avaradrova. Un article du journaliste Randriamirado Narcisse, paru le 10 novembre 2000 dans le quotidien Madagascar Tribune rapporte le témoignage d’un ancien élève « c’était un visage bien connu à Diego. Elle était remarquable par sa sociabilité, sa piété et son sens de responsabilité ». Jeanne Befatoma enseigna à Vohémar, à l’école primaire Lavigerie, Lally Tollendal et Sadi-Carnot.
Elle a reçu de nombreuses distinctions honorifiques dont Chevalier de l’Ordre de l’Etoile Noire de Bénin, la Palme académique française, le Grand Officier de l’Ordre national malgache… Elle décède à l’âge de 85 ans et repose à Anivorano nord. Ce sont ses anciens élèves qui ont souhaité donner le nom de Jeanne Befatoma à l’école primaire publique ainsi qu’à l’avenue.
L’EPP Polygone
L’Ecole Primaire Publique polygone est fréquentée par les enfants issus de la couche défavorisée de la plupart des quartiers d’Antsiranana. Elle compte près de 240 élèves et cinq enseignants dont un employé par l’association des parents d’élèves, FRAM. La directrice de l’école est aussi chargée de cours. Le droit d’inscription appliqué dans cette école est un peu moins que celui demandé dans les autres écoles primaires publiques. Particularité de l’école… un centre de santé bucco-dentaire y est mis en place. Ce sont les élèves et le personnel de l’EPP qui ont droit aux soins contre une cotisation annuelle de 800 Ariary par élève et de 2 000 Ariary par enseignant ou personnel administratif.
La maison carcérale d’Antsiranana
La maison carcérale est sous l’administration de la direction régionale de l’administration pénitentiaire qui pour la première fois dans son histoire est dirigée par une femme : Volazara Sakina Mohamadi depuis 2008. La capacité d’accueil de cette maison carcérale est de 218 individus, or à la fin du mois de mars 2014, 783 détenus sont enregistrés dont 32 dans le quartier des mineurs. Chaque jour, cinq personnes assurent la garde ainsi qu’un chef de poste. Les chambres sont ouvertes pendant 10h la journée. Dans la cour, il y a toutes sortes de commerce et d’activités : un petit marché où sont vendus des légumes, du sucre, du sel, des poissons séchés et même de la soupe. Des artisans y fabriquent des produits qui seront vendus à l’extérieur, il y a des casseurs de pierre, des artistes : certains composent, d’autres chantent, il y a ceux qui apprennent à danser, ceux qui font du foot, ceux qui prient.
Les travaux de construction de la prison ont débuté en juillet 1901 et terminé en mars 1902 (lire sur: http://latribune.cyber-diego.com/histoire/477-linsecurite-a-diego-suarez-un-fleau-deja-il-y-a-100-ans-.html). La prison est construite sur un terrain de 9 163m3. La maison carcérale est constituée de chambres pour les hommes (majeurs), quatre chambres, dont une seulement utilisable, pour les femmes, quatre cellules de punition et une chambre pour les mineurs. Il y a également un bâtiment servant au rez de chaussée de bureaux administratifs et à l’étage de logement pour le chef d’établissement ainsi qu’une chapelle et une infirmerie.
L’église FJKM Antseranana Fahazavana
La conquête merina de territoire à laquelle ont vivement résisté les rois de la région nord est liée à l’histoire de l’avènement de la religion protestante dans le nord de Madagascar. Du temps de Radama (avant 1828) existaient déjà des soldats chrétiens d’Antananarivo postés à Ambohimarina. Ils tentaient de convaincre la population locale au christianisme par leurs chants et conduites chrétiens, mais celle-ci ne voit dans tout cela qu’une stratégie pour renforcer le royaume merina. Après la forte répression royale contre le christianisme et les chrétiens de 1836 à 1861, le nord de Madagascar côtoie la religion protestante. Ramaka, pasteur à Avaratr’Andoahalo fut désigné gouverneur d’Ambohimarina le 20 septembre 1886. S’ensuivirent les constructions d’églises : à Ambahivahibe en 1905, Daraina en 1906 et Mahagaga en 1909. A Antsiranana, une infrastructure en bois existait à Tanambao depuis 1907, implantée sur le terrain appartenant au pasteur Rasamison. Une tempête l’a emportée le dimanche 24 novembre 1912. L’administration coloniale fait don d’un terrain de 990m2, se situant au coin des rues Duguay, Trouin et Dumnot d’Urville. La surface ne suffisant pas pour la construction d’un temple, le missionnaire Parisot refuse le don et décide d’acheter un terrain de 6 Ares 7 centiares au coin de la rue François de Mahy et la rue Cabot, dans le quartier Bellevue. Le temple y fut construit, cependant, la demande d’ouverture du temple datant du 28 novembre 1913 fut refusé par l’Administration car elle doit émanée d’un malgache. Le 24 janvier 1914, la première église construite en dur à Antsiranana fut inaugurée, cette date marque aussi la naissance de l’église MPF Diego Suarez. La construction des clôtures débute en 1928, la première tour est érigée en 1935 et la cloche installée en 1936. Une extension de l’église est décidée le 19 octobre 1947, l’architecture du temple sera transformée en une forme de croix, ce qui signifie qu’il faut installer deux poches des deux côtés de l’auteuil. Ce fut décidé le 19 mars 1948 et les travaux achevés en 1950. Une extension du terrain ne put être possible que par une demande pour occuper la rue de la prison ainsi qu’une parcelle de terrain à l’ouest de l’église, la demande a été accordée le 25 mars 1968. C’est donc ainsi que la rue de la prison aboutit à son intersection avec le boulevard Le Myre de Villers.
D’autres travaux d’extension débutent en 1995, le temple perd son architecture en forme de croix pour celle d’un triangle, l’inauguration se fut le 10 octobre 1999. Le mot « Lumière » s’ajoute au nom de l’église FJKM Antseranana. L’église dispose aussi d’un dispensaire, d’une librairie et d’une radio : Fahazavana FM 103.
Le Palais du Faritany
Le Palais du Faritany est construit en 1982. Comme son nom l’indique, le palais symbolise la politique d’administration du territoire de l’époque et abrite les bureaux destinés au fonctionnement de la Province d’Antsiranana. Elle fut un temps délaissée (2002-2009) bien que des bureaux y étaient toujours installés et fonctionnels, des salaires impayés, le bâtiment en mauvais état (détruit à 70% disait une autorité qui y travaillait). La grande salle a été rénovée en 18 mois (2011-2012), la réhabilitation de tout le bâtiment a coûté 162 millions d’Ariary à l’Etat et à la Région DIANA. C’était donc dans cette infrastructure qu’étaient abrités les services du Faritany dont le centre immatriculateur. Depuis l’institution des régions, ces services sont regroupés au sein de la direction InterRégionale de l’Administration du Territoire. Y sont également installés, les bureaux des commissions électorales d’Antsiranana I et II, le service de l’emploi, la direction régionale de l’Energie, la Défense, l’office du baccalauréat, la brigade de la police routière (Gendarmerie Nationale), la direction régionale de la décentralisation, le guichet unique pour l’élaboration de la carte grise biométrique et donc le centre immatriculateur.
■ V.M