Malgré une topologie peu favorable avec notamment d’importantes zones inondables ou marécageuses, et un faible niveau en équipements collectifs avec l’absence notamment de tout centre de santé, ce quartier qui s’étend de la RN6 jusqu’à la Baie des Français abrite une importante population d’artisans de toutes spécialités, et ce depuis sa création
Auparavant, Cité ouvrière, Morafeno centre et Ambalakazaha constituaient un seul quartier et s’appelait Morafeno. La particularité de ces quartiers (puisque ce sont trois fokontany bien distincts aujourd’hui) est qu’ils abritent des travailleurs manuels dont principalement des fabricants de marmites en aluminium, mais aussi des ferronniers, des menuisiers, des casseurs de pierre, des lessiveuses, des mécaniciens… Ainsi dès que l’on pénètre dans le quartier, l’on perçoit de multiples bruits qui témoignent de ce type d’activités : machines, bruits de tôle, travail du bois, etc.
Le fokontany est composé de quatre secteurs : MA, MB, MH, TB, le secteur MA étant le plus populeux avec près de 1 400 habitants. Le quartier de la Cité ouvrière est limité au nord par le fokontany Lazaret sud, au sud par Morafeno, à l’ouest par Soafeno, à l’est par la baie des Français. Une nouvelle construction marque ce quartier, infrastructure qui normalement devait accueillir les marchands du marché de jeudi, actuellement installé sur la rue Philibert Tsiranana. Jusqu’à maintenant, le lieu est toujours inoccupé car les places n’ont pas été attribuées, de plus la Commune prévoit de déplacer le tsenan’ny tantsaha (le marché de brousse) à la SCAMA.
Le fokontany Cité ouvrière et son développement
Un comité de développement est en œuvre depuis 2012 pour identifier les difficultés rencontrées par le quartier, connaître ses atouts et fixer les priorités pour son développement. L’année butoir pour atteindre les objectifs est fixée à 2021. Les principales difficultés sont : la défaillance de la sécurité au niveau du fokontany, le manque d’organisation et d’aménagement, la mauvaise gestion des infrastructures de base et l’absence de relation entre les autorités et la population. Le Chef fokontany a d’ailleurs souligné que les habitants ne sont pas très enthousiastes dès qu’il s’agit d’assemblée générale. La sécurisation foncière et l’amélioration des conditions d’existences de la population sont les principaux objectifs avancés par le comité. Doter le fokontany de services de proximité et d’infrastructures figurent aussi parmi les priorités : le renforcement de l’extension du tuyau de la JIRAMA pour la fourniture en eau (actuellement trois bornes fontaines n’ont pas d’eau), la mise en place d’une école primaire publique, l’augmentation du nombre de complexes sanitaires…
Comme il n’existe pas d’écoles et de collèges publics dans le quartier, les enfants et les jeunes rejoignent l’EPP Lally Tollendal, à 2km du quartier, le CEG PK3 et le lycée mixte à Lazaret ou le lycée technique de Soafeno. Il y a par ailleurs des écoles privées renommées telles que les écoles et collèges Avotra, Blanche Neige et La source. L’hôpital psychiatrique, sur la route de l’université, caractérise aussi le quartier Cité ouvrière. Un centre hospitalier comportant 12 chambres, mais qui accueille pourtant plus de 200 malades chaque année ; la durée moyenne de séjour étant de 13 jours.
En ce qui concerne les conditions d’hygiène, la défécation à l’air libre est encore une pratique courante dans ce quartier. Malgré les sensibilisations, nombreux habitations récemment construites ne disposent toujours pas de toilettes. Fort heureusement, le lavoir public comporte des douches et des WC publics.
Borne fontaine dans la nouvelle pénétrante qui rejoindra le «croisement Y» à la SCAMA
Ecole et Collège Avotra
La ferronnerie, une activité qui fait le renom de la Cité ouvrière
Nous avons rencontré un artisan sur son lieu de travail dans le secteur MA, sur la route de Ramena. Il s’agit de Rakotoarison Manoel dit « Papa Lapoaly » qui travaille le fer depuis son arrivée à Antsiranana où il était chef d’équipe de construction dans des sociétés de Diego. L’atelier de ferronnerie de Papa Lapoaly est ouvert depuis 1984. Très connu à Diego pour la qualité de son travail, Papa Lapoaly se désole de la crise économique et des délestages qui ne permettent pas le développement de ses activités comme il se doit « nous pouvons même dire que nous reculons puisqu’avant nous avions un toit qui nous protégeait de la pluie et du soleil. Il a été détruit et nous n’avons même pas les moyens de remplacer le tôle ». Travaillant dans la cour de son domicile, Papa Lapoaly et ses neveux cessent leurs tâches dès que la pluie tombe, même chose en cas de délestages. Papa Lapoaly explique qu’il n’a pas les moyens suffisants pour l’achat d’un groupe électrogène assez puissant pour alimenter le poste-soudure. Avec ce matériel, le ferronnier et ses collègues disposent d’une tronçonneuse, d’un marteau, d’un burin, d’un étau et d’une masse de 5 kg pour faire fonctionner son atelier. Ce sont aux quincailleries et à la brocante qu’ils se fournissent en matériaux pour la réalisation des commandes constituées principalement de grilles de protection, de portes métalliques, de portails coulissants et de brouettes. La fabrication d’un portail coulissant (le plus cher) coûte 2 millions 200 mille Ariary avec une longueur de 4 m et d’une hauteur de 1m90. Ce coût est constitué des dépenses en achat de matériaux et la main d’œuvre. La fabrication d’une brouette coûte 90 000 Ariary. Papa Lapoaly souligne que dans ses débuts, ses activités étaient rattachées à l’ONG GTZ pour la fabrication de réchaud. Cette collaboration n’a pas cessé d’après lui, mais la fabrication se fait uniquement sur commande.
■ V.M