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Catégorie : Santé
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Le ver « filaire » responsable de la filariose lymphatique (photo de droite) est transmis par la piqure de l’Anophèle (photo de gauche)
Le ver « filaire » responsable de la filariose lymphatique (photo de droite) est transmis par la piqure de l’Anophèle (photo de gauche)

Le lancement officiel du plan directeur de lutte contre les maladies tropicales négligées 2014 – 2018 a eu lieu le 1er octobre à Anosy. Ce plan, élaboré en collaboration avec l'OMS, vise à renforcer par une approche multisectorielle la lutte contre ces maladies qui sont principalement la bilharziose, les vers intestinaux, la lèpre, la cysticercose/téniases, la rage, ainsi que la filariose lymphatique. Zoom sur cette dernière, trop souvent ignorée mais dont les conséquences sociales sont désastreuses

Ongobe , joböny se reconnaissent par les pieds, les seins, le ventre ou les testicules tuméfiés. A ce point, la maladie est dans un stade déjà avancé. Le malade est atteint de la filariose lymphatique, une maladie grave, pourtant négligée...

A Madagascar 98 districts sur 112 sont endémiques
A Madagascar 98 districts sur 112 sont endémiques

A Madagascar, le plan directeur de lutte contre les maladies tropicales négligées 2014-2018 est mis en œuvre. Il concerne entre autres la bilharziose, les vers intestinaux, la lèpre, la filariose lymphatique. Cette dernière est causée par les parasites « filaires ». La maladie est négligée alors que son impact sur la vie sociale et économique du malade est considérable. Quatre cas sont actuellement pris en charge par le centre de santé de Tanambao. Selon les médecins du centre de santé de base de Tanambao, les chiffres concernant cette maladie sont difficiles à établir puisque les malades refusent de rejoindre les formations sanitaires, d’autres sont perdus de vue après avoir commencé le traitement. Ce qui est grave puisque la maladie va se transmettre et atteindre encore plus de personnes. La filariose lymphatique se transmet en effet d’une personne à une autre par l’intermédiaire des moustiques qui en sont les vecteurs.

Une maladie transmise par les moustiques

L’anophèle n’est pas seulement vecteur du paludisme, elle est aussi porteuse du ver « filaire » responsable de cette maladie : la filariose lymphatique. La piqûre de l’anophèle (mâle ou femelle) introduit les parasites à travers la peau. Les vers adultes vivent et se développent dans les ganglions et vaisseaux lymphatiques. Ces parasites mesurent de 4 à 10 cm et ont une durée de vie de 4-5 ans. Les larves quant à elles s’établissent dans le sang périphérique des ces vaisseaux lymphatiques. Durant la phase d’invasion, les symptômes sont identiques à ceux d’autres maladies : de la fièvre, des douleurs au niveau des articulations et des difficultés respiratoires ressemblant à de l’asthme. A un stade plus avancé, le malade a une inflammation des ganglions, de la rougeur, de la chaleur, de la douleur et de la tuméfaction sur les membres et à d’autres endroits du corps. Les parasites envahissent les vaisseaux lymphatiques provoquant un blocage du circuit lymphatique. Les œdèmes durcissent provoquant l’éléphantiasis des membres ou gonflement d’autres organes. Cela apparait de 10 à 15 ans suivant la première crise.

Répartition géographique de la filariose lymphatique dans le monde
Répartition géographique de la filariose lymphatique dans le monde

Le Dr Soaveloma du service de la santé publique d’Antsiranana soutient que les patients ne viennent consulter que lorsqu’ils ont des ganglions ou des tuméfactions. Le traitement devient complexe.

La filariose lymphatique en chiffres

La filariose lymphatique menace un milliard de personnes dans le monde. 120 millions sont infectés et 40 millions portent les séquelles de la maladie (défigurés et incapacité physique).

A Madagascar 98 districts sur 112 sont endémiques.

A Antsiranana, le taux de prévalence est de 10% et plus.

A des stades avancés de la maladie, la filariose lymphatique laisse des séquelles voire des handicaps physiques. Les malades sont stigmatisées et marginalisés. De plus, d’énormes pertes sont liées à la diminution de la productivité et de la prise en charge des cas. L’Organisation Mondiale de la Santé soutient l’idée que la maladie serait éradiquée avant 2020 grâce à l’administration de médicaments une fois par an. Suivant cette conviction, l’Etat malagasy a renforcé la lutte par la distribution de masse de médicaments. Les médicaments et vermifuge distribués à tout le monde (âgés de plus de deux ans) permettent d’éliminer les larves au cas où elles seraient présentes dans le sang. Puisque les symptômes ne permettent pas de reconnaitre les personnes infectées, cette administration de médicament à tous est jugée par les autorités sanitaires être la seule option. Cette année, les médicaments ont été distribués lors de la semaine de la santé de la mère et de l’enfant, SSME du 27 au 31 octobre. Toutefois, ils sont disponibles dans les formations sanitaires publiques. Ces médicaments ne sont pas dispensés aux bébés de moins de 2 ans, les femmes enceintes et les personnes atteintes de filariose lymphatique avec accès aigus. A part cette distribution de médicaments, la prévention est de mise : éliminer les eaux stagnantes et lieux favorables à la multiplication des moustiques, tuer les moustiques et se protéger de leurs piqûres.

■ V.M