Dany Arson a un handicap physique, il se déplace en fauteuil roulant, parfois en béquilles. Lui et l’association qu’il préside depuis trois mandats maintenant sont à l’origine de nombreux changements dans la ville d’Antsiranana dont la mise en accessibilité de certains endroits avec la collaboration d’ONG et de la Commune Urbaine.
« Des personnes handicapées en veulent au Ciel de les avoir ainsi créées, moi je remercie Zanahary de m’avoir donné un handicap car sans cela je n’aurais pas su que faire pour les personnes handicapées » soutient-il en souriant. L’homme de 38 ans est en effet très actif autant physiquement qu’au sein de la société.
Dany Arson est le coordonateur du regroupement des associations des personnes handicapées dans le Faritany d’Antsiranana, chef du bureau municipal des personnes handicapées et président de l’association AMIS ou Association pour le Mieux-être et l’Insertion Sociale des personnes handicapées.
« J’ai démissionné trois fois de mon poste de président, mais les membres de l’association ne me laissent pas partir, c’est une marque de reconnaissance pour ce que j’ai fait pour les personnes handicapées, mais cela signifie surtout que la lutte est trop rude, le chemin encore long et personne ne veut s’y consacrer » affirme Dany Arson.
C’est pendant 19 ans que Dany Arson participe activement pour une amélioration de la situation des personnes handicapées autant au niveau national qu’à Antsiranana. En 1995, lorsqu’il est élu président de l’AMIS à 19 ans, il a tout d’abord supprimé l’aide apportée par les politiciens matérialisée surtout par des dons de riz. L’association a souffert de cette mesure et 4 ou 5 personnes seulement venaient aux réunions. Ce n’est que dans les années 2000 que le changement s’est opéré à Antsiranana. Au niveau national, en février 1998, la loi 94-044 portant droits des personnes handicapées est promulguée, Dany Arson est parmi ceux qui défendaient son adoption aux côtés du Collectif des Organisations des Personnes Handicapées ou COPH.
Questions à Dany Arson
LTdD : Ce qui vous a le plus choqué sur le comportement des gens par rapport à votre handicap ?
Dany Arson : Un jour, nous faisions la queue au Trésor, je me déplaçais avec mes béquilles (je n’avais pas encore ce fauteuil roulant) et je demandais à passer devant. Un jeune homme s’est emporté et disait que nous (c’est-à-dire les personnes handicapées) voulons les mêmes droits que les personnes valides alors il faut supporter le résultat de ce que nous avons exigé. Puis il m’a dit que j’aurais dû me lever tôt et arriver avant tout le monde. Il m’a parlé tellement mal… j’en était sidéré. Mais cela en définitive m’importe peu car je peux répondre et je peux défendre mon principe et mes idées. Je me sens surtout mal quand ce sont les autres (en situation d’handicap) qui se font maltraiter et qui subissent en silence. Maintenant même, je fais des aller-retour au tribunal parce que des artisans handicapés se font escroquer. Le plus triste c’est que les gens profitent de ceux qui ont un handicap mental.
LTdD : Qu’est-ce qui retarde selon vous notre société dans le respect des personnes handicapées ?
Dany Arson : Il faut vraiment un changement de comportement. Il y a encore des personnes handicapées, certes originaires d’autres régions, qui mendient et mettent en avant leur handicap pour réclamer de l’argent. Certains utilisent même le nom de l’association et le mien dans leurs quêtes. C’est un problème.
Il y a aussi l’attitude des gens. Bien que nous constatons une nette évolution, le changement ne se fait pas du jour au lendemain. Il y a encore ceux qui nous voient comme des fardeaux. Des parents cachent les membres de leur familles en situation d’handicap et tant qu’ils font cela, personne ne peut leur apporter une aide adaptée.
LTdD : Et vos espérances ?
Dany Arson : En 2005, trois personnes, membres de l’association AMIS seulement pensaient à leur autonomie. Maintenant 100% des membres sont convaincus et cherchent le moyen de gagner seuls leurs vies. Il y a vraiment de la volonté. Des ONG et des associations nous poussent dans cette voie. Nous avons par exemple une convention avec VEC pour les cours d’anglais. Pour les membres de l’AMIS, elles sont gratuites. Il y a aussi SAMEVA qui enseigne la coupe et couture et accompagne les couturiers dans le développement de leurs commerces. Les enseignants des classes intégrées mises en place par l’ONG Maison de Sagesse sont recrutés par l’Etat. Et d’ailleurs beaucoup d’enfants handicapés (mentaux, malvoyants, non voyants, malentendants…) sont scolarisés grâce à l’ouverture de ces classes aux EPP de la SCAMA et de l’Avenue Pasteur.
Il y a aussi l’ancien président de l’AMIS qui vit maintenant à l’étranger et qui nous fournit des matériels : béquilles, fauteuils roulants…
■V.M
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