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Des bijoux de fantaisie et des articles de décoration produits par les mineurs incarcérés ont été exposés sous la véranda de l’ex-cinéma Ritz d'Antsiranana
Des bijoux de fantaisie et des articles de décoration produits par les mineurs incarcérés exposés sous la véranda de l’ex-cinéma Ritz d'Antsiranana

Permettre aux personnes incarcérées d’avoir des activités génératrices de revenu, d’avoir de l’expérience dans une activité pour laquelle elles sont douées ou seulement pour les maintenir actives, tel est l’objectif de l’administration pénitentiaire, des associations et des volontaires qui les encouragent dans l’artisanat.

Il n’y a aucune différence entre la qualité des articles artisanaux produits à la maison carcérale d’Antsiranana ou à l’extérieur. Les articles que l’on retrouve le plus souvent et commercialisés auprès des ménages sont ceux produits avec le palmier satrana. Des bacs à linge, des paniers, des chapeaux, et bien d’autres articles. Les matières premières sont soit offertes par des religieuses soit achetées avec l’argent obtenu de la vente.

Mais c’est justement au niveau de la vente que le fonctionnement de ce petit commerce rencontre des difficultés. Il y a trop d’intermédiaires entre les clients et les prisonniers artisans puisque ces derniers n’entrent pas directement en contact avec les premiers. C’est pour cela qu’une gestion plus élaborée est envisagée par les responsables de l’administration pénitentiaire et même si l’activité ne concerne que la minorité de la population carcérale, elle représente beaucoup tant pour leur réinsertion sociale que pour l’amélioration de leurs conditions au sein de la maison carcérale. Une petite enquête auprès des prisonniers a permis à l’administration pénitentiaire de déterminer les connaissances de chacun et d’envisager leurs exploitations. Il y a donc ceux qui confectionnent des articles à partir du satrana, des tapis, des sacs et des serpillères en tissu, des tôliers qui peuvent fabriquer des réchauds et toute sorte de soudure, des mécaniciens, des électriciens, des bijoutiers qui jusqu’ici fabriquent des bracelets avec de l’aluminium recyclé (cannettes de bières, capsules de bouteilles…). Même la fabrication de parpaings est envisagée ainsi que le creusage de fosse septique, sanitaires ou de fondation, il y a aussi des casseurs de pierre. Pour le moment les activités les plus pratiquées sont la fabrication de paniers, de bracelets, de serpillères et la pierre.
Le directeur régional de l’administration pénitentiaire, Volazara Sakina explique qu’il est possible de conclure des contrats pour exécuter des demandes et dans certains cas, la présence de gardiens ou d’escortes est nécessaire. Afin de développer ces idées qui sont jusqu’à aujourd’hui en phase de conception, l’administration pénitentiaire envisage dans deux mois de présenter les produits lors d’une vente-exposition. Une petite exposition a déjà été organisée le 12 février sous la véranda de l’ex-cinéma Ritz où les visiteurs ont pu voir les chapeaux et paniers en satrana ou fabriqués à l’aide de plastiques recyclés. Des bijoux de fantaisie et des articles de décoration produits par les mineurs incarcérés ont également été exposés. Alice Aimée Randimbialifera, directrice de l’école Blanche Neige et qui enseigne l’artisanat dans le quartier des mineurs de la maison centrale deux heures par semaine explique que sur les 44 jeunes incarcérés âgés de 13 à 17 ans, six seulement voudraient retourner en classe quand ils retrouveront leurs libertés. « La plupart est donc très motivée pour apprendre à produire de l’artisanat pour pouvoir travailler une fois dehors » raconte-t-elle. La prochaine étape selon Volazara Sakina est la mise en place d’un atelier (un abri au moins) où les artisans peuvent travailler car pour l’instant il n’y a pas de place destinée à ceux qui ont des activités manuelles, ils travaillent surtout dans la cour de la prison. Puis la mise en place d’un comité de gestion est nécessaire pour la transparence. En effet, la méfiance face aux intermédiaires qui profitent de la situation des prisonniers (qui ne peuvent pas vérifier les prix de vente dehors) est un problème. Pour les autres activités, il faudra voir comment payer les indemnités des gardiens qui, si les autres activités démarrent, devront surveiller les prisonniers dans des tâches déterminées comme le creusage d’un puits, la réparation d’un véhicule ou l’utilisation d’un poste à souder, de métaux etc. L’achat des outils indispensables aux artisans incarcérés pose aussi problème. En tout cas la distribution des bénéfices à 70% pour l’artisan et 30% pour l’administration pénitentiaire est envisagée.
Les activités artisanales à la prison ont existé depuis bien longtemps, mais rares sont les personnes informées de leurs existences. Si certaines personnes incarcérées souhaitent apprendre, d’autres par contre estiment qu’ils ne sont pas en prison pour travailler. Au début du mois de février, l’effectif total de la population carcérale d’Antsiranana est de 738 hommes, femmes et mineurs.

■V.M

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