«Une femme très active», « une femme qui a fait beaucoup pour Diego» nous disent deux hommes politiques de Diego Suarez. Cette femme, c’est Voavy Pauline, la première femme députée de Madagascar élue à Antsiranana. Rencontre.
C’est lors du lancement du projet alphabétisation des adultes à Ambalavola que nous l’avons rencontrée. Elle est membre du bureau de l’association Fikambanan’ny Vehivavy Tsy Manavaka Tsaramandroso, chargée de l’exécution de ce projet. Voavy Pauline y est très engagée.
Rasoa Pauline ou Voavy Pauline du nom de son mari est originaire du sud est de Madagascar. Employée à la SECREN où elle était syndicaliste, elle est depuis 1998 à la retraite. En 1975, à 32 ans, Voavy Pauline s’engage dans la politique en devenant membre du parti fondé par l’ancien Président de la République Didier Ratsiraka, l’AREMA ou Association pour la Renaissance de Madagascar, puis Avant-garde pour la Rénovation de Madagascar.
Elle était alors la seule femme membre du parti à Antsiranana. Elle est élue vice-présidente du conseil municipal en 1977 puis en se présentant candidate aux élections législatives, elle est élue pour le mandant du 1977 à 1983 en obtenant 75% des voix. Elle avait 34 ans. Durant cette période, avec 5 millions Fmg, le district bénéficie de la construction d’une école primaire publique à Tanambao V, un centre de santé à Anamakia et un bâtiment à étage au CEG PK3. Voavy Pauline raconte que c’est par la solidarité du fokonolona que ces infrastructures ont pu être mises en place. Des opérateurs économiques ont offert le ciment, c’était uniquement l’entrepreneur qu’il a fallu payer. Après avoir rempli son mandat, Voavy Pauline quitte la scène politique. Elle contribue à la mise en place des jardins d’enfants publics et dirige l’association «Vehivavy tsy resy» qui regroupe des mères célibataires. Elle se consacre alors à des actions sociales et s’occupe de ses petits enfants. Voavy Pauline devient aussi vice-présidente de l’association des personnes âgées «ESPERA». En 2009, elle adhère à la plateforme Vondrona Miralenta ho amin’ny Fampandrosoana eto Madagasikara (égalité de genre pour le développement à Madagascar). Elle est membre et mobilise les femmes pour s’y intégrer.
Sur l’implication des femmes dans la politique, Voavy Pauline déplore qu’il a fallu 37 ans pour qu’une femme accède à nouveau au parlement. «Nous les femmes nous devons prendre des responsabilités pour apporter le changement. Notre participation est indispensable et j’insiste surtout sur l’implication des jeunes femmes» soutient-elle. Voavy Pauline explique en effet que l’homme et l’enfant ont besoin de l’esprit vif et du dynamisme de la femme «déjà dans la vie de couple, nous pouvons constater que lorsque la femme est considérée comme la conseillère technique de l’homme, le foyer fonctionne harmonieusement» ajoute l’ancienne députée.
Alors que bon nombre de politiciens et politiciennes changent de parti à chaque fois qu’il y a changement de régime, pendant 39 ans, Voavy Pauline est restée fidèle à l’AREMA. «C’est dans l’intérêt de mes enfants que je reste fidèle à ce parti» dit-elle, et non, elle ne parle pas d’intérêts en nature (fonctions, postes…) ou financiers, mais un principe qu’elle veut inculquer à ses descendants. « Je voudrais que leur attachement au parti soit basé sur des valeurs et non sur des intérêts ». Voavy Pauline appuie cette idée « je ne leur impose pas de me suivre dans le parti ou le camp politique que j’ai choisi. Ils sont libres de leur choix et je suis heureuse et satisfaite lorsqu’ils défendent leurs idées et y sont fidèles parce que tel est mon objectif ». Voavy Pauline ne trouve donc aucun inconvénient à ce que son fils cadet s’intéresse beaucoup au parti Leader Fanilo. Mais tout comme elle ne l’obligera pas à rejoindre l’AREMA, elle ne rejoindra pas le Leader Fanilo.
Valérie Ramanantsifa (Etudiante en médecine)
« Rien ne s’obtient facilement »
Etudiante en sixième année de médecine Valérie Ramanantsifa, la vingtaine incarne une jeune femme qui veut combattre dans la vie pour aller loin : « Rien ne s’obtient aisément, il faut travailler dur pour réussir dans n’importe quel domaine » affirme-t-elle. Passionnée de médecine depuis sa tendre enfance, elle veut se spécialiser dans la réanimation et elle consacre son temps aux études. Une vraie bosseuse, car dès qu’elle a du temps libre, elle sacrifie tout dans la pratique, la lecture des ouvrages médicaux et sur les relations avec les patients. Sa taille ne ment pas. Elle ne mange pas beaucoup parce qu’elle n’en a pas le temps. Elle rêve d’ouvrir son propre cabinet mais en attendant, elle court dans les hôpitaux dans le cadre de son stage pratique, maintenant elle est à l’hôpital manara-penitra pour deuxmois de stage. Sa déclaration à l’occasion de la journée mondiale de la femme : « il ne suffit pas de célébrer chaque année une date mais il faut s’investir dans la durée pour faire en sorte que nos rêves se réalisent ».
Manitra Razafindrainibe (femme au foyer)
« L’avenir dépend de notre engagement »
Manitra Razafindrainibe, 31 ans, est mère de deux enfants. Titulaire d’un bac + 4 en commerce international, elle est souvent interpellée par ses amis pour son choix de rester à la maison à s’occuper de ses enfants et son mari. Sa vie a pris un tournant décisif après avoir mis au monde son premier enfant, « mes priorités ont changé avec mon rôle de mère, pour moi la vie de famille doit toujours passer avant toute chose » affirme-t-elle. Etre femme au foyer est pour elle un atout et non une faiblesse ou même une honte. Elle considère que être au service de sa famille est un honneur, « je remercie chaque jour mon mari qui m’a autorisé à prendre toute seule ma décision qui m’est bénéfique, parce que moi, je n’ai pas à courir après une montre pour profiter de ma famille ». Ses messages pour ses homologues féminins en cette célébration de la journée mondiale de la femme se résume ainsi : « Nous les femmes, soyons fières de nous-mêmes et sachons démontrer et prouver notre dignité dans notre société où nous vivons. Ne nous laissons pas rabaisser, ni nous faire abuser par les hommes ? Au contraire, restons debout et gardons toujours la tête haute. Notre présence doit être considérée et méritée par nos partenaires, hommes qui ont souvent tendance à nous négliger et à nous maltraiter ». Telle est la version de cette véritable militante qui assume de multiples responsabilités dans la société ou elle vit, enfin elle a souligné que si on veut parler de développement ou changement cela doit débuter au sein de chaque foyer.
Charline Ranarivelo (journaliste à la radio Faniry)
« la vie de couple est une bonne école de l’égalité de genre »
Charline Ranarivelo Malala est journaliste à la radio Faniry. Pour elle, les connaissances sont les meilleures armes dans la vie. Et ces connaissances ne sont pas uniquement celles que l’on obtient par les études, mais celles que nous donnent notre entourage et les épreuves que nous affrontons. « Des connaissances sur tous les plans de la vie pour éviter les tromperies et les abus » avance-t-elle. Pour Charline Ranarivelo, le partage et l’entraide au sein du couple est une étape dans la réalisation et la pratique du miralenta. Si au sein de certains couples, l’argent occupe une place prépondérante, pour Charline, le fait de gagner beaucoup d’argent pour le foyer n’est pas une condition pour mériter le respect du conjoint. « Quoi que puissent être les difficultés sur le plan financier ou autre, l’important c’est de rester soudés et de les affronter ensemble. Avant d’entrer dans une relation sérieuse, il faut être patient, être prêt pour le dialogue et les concessions que l’on soit homme ou femme » soutient-elle. Son message pour toutes nos lectrices est « toute difficulté au sein du foyer peut être résolue, mais à condition que l’homme et la femme se comprennent, s’écou tent et se respectent. Aucun bien matériel n’est au-dessus du respect mutuel ».
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