La réunion de présentation des résultats de l’enquête sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement organisée par l’INSTAT s’est tenue le 30 mai en présence du Ministre de l’Économie à l’Hôtel de la Poste à Antsiranana
Selon l’enquête nationale sur le suivi des objectifs du millénaire pour le développement présenté par l’INSTAT à Diego Suarez le 30 mai , il est clair que d’ici 2015 la Grande Île n’atteindra pas les OMD en matière de lutte contre la pauvreté.
La contradiction : faible taux de chômage et pauvreté de la population
A Madagascar, la majorité de la population active (c’est-à-dire en âge de travailler) a une occupation. Une occupation qui cependant ne permet au travailleur que de couvrir ses dépenses en nourriture. Souvent, le foyer est endetté car le revenu journalier ne permet même pas de couvrir ses besoins vitaux. Plus de 71% des Malgaches vivent en dessous du seuil national de pauvreté. Ce qui signifie que cette frange de la population a un revenu annuel de moins de 535 603 Ariary par personne. La majorité des Malgaches sont très pauvres. Malgré cette pauvreté le taux de chômage est en baisse.
►Le taux de chômage est de 1,20% et le taux de sous-emploi inadéquat de plus de 81% en 2012 dans la région DIANA
Pour cause : la prolifération d’activités précaires et le développement du secteur informel. Dans la région DIANA, selon l’Institut National de la Statistique, ce taux était de 1,20% en 2012. Si l’on considère la définition du Bureau International du Travail, bon nombre de Malgaches en recherche d’emploi ne sont pas chômeurs. Le BIT définit en effet le chômeur selon trois conditions : être sans emploi, c'est à dire ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu'une heure, durant une semaine de référence, être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours et avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois. Le Malgache, tout en cherchant un emploi a déjà une occupation car il ne peut se permettre de ne pas avoir de revenu même si cette occupation est précaire ou/et n’est pas adéquate à sa formation. De plus d’après le Directeur Général de l’INSTAT lors de la présentation des résultats de l’enquête nationale sur le suivi des OMD, le taux de chômage en milieu rural (1,1%) est encore plus bas que celui en milieu urbain (4,5%). Les ménages ruraux ont leurs activités agricoles, ils constituent pourtant la frange la plus pauvre de la population. Le revenu que rapporte les activités agricoles du ménage est en moyenne d’environ 978 000 Ariary.
Dans la conclusion du point : « portrait général sur le marché du travail à Madagascar » dans le cadre de l’enquête nationale sur le suivi des objectifs du millénaire pour le développement à Madagascar effectuée par l’INSTAT en 2012, nous pouvons lire « au vu de la forte proportion des travailleurs indépendants et agricoles et des actifs en situation de sous-emploi, il est certain que Madagascar n’atteindra pas d’ici 2015 le plein emploi avec du travail décent et productif. »
Forte domination du secteur informel
Bon nombre de travailleurs malgaches investissent leurs épargnes dans l’informel. L’Institut national de la statistique dans son rapport sur le secteur informel à Madagascar en 2012 confirme « c'est l'épargne individuelle qui finance le capital informel pour plus de 95% de sa valeur ». En ce qui concerne les prêts bancaires et des microfinances, les jeunes ont difficilement accès au crédit. Ils préfèrent alors lancer de petits commerces ou développer petit à petit des activités selon leur savoir-faire et les moyens dont ils disposent. Ces activités existent et se développent indépendamment les unes des autres et
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) sont huit objectifs adoptés en 2000 à New York par 193 États membres de l’ONU, et au moins 23 organisations internationales, qui ont convenu de les atteindre pour 2015
indépendamment des moyennes et grandes entreprises. D’après l’INSTAT, les unités de production informelle de la région DIANA rapportent environ 577 milliards d’Ariary en terme de chiffres d’affaires. Dans toute la Grande Île, elles génèrent 7 472 milliards d’Ariary de biens et services et a créé 4 840 milliards d’Ariary de valeur ajoutée. Près de 82% des entreprises malgaches (la plupart sont agricoles) sont dans le secteur informel, 13,9% seulement sont formelles. Une minorité désavantagée par cette iniquité, puisque les entreprises informelles bien qu’elles font le maximum de bénéfices n’ont quasi aucune obligation envers l’Administration.
Les huit objectifs du millénaire pour le développement
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) sont huit objectifs adoptés en 2000 à New York par 193 États membres de l’ONU, et au moins 23 organisations internationales, qui ont convenu de les atteindre pour 2015.
Emploi précaire du secteur informel
C’est en lavant des voitures qu’ Aristide gagne sa vie. Une fois, les charges (eau, savon, éponge, chiffons) déduites, il gagne chaque jour entre 2 000 à 15 000 Ariary. Comme il n’est pas sûr de gagner assez d’argent tous les jours, le jeune homme de 21 ans compte trouver un emploi plus stable puisqu’il a une personne à sa charge. Aristide ne sait pas encore exactement quel poste chercher « tout ce que je sais c’est que je dois trouver mieux » martèle-t-il. Même s’il admet qu’il parvient jusqu’à maintenant à couvrir toutes les dépenses, Aristide n’est pas tranquille car son occupation peut disparaitre du jour au lendemain. Il n’est pas seul dans cette situation, des milliers d’autres jeunes dans la ville d’Antsiranana s’accrochent à de petites activités précaires qui leur permettent de couvrir les besoins quotidiens. Ces jeunes font partie des 86,1% de la population occupée que les statisticiens appellent la proportion de travailleurs indépendants et de travailleurs familiaux. Ces personnes ne bénéficient pas de régime d’avantages sociaux ou du programme de protection sociale.
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