Imprimer
Catégorie : Société
Publication :


Après la rupture des aides européennes, officialisée le 07 juin 2010, le Bianco se trouve actuellement dans une situation difficile. Depuis son institution en 2003, c’était toujours l’Etat Norvégien qui assurait son fonctionnement sur le plan matériel et financier.
Pourtant, l’objectif de Madagascar est d’atteindre un IPC (Indice de Perception de la Corruption) de 7/10 en 2015. Le chemin du Bureau Indépendant ANti-COrruption est donc de plus en plus rude et plein d’embuche puisqu’il faut dire que ce handicap voire même son éventuelle disparition ouvriront la voie à de nombreux actes illégaux, anti-économiques. C’est bien dommage surtout que nous savons que depuis 2005, Madagascar a beaucoup avancé dans la lutte contre la corruption. En 2002, son IPC n’était que de 1,7, en 2008 : 3,2. A cause de la crise, le pays a un peu reculé en 2009, IPC : 3 et occupe la 14ème place sur 52 pays africains.
A Antsiranana, le BIANCO est devenu le rempart et l’espoir de la population, surtout des petits commerçants et des personnes démunies injustement de leurs patrimoines (terrains, maisons…). Durant le mois de mars 2010 par exemple, la branche territoriale du BIANCO de la Région DIANA a reçu 71 doléances (270 durant l’année 2009), un chiffre assez important pour mesurer la confiance des gens en cette institution, si on le compare à la Région Analamanga (incluant la Capitale et 7 autres Districts) : 62 doléances reçues en mars 2010 et 172 de janvier à décembre 2009.
Selon les responsables du BIANCO, ce sont les collectivités territoriales décentralisées qui sont les plus visées par ces doléances : Régions, Districts, Communes. La population de la Région DIANA pense qu’à leurs niveaux, rien ne se passe sans corruption. Au deuxième rang, les tribunaux, ensuite la gendarmerie, le service des domaines et de la topographie, puis la police.
Ce qui est étonnant, mais compréhensible aussi c’est que les Antsiranais se plaignent beaucoup des hôpitaux publics où la corruption se présente souvent sous la forme de concussion et de cadeau illicite. Pourtant, les doléances sont rares. Dans tout Madagascar le Bianco n’a reçu que 29 plaintes en 2009 dans le secteur de la santé. Les gens ont surtout peur que les investigations n’aboutissent pas, cela ne fera qu’empirer les choses alors que « nos vies sont entre leurs mains » dit une femme à laquelle nous avons demandé si elle serait capable de porter plainte contre un médecin.
De nombreuses personnes auxquelles nous avons posé la question ont des doutes quant à l’indépendance du BIANCO puisqu’il est rattaché à la Présidence de la République. Les responsables, eux, sont convaincus de cette autonomie. Le conseiller principal de la branche territoriale du BIANCO Antsiranana explique : « Il n’y a aucune raison à ce que le BIANCO subisse une influence de la part des dirigeants politiques. Notre compétence se limite à la prévention de la corruption, à la réception des doléances, aux investigations et à l’élaboration de procès-verbaux. » Devant les tribunaux, le BIANCO est demandeur, c’est-à-dire que c’est lui qui introduit l’action. C’est donc au niveau des juridictions que les inquiétudes devraient se porter. Les tribunaux sont-ils réellement indépendants ? Les jugements rendus sont-ils justes et fiables ?
V.M.