Les passionnés de combats de coqs sont de plus en plus nombreux à Diego Suarez. L’association qui les regroupe « Fikambanana Mpampiady Akoholahy Antsiranana » ou F.M.A.A (Association de combat de coq d’Antsiranana) vient d’aménager un vaste gallodrome près du stade Mitabe pour accueillir combattants et spectateurs dans les meilleures conditions
Une tradition pluri-millénaire
Le combat de coqs est aussi vieux que la domestication du coq sauvage. Le coq sauvage Gallus gallus aurait été domestiqué en Asie pour ses qualités belliqueuses. Cela date de la sédentarisation des premiers agriculteurs dans ces régions. De l'Asie, la pratique s'est répandue en Europe grâce aux Grecs, aux Romains et aux Phéniciens. Il eut beaucoup de succès en Grande-Bretagne, en Irlande, en Espagne, dans les Flandres (belge et française). Il fut tellement populaire en Angleterre, notamment dans l'aristocratie, que Cromwell décida de l'interdire pour éviter les rassemblements des royalistes autour des « pitt », arènes. De l'Europe, il fut exporté aux États-Unis par les Anglais et Irlandais, au Brésil par les Portugais et dans le reste de l'Amérique latine par les Espagnols. Aux États-Unis, il fut pratiqué par les premiers présidents et fut tellement populaire que l'aigle américain fut préféré de justesse au coq de combat comme symbole national. Certains lui reprochaient de rappeler le colonisateur anglais puisque bon nombre de souches de coqs de combat provenaient d'Angleterre. En Asie, il reste très pratiqué sauf bien sûr par les peuples nomades. En France, il est autorisé dans les localités où la tradition est ininterrompue, c'est-à-dire dans une vingtaine de gallodromes des départements du Nord et du Pas-de-Calais et dans ceux des Dom-Tom. À noter que le mot « gallodrome » utilisé dans la loi, est traduit par « pitt » dans les Antilles et « rond » à la Réunion. L'Afrique l'a moins connu, mis à part Madagascar où il fut amené de Malaisie par les Merina et par les commerçants arabes. La majorité des pays occidentaux condamnent la pratique des combats de coqs comme au Canada où les contrevenants sont accusés d'infliger des sévices inutiles aux animaux. Néanmoins, en 2008, 27 pays autorisaient ou toléraient l'organisation de combats de coqs.
Le gallodrome d’Antsiranana
Depuis hui ans, Chico, avec le vice-président Tsimanitorazana Albert et son associé Lucky, organise des combats à Antsiranana. Le terrain situé en face du stade Mitabe est mis gracieusement à disposition par la Mairie. Réunis dans l’association F.M.A.A, les passionnés de ce sport ont récemment finalisé la construction d’un vaste gallodrome couvert d’un toit qui permet aux spectateurs de tous âges de venir assister aux combats quel que soit le temps. Et la réputation des combats qui y sont organisés est telle qu’il n’est pas rare de compter parmi les spectateurs des personnes en provenance de toute la région : Babaomby, Ramena, Anivorano, Antsalaka, Sandroavato... mais aussi de plus loin : Nosy-be, Ambilobe, Ambanja.
Les combats sont très réglementés : ils durent entre deux et dix minutes. Si le combat a duré moins de deux minutes, le vainqueur peut combattre à nouveau un nouvel adversaire le jour même dans un second et dernier combat. Si les combattants ont atteint la limite des dix minutes sans qu’il y ait eu de vainqueur, le combat est remis d’une semaine pour laisser aux combattants le temps de se remettre. Les bons jours, Chico dit pouvoir organiser jusqu’à dix combats qui attirent jusqu’à 5 000 spectateurs les grands jours. Chacun de ces combats fait l’objet de paris entre les spectateurs, dont une partie du bénéfice revient aux propriétaire du coq vainqueur. Les combats sont organisés tous les week-ends, ainsi que les jours fériés. L’accès au gallodrome est libre et ouvert à tous.
■ A.C