Cette sortie a été organisée à l'occasion de la journée mondiale des droits de l'enfant par l’association Grandir Dignement financée par l’agence de l’assurance et réassurance Ny Havana Antsiranana.
Les sorties sont rares pour ces jeunes de 13 à 17 ans. La dernière excursion date d’avril 2014 à la Montagne d’Ambre. Ce samedi 22 novembre, les 14 adolescents se sont bien amusés, oubliant temporairement la détention
C’était à l’occasion de la journée mondiale des droits de l’enfant qu’était organisée par l’association Grandir Dignement cette sortie exceptionnelle financée par l’agence de l’assurance et réassurance Ny Havana Antsiranana.
« Les enfants sont renfermés sur eux-mêmes, ils ne sont pas très dynamiques. Grâce à de telle sortie, ils retrouvent la morale et il est plus facile de les faire participer à d’autres activités » confie Loïc Charpentier qui est assistant responsable de programme pour la région DIANA. La préparation pour la journée à la mer a commencé des semaines avant le départ. Les enfants étaient mis dans l’ambiance en fabricant notamment leurs pirogues en miniature. Le plus jeune des détenus (13 ans) dit avoir bien apprécié le moment où il a mis sa petite pirogue en mer pour la course. Quatre équipes se sont formées après le déjeuner pour une course en sac, de natation et de relais. L’ambiance était à la rigolade, au jeu et aux sports. Les éclats de rire de ces jeunes qui une fois assis ont les yeux perdus dans les vagues montrent combien l’instant est précieux pour eux.
Ces jeunes détenus au centre de rééducation de Joffreville ont juste le droit de sortir dans la cour de leur lieu de détention. Depuis novembre 2013, des activités ont été ajoutées dans leur quotidien pour préparer leur réinsertion. Olivier Rafila, maître éducateur de l’association qui travaille à temps plein au centre de Joffreville relate le déroulement de la vie dans ce centre : « après le réveil, le ménage et l’encadrement pénitentiaire, les adolescents sont scolarisés. Certains ont un certain niveau d’instruction, d’autres sont à la base : l’alphabétisation ». L’équipe de Grandir Dignement assure la scolarisation et l’alphabétisation, elle a introduit la formation professionnelle en artisanat et en agriculture au sein du centre. Ainsi chaque mercredi, les jeunes suivent des cours de vannerie et tous les jeudis, travaillent quelques heures au potager. Un jeune détenu qui retrouvera la liberté dans un mois compte en faire son métier. « Je vais retourner chez ma mère à Mahavanona et je serai agriculteur » dit-il. Des artistes (nationaux et étrangers) interviennent auprès des jeunes par l’intermédiaire de Grandir Dignement
Harimbola Ratefinarison, directeur de l’agence Ny Havana Antsiranana explique la raison pour laquelle les assureurs soutiennent l’action « il est préférable pour tout le monde que ces jeunes réussissent leur réinsertion. Ils ne sont pas des détenus toute leur vie, ils vont rejoindre notre société et une sortie en mer est déjà un pas vers cette réinsertion. S’ils ne réussissent pas ce retour à la société, ils représenteront un danger autant pour les entreprises que pour nous en tant qu’individus ». Même s’il est tôt pour évaluer l’impact des actions de l’association sur la récidive, au niveau réinsertion, la plupart de ceux qui sont sortis s’efforcent de rester dans le droit chemin. Loïc Charpentier raconte « deux jeunes suivent une formation diplômante avec Mission pour l’Emploi, il y en a qui repartent à l’école, un autre qui est placé en apprenti mécanicien ».
L'association Grandir Dignement
Grandir Dignement est une association française intervenant à Madagascar auprès des mineurs en détention depuis 2009. Présent seulement depuis septembre 2013 dans la région de DIANA, elle intervient quotidiennement au sein de deux établissements pénitentiaires :
- Le quartier mineur de la Maison Centrale (MC) de Diego Suarez
- Le Centre de Rééducation (CR) de Joffreville Ses actions sont motivées par la forte volonté que «Chaque enfant, quel que soit son passé et l’endroit où il vit, puisse grandir dignement». C’est pourquoi les établissements pénitentiaires et surtout les mineurs qui y vivent revêtent une importance toute particulière à ses yeux. L'association intervient auprès des jeunes en détention sans les juger sur leurs actes passés car elle a « la conviction inflexible que tout individu quelques soient ses actes, son âge, ses croyances et sa personnalité, a le droit au respect de sa dignité humaine ».
■ V.M