Ce documentaire était présenté par l’Alliance Française, en plein air au Jardin Tropical, après avoir été présenté à Antananarivo puis Majunga et Nosy Be.
Cyrille Cornu est un chercheur scientifique atypique qui, après les avoir identifiés à l’aide de photos satellites recense les baobabs de Madagascar ...en pirogue. Il était de passage à Diego Suarez où il a présenté le film de sa première expédition « Baobabs, entre Terre et Mer»
Cyrille Cornu est un chercheur biogéographe français attaché au CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) depuis 2002. Installé à Madagascar depuis quatre ans, il y mène des recherches « articulant information spatiale et biodiversité ».
L’objectif de ces travaux est de « concevoir et mettre en oeuvre des méthodes d’étude de l’organisation spatiale des écosystèmes, de la biodiversité et des systèmes de culture. Ces méthodes sont basées sur des techniques de photo-interprétation d’images satellites dites à très haute résolution spatiale couplées à de la modélisation et de l’analyse spatiale ». Puis, armé de son GPS et de ses relevés photos, c’est à bord d’une pirogue Vezo qu’il s’est embarqué pour un périple de près de 450 km le long de la cote sud-ouest de Madagascar, entre Tuléar et Morondava. Le périple aura duré 22 jours, au cours desquels, aidé de son équipage de deux marin et de son interprète, il a ramené 300 échantillons de sable, d’écorce ou de bois qui seront étudiés en laboratoire. Le documentaire présente des baobabs et paysages qui n’avaient pour la plupart jamais été filmés ni même photographiés. Il apporte un éclairage nouveau sur le sujet et remet en causes pas mal d’idées reçues. « L’idée, c’était de prendre une pirogue, de longer la côte, de s’arrêter régulièrement sur des espaces naturels et de rentrer dans les massifs forestiers là où l’homme a peu d’influence ».
Il se déclare satisfait de la méthode, qui par son approche innovante a permis de porter un regard neuf sur des espèces encore intouchées dans leur habitat naturel. « On a pu observer les baobabs dans leur forêt, confirmer que c’était une espèce forestière et surtout que leur morphologie était très liée à la hauteur des forêts. Par exemple à Andavadoaka, au nord de Tuléar, on a des baobabs très petits parce que la forêt est petite, c’est du bush et dans le nord, les forêts beaucoup plus grandes font que les baobabs, pour monter dans la lumière, sont beaucoup plus hauts ». Une des hypothèses étudiées lors de ce périple est l’influence de la présence de sel sur le développement des baobabs. Au sein d’une même espèce, les baobabs peuvent en effet mesurer entre 2 et 25 mètres. Une diversité observée et mieux comprise lors de cette expédition. Le plus massif mesuré avait une circonférence de plus de 27 m ! Mais il en a également ramené des constations qui le rendent pessimiste sur l’avenir. La culture sur brûlis pratiquée par les populations ont en effet de terribles conséquences sur l’habitat dans certaines zones. Mais plus généralement, c’est le réchauffement global qui en modifiant radicalement le biotope, ne permet plus d’ores et déjà à de rares exceptions près aux baobabs de se reproduire. Les conditions propices à leur développement ont en effet quasi disparues, et si les baobabs vivant actuellement ont encore de belles années devant eux, il est probable qu’ils n’auront pas de descendance en dehors des parcs ou des réserves spéciales.
Les images qu’il a ramené ont donné un documentaire superbe, démontrant la richesse incroyable de la population de baobabs de toute cette zone. Les images sont soutenues par la musique du célèbre guitariste malgache D’Gary. Ce documentaire était présenté par l’Alliance Française, en plein air, au Jardin Tropical, après avoir été présenté à Antananarivo puis Majunga et Nosy Be. De retour d’une nouvelle expédition entre Majunga et Nosy Hara, Cyrille Cornu prépare un second documentaire sur le fleuve Mangoky et ses baobabs. Il finalise également une version anglaise de « Baobabs, entre Terre et Mer» pour l’inscrire dans des festivals internationaux et le faire connaître à l’étranger.
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