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Catégorie : Société
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Pour la ville d'Antsiranana, seulement une dizaine des bennes à ordures sont encore utilisables
Pour la ville d'Antsiranana, seulement une dizaine des bennes à ordures sont encore utilisables

La zone occupée par la décharge communale sur la route d’Anamakia s’étend de plus en plus. La population environnant l’endroit se plaint de la pollution. En ville, les dépots «sauvages» se multiplient. Quelles sont les solutions ?

En ville, les bennes à ordures se font rares, les déchets s’entassent à des endroits où ils ne devraient pas être : dans les canaux d’évacuation d’eau, à l’intérieur des nids de poule et même à un coin de la place musique et à l’hôtel de la marine. La Commune urbaine d’Antsiranana ne dispose pas encore de stratégie pour une gestion responsable et à long terme des ordures ménagères. Deux projets ont été élaborés et commençaient à être exécutés de 2008 à 2011, mais le premier a été abandonné et le second bloqué. Irène Miarambola Landephine, maire par intérim, soutient que la Commune cherche à établir un partenariat public-privé pour une gestion efficace et responsable des déchets. D’après elle, la fabrication de bacs à ordures à partir de matériaux usés est envisagée car une benne à ordure fabriquée par la SECREN coûte environ 10 millions d’ariary. L’adjoint au maire, le Colonel Assany Jao avance que cinquante bennes ont été fabriquées il y a trois ans et une dizaine (au maximum 17) seulement sont utilisables à l’heure actuelle. Le reste est détruit, par le temps et surtout par le feu. Les premiers responsables au sein de la mairie déplorent que les usagers ne prennent pas en considération l’interdiction « Fady afo » inscrite sur la benne. La maire par intérim explique aussi que de plus en plus de gens demandent le déplacement des bacs. « Les gens refusent qu’on installe les bacs à ordures à côté de chez eux » dit-elle, à cause de l’odeur, des mouches, bref de l’insalubrité.
« La mentalité laisse à désirer… les balayeurs n’’auraient pas à travailler tous les jours si chaque foyer pouvait se charger de ses propres déchets » ajoute l’adjoint au maire, Assany Jao. D’après lui, les canaux d’évacuation ont été construits lorsque la ville de Diego Suarez ne comptait que 15 000 habitants. Au bazary, les marchands se rejettent la faute. Les canaux d’évacuation des eaux usées sont remplis de déchets, notamment de feuilles, de branches de katy, de déchets de fruits… En attendant l’application du décret interdisant la production, la commercialisation, la distribution et l’utilisation des sachets et sacs plastiques sur le marché local à partir du 1er mai 2015, les sachets se dispersent dans les quartiers, emportés par le vent. Les actions de sensibilisation manquent et jeter les ordures n’importe où ne dérange pas, d’autant plus que dans la mentalité « c’est le travail de la Commune » comme l’affirme une vendeuse d’assiettes qui place les bols cassés dans un nid de poule.

Deux projets bloqués

Une coopération entre la Commune urbaine d’Antsiranana, le Conseil général du Finistère, la commune de Saint Denis avec intervention de la Société de Transport et d’Assainissement de la Réunion sur le ramassage et gestion finale des ordures existait. Cette coopération commence à piétiner en 2009. Une mission d’expertise a été financée par le Conseil général du Finistère. Cette mission technique consistait à appuyer le comité ROM Diego qui était chargé du ramassage des ordures ménagères selon une convention avec la Commune urbaine. Ce comité a bénéficié d’une subvention de 13 000 euros, versée en quatre tranches du Conseil général du Finistère avec la Coopération française. Le comité ROM avait 90 clients à place Kabary et dans le quartier Avenir auprès desquels un tricycle récupérait les ordures ménagères. Sur la fiche de présentation de présentation « Action extérieure des collectivités territoriales » de l’Ambassade de France sur le Conseil général du Finistère/Région DIANA, nous pouvons lire « les autorités communales ont décidé de reprendre à leur charge le ramassage des ordures ménagères et de l’étendre à l’ensemble de la ville… Volet en sommeil depuis 2011  ». Le système a donc été abandonné. Il en est de même pour l’enfouissement des ordures. Des casiers pour enfouir les déchets ont été creusés près de la décharge communale, route d’Anamakia. Le volume total des casiers était de 100 000m3. Pendant deux ans, les déchets y étaient introduits puis ce système d’enfouissement a été abandonné car selon les explications de Randrianilaza Marcellin qui était alors adjoint au maire chargé des infrastructures, de l'urbanisme, de l'habitat et de l'environnement urbain « la Commune ne disposait pas du matériel adéquat (un tracto-pelle par exemple) pour pousser les déchets à l’intérieur des casiers ».
Le deuxième projet concerne un échange qui était convenu entre la Commune urbaine d’Antsiranana et le Grand Hôtel. Il s’agissait d’échanger un terrain de 65 ha à Antanamitarana appartenant à la Commune contre un autre de 110 ha sur la route d’Anamakia dont le Grand Hôtel est le propriétaire. En 2011, la convention est bloquée car « le terrain est squatté et fait l’objet d’un litige foncier» comme on nous l’explique à la mairie de Diego Suarez. Même si la procédure suit son cours et que la Commune ne veut pas abandonner cette idée d’échange. Du côté du Grand Hôtel, le sujet n’est plus d’actualité. « Sur ce terrain sur la route d’Anamakia, une zone de triage, de traitement et de transformation aurait pu y être installée » regrette l’ancien adjoint au maire.

■ V.M