Avec le retours des pluies, les soirées des quartiers sont pleines du chant des grenouilles. La soudaineté et la rapidité avec laquelle démarre ce joyeux tintamarre dès que le sol est mouillé pose la question : mais où étaient elle passées ? Enquête à la découverte de cet animal si bruyant
Les grenouilles passent la saison sèche terrées dans les endroits humides dont les racines enchevêtrées et les berges. Elles ne sortent que lorsque les conditions externes sont favorables. C’est en saison chaude et pluvieuse qu’a lieu la reproduction.
Hoplobatrachus tigerinus
Hoplobatrachus tigerinus est une espèce d'amphibiens de la famille des Dicroglossidae.
Cette espèce se rencontre dans l'Est de l'Afghanistan, dans l'Est du Pakistan, en Inde, au Bhoutan, au Népal, au Bangladesh et dans l'Ouest de la Birmanie. Elle a été introduite à Madagascar et aux Maldives. Hoplobatrachus tigerinus mesure jusqu'à 170 mm3. Son dos varie du vert olive au gris avec des taches sombres. La ligne longitudinale, jaune clair, est rarement absente. Ses membres présentent des rayures sombres parfois discontinues ; ses cuisses sont marbrées de noir et jaune et parcourue par une fine ligne jaune sur la face externe ainsi qu'une autre sur la face interne du mollet. Son ventre est blanc avec parfois une légère pigmentation au niveau de la gorge. Le mâle est jaune durant la période de reproduction et présente une paire de sacs vocaux.
Les grenouilles se reconnaissent par leurs couleurs, leurs longues pattes (contrairement aux crapauds qui les ont plus courtes), la peau humide, les yeux qui ressortent et le son qu’émet les mâles. Les grenouilles de l’ordre anura (sans queue) sont les seules amphibiens de la Grande île. La grenouille que capture les chasseurs de Diego Suarez est Hoplobatrachus tigerinus. Une espèce importée d’Asie pour la consommation et pour l’exploitation commerciale. Elle se rencontre surtout en Inde, au Bhoutan, au Népal… Cette espèce solitaire et nocturne se trouve dans le nord ouest, l’extrême nord de Madagascar et à Nosy Be. Dans la liste rouge de l’IUCN, International Union for Conservation of Nature, l’espèce est dans la catégorie « moins préoccupante ». Il s’avère néanmoins qu’il y a baisse de la population à cause de la perte d’habitat (développement des infrastructures) et la pollution de l’eau. En Inde, des textes législatifs ont été adoptés pour la protection de Hoplobatrachus tigerinus. A Madagascar, l’espèce est en pleine expansion. Le menace qui pèsera sur cette espèce, comme l’admet les chasseurs d’Antsiranana, serait la surexploitation pour le commerce. Le rôle que joue les prédateurs dans le cycle alimentaire n’est pas conséquent, il s’agit entre autres des serpents, oiseaux, poissons… Laliostoma labrosum, une espèce que l’on retrouve à la montagne des Français est endémique à Madagascar.
Grand saut de la grenouille
Les grenouilles ont de pattes longues, musclées et puissantes qu’elles gardent en forme de Z lorsqu’elles sont immobiles. Elles ont également des pattes de devant moins courtes, mais qui les aident à garder l’équilibre. Après chaque saut, la grenouille atterrit sur ces pattes avant. Sa faculté au grand saut s’explique également par son corps court et ses orteils palmés. D’après les chercheurs, les grenouilles qui restent au sol ont des pattes arrière plus musclées que celles qui évoluent près de l’eau ou celles dans les arbres.
Alimentation et respiration
Les grenouilles sont des êtres vivants semi-aquatiques. Elles emmagasinent la chaleur nécessaire à l’organisme en s’exposant au soleil et ont besoin d’eau pour garder la peau humide. L’humidité permet en effet au gaz et aux liquides de passer. Comme les reptiles (serpents par exemple), la température corporelle de la grenouille suit celle de l’environnement, ce qui réduit le besoin en terme de nourriture. Les amphibiens mangent moins que les autres animaux de même taille. Les grenouilles adultes pondent leurs œufs dans l’eau. Les larves sont entièrement aquatiques et se nourrissent d’autres larves et animaux morts. Les poumons se développement vers un mois, après l’éclosion. L’évolution et la métamorphose dans l’eau varient d’une espèce à une autre, mais en général les grenouilles quittent l’eau à trois mois.
Un plan de conservation des amphibiens à l’étude
Le plan A Conservation Strategy for the Amphibians of Madagascar 2 (ACSAM2) est attendu cette année. Un congrès international discutait de son contenu au mois de novembre 2014 à Ranomafana Ifanadiana. Une soixantaine d’experts internationaux et nationaux ont discuté de ce plan et du renforcement de la collaboration.
Premier constat : la protection est à renforcer. 99,8% des amphibiens recensés sont endémiques de Madagascar. La Grande île compte maintenant 500 espèces. Dix sept espèces sont menacées d’extinction. Le plan ACSAM1 a été mis en œuvre depuis 2008, mais les objectifs ne sont pas totalement atteints. L’annexe du décret 2006-400 portant classement de la faune sauvage classe 25 espèces protégées d’amphibiens dans la catégorie 1.1, c’est-à-dire que la chasse, la capture, la détention, la consommation et la commercialisation des espèces de la classe. 37 espèces sont protégées selon la catégorisation 1.2 (les espèces peuvent être chassées ou capturées sous réserve de l’obtention d’une autorisation et dans le respect de quotas de collecte pour chaque espèce), 46 sont dans la classe gibier et 124 espèces ne sont pas catégorisées.
Les 1134 espèces des classes des Mammifères, des Oiseaux, des Reptiles et des Amphibiens dans les catégories de protection des espèces de la faune sauvage dans la législation sur la chasse malgache (annexe du décret 2006-400)
Classes | Espèces | protégées | Nuisibles | Gibier | Non catégorisées |
Cat. 1.1 | Cat. 1.2 | Cat. 2.0 | Cat. 3.0 | ||
Amphibia | 25 | 37 | 0 | 46 | 124 |
Aves | 62 | 66 | 2 | 127 | 37 |
Mammalia | 107 | 13 | 5 | 5 | 111 |
Reptilia | 26 | 114 | 0 | 19 | 208 |
Totaux | 220 | 230 | 7 | 197 | 480 |
Source : Madagascar Conservation & Development. Lois et règlements sur la faune sauvage à Madagascar : Progrès accomplis et besoins du futur. Andrinajoro R. Rakotoarivelo , Julie H. Razafimanahaka , Sahondra Rabesihanaka, Julia P. G. Jones, Richard K. B. Jenkins. Juin 2011
■ V.M