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Catégorie : Société
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Bruno Andrianaivo coordonnier et son épouse Alexandrine Marivavy couturière se partagent un petit atelier en bord de la route vers Ambilobe
Bruno Andrianaivo coordonnier et son épouse Alexandrine Marivavy couturière se partagent un petit atelier en bord de la route vers Ambilobe

Bruno Andrianaivo et son épouse Alexandrine Marivavy se partagent un petit atelier en bord de la route vers Ambilobe, en face du gymnase Soafeno. Il répare les chaussures, elle fait de la retouche et confectionne des vêtements

Le couple s’est rencontré à Farafangana alors qu’ils apprenaient la couture au sein d’une institution religieuse. Ils s’épaulent dans leurs activités. Pour Alexandrine, ce sont surtout les parents qui ont recours à ses services pour la confection des uniformes scolaires. Elle achète aussi des vêtements à la friperie, fait de la retouche et les revend en faisant ainsi du bénéfice.
Bruno, 40 ans, quant à lui est cordonnier. Il est doué pour les travaux manuels. Il le sait et l’exploite. A cause d’une grave maladie qui lui a fait perdre l’usage de ses pieds, Bruno quitte l’école après trois années d’instruction primaire et apprend les ouvrages manuels. D’Antsiranana où il est né jusqu’à Farafangana où il a été formé à la couture et la broderie, Bruno a développé son savoir-faire parfois rien qu’en regardant les autres travailler. Avant de réparer les chaussures, Bruno dépannait les radios. « Je n’ai pas pris de cours, j’ai compris comment ça fonctionne juste par observation. Je suis la logique ». De retour à Antsiranana en 2008, sur demande de sa mère, il poursuit ses activités dans la réparation des radios, mais le temps passe et il se rend compte qu’il faut trouver un autre moyen de gagner sa vie car « les gens qui peuvent réparer les radio sont nombreux, la concurrence est rude » dit-il. C’est ainsi que Bruno s’oriente vers la réparation des chaussures. Force est d’admettre que la mauvaise qualité des sandales et chaussures de bon marché arrange bien les cordonniers. « Il y a des clients qui achètent des chaussures et qui me les emmènent pour que je les renforce avant de les mettre » raconte-t-il. D’après Bruno, les chaussures pour femme (sandales, ballerines et à talon) sont plus faciles à raccommoder. La réparation coûte en moyenne 3 000 ariary. « Les chaussures pour homme demandent plus de force et du temps parce que la semelle est généralement plus épaisse. Parfois il faut la remplacer, c’est le plus difficile » explique-t-il. A ce stade, la réparation coûte dans les 5 000 ariary. Le plus souvent soit la semelle décolle soit elle se brise. Pour le raccommodage des chaussures, Bruno n’a que ses mains, une grande aiguille, du fil, de la colle, des clous et un outil pour les enfoncer. Pour le couple, le savoir-faire ne suffit pas pour réussir dans le métier. Leurs clients leur sont fidèles car ils sont à l’écoute. Bruno et Alexandrine présentent leur technique en matière de relation avec la clientèle « nous ne nous contentons pas du fait que le client a besoin de notre service aujourd’hui. Il faut penser à comment faire pour qu’il revienne chaque fois qu’il a besoin de réparer ses chaussures ou quand il a besoin de vêtement. Cela implique un bon accueil, le respect de ce qu’il demande, donc il faut l’écouter, même lorsqu’il n’est pas content. Il faut rester aimable ». Bruno ajoute « même si je n’y arrive pas toujours, je fais mon possible pour respecter la date de livraison ».
Pour éviter les va-et-vient, Bruno et Alexandrine ont choisi de vivre dans leur atelier avec leurs quatre enfants, le plus jeune est âgé de six ans. Le premier plan de la case en tôle est destiné à leurs activités, derrière eux se trouve la chambre à coucher. Malgré le handicap de Bruno, les époux n’attendent pas l’aide des autres pour avancer. « La dernière fois qu’on s’est fait aidé c’était en 2012 » se rappelle Bruno, en tant que membre de l’association Association pour le Mieux-être et l’Insertion Sociale des personnes handicapées, AMIS, une chaise roulante lui a été offerte.

■ V.M